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Abcdrduson Sur ton premier album, dans le morceau Post Scriptum’, tu cites dĂ©jĂ  le titre de ton second disque Le mĂŽme qui voulut ĂȘtre roi. Quand est vraiment nĂ© ce second disque dans ta tĂȘte ? Ahmad Peu de temps avant sa sortie. Je n’anticipe jamais trop, je ne me dis pas des mois Ă  l’avance je vais faire un album , avant tout pour des raisons financiĂšres. Si j’ai l’opportunitĂ© d’enregistrer, j’y vais. C’est d’ailleurs pour ça que je fais des albums courts. Si ils font 10 titres, c’est que j’ai enregistrĂ© 10 titres. Je n’en jette pas, ou alors c’est que je ne les ais pas terminĂ©s. AprĂšs, les titres se prĂ©parent sur une longue pĂ©riode, en l’occurrence un an et demi deux ans. Mais le fait de les mettre ensemble, d’en faire un disque, ça vient assez tard, quand la possibilitĂ© d’enregistrer se prĂ©sente en fait, avec si possible des supports financiers
 Pour en revenir au titre du disque, Le mĂŽme qui voulut ĂȘtre roi, je crois que c’est le titre du premier morceau que j’ai enregistrĂ© il y a de ça 10 piges. C’est par rapport au film L’homme qui voulut ĂȘtre roi et aussi au livre de Kipling. Le jeu de mot m’a fait kiffer. Et encore maintenant mĂȘme si j’ai dĂ©sormais 30 piges. Ca me parlait vraiment. Le mĂŽme, le cĂŽtĂ© roi, le truc faussement Ă©gotrip et faussement humble. A Ça te suit depuis que tu as commencĂ© Ă  rapper en fait ? Ah Oui, c’est vraiment le concept du truc. A Que ce soit dans les phases mais surtout musicalement, ton premier disque, Le sens de la formule, semble plus personnel, plus Ă©gocentrĂ©, mais aussi plus pressĂ©, plus dans la bousculade. Le second semble mettre en avant une vision plus reculĂ©e et un flow comme un tissu instrumental plus posĂ©s. Que s’est-il passĂ© entre ces deux albums ? Ah Le sens de la formule a Ă©tĂ© enregistrĂ© en 10 jours et Ă©crit super vite. C’était Ă  l’époque oĂč les sons Ă©taient sur bĂ©cane, MPC etc. Donc c’est super long Ă  dĂ©charger en studio. Et comme tu paies ta session de studio la journĂ©e
 C’est toujours une histoire de sous. C’est du rendement, tu cherches Ă  rentrer le maximum de morceaux sur une session. Je ne droppais quasiment pas, on privilĂ©giait les scratches aux refrains, on ne retouchait pas les sons avant le mixage
 Et dans le flow, eh bien
 j’étais jeunot, super inspirĂ© par des trucs braillards, des trucs Ă  la Big L et des dĂ©lires basĂ©s sur les contretemps. Et pour moi, Ă  ce moment lĂ  et pendant longtemps, c’était mon premier et dernier album. Je n’aurais jamais cru que j’en referais un autre. Et finalement, l’opportunitĂ© s’est prĂ©sentĂ©e et je me suis dit fonce . C’était un peu un challenge. Et pour en revenir au Sens de la formule tu sais quoi ? Une fois l’album terminĂ©, on ne savait pas quoi en faire ! Un petit label nous avait fait confiance pour le faire presser et une fois qu’on a eu les cartons, on a commencĂ© Ă  se poser de nouvelles questions. Comment le placer, le faire connaĂźtre, etc
 Vraiment l’erreur de dĂ©butant ! Il fallait se dĂ©brouiller. Il fallait avoir le talent pour exporter le projet, le faire connaĂźtre. Et c’est vraiment tout un talent ! C’est probablement mĂȘme LE talent qu’il faut avoir. A Dans l’une des rares interviews de toi que j’ai pu trouver sur le net tu Ă©voques l’importance de la forme », les rimes riches, les punchlines. Tu expliques que c’est le cĂŽtĂ© ludique du rap qui fait qu’on a toujours envie de faire diffĂ©remment et mieux que la derniĂšre fois » qui te plait. Comment tu mets en pratique ce principe ? Ah [un peu perdu] Je ne sais pas. Ce qu’il faut savoir, c’est que je n’écris pas de maniĂšre planifiĂ©e ». Je ne me dis pas ah tiens, je vais Ă©crire sur tel thĂšme ou me faire une session Ă©criture ». Écrire en studio par exemple, je n’y arrive vraiment pas. En fait, je conçois un peu l’écriture comme on peut concevoir un film. Prends Les affranchis. Bizarrement, il y a un cĂŽtĂ© ludique dans ce film, des passages super marrants entre Joe Pesci et Ray Liotta, avec des scĂšnes qui semblent ne servir Ă  rien ! Mais en fait si. Elles servent Ă  contraster la duretĂ© du film, comme si c’était pour donner plus d’importance au cĂŽtĂ© super horrorcore des scĂšnes qui vont passer ensuite. Ça marche aussi super bien dans une sĂ©rie comme les Soprano. Ça permet de ne pas limiter le film Ă  son cĂŽtĂ© mafieux et ultra violent. Tu as vu Les affranchis ? A Oui. Ah Tu vois quand ils vont voir la mĂšre de Joe Pesci ? Eh bien, cette scĂšne, elle ne sert presque Ă  rien ; elle est presque inutile dans le film. Mais en sachant ce qui s’est passĂ© et va se passer, c’est encore plus terrible. SĂ»rement parce qu’elle rend les personnages bien plus humains. A C’est une valeur ajoutĂ©e tu veux dire ? Ah C’est plus que ça. C’est la trame ! C’est l’essentiel. Tous ces moments de vie sont plus importants que le cĂŽtĂ© surfait, super violent. Eh bien dans le rap je trouve que c’est pareil. Il y a la punchline, il faut frapper, et puis parallĂšlement il faut amener un cĂŽtĂ© ludique. Parfois on me dit que ça fait distant, mais j’aime bien justement ce cĂŽtĂ© punchline avec la distance de l’approche ludique. Finalement, quand j’entends des choses faites de cette maniĂšre, elles me parlent beaucoup plus. Rien que l’idĂ©e de dĂ©tourner des proverbes, des trucs comme ça c’est super efficace. Finalement, l’écriture ça devient parfois plus un travail d’humoriste que de rappeurs. Mais on est des clowns de toute maniĂšre ! A Comment ça on est des clowns » ? Ah Non mais pas Ă  la Doc GynĂ©co hein ! On est clowns, dans le sens du divertissement. L’entertainement comme disent les amĂ©ricains ! Le rap est conçu pour ça. Il y a un cĂŽtĂ© revendicatif, OK, mais il faut que ce soit divertissant ! A Tu ne crois pas au rap qui veut changer les choses
 Ah Non. A 
 qui se veut rĂ©volutionnaire
 Ah Non A Qui prĂ©tend vouloir ramener les gens dans le droit chemin ? Ah Pff ! Pas du tout ! Non. J’y croyais peut-ĂȘtre plus jeune, mais pas Ă  30 piges. Si je veux apprendre des choses, ce n’est pas en Ă©coutant du rap. Ou alors c’est vraiment que tu vas trĂšs trĂšs mal, que c’est chaud pour toi ! Bon, une nana comme Keny Arkana, je comprends le dĂ©lire. Je prĂ©cise, je ne parle pas de la forme lĂ  hein ! Non, chez elle je vois le truc. Je regarde ma mĂšre qui est supra militante, elle connaĂźt Keny Arkana. Et les gens ils kiffent Keny Arkana pour une image, pour ce qu’elle vĂ©hicule. Ils en oublient le cĂŽtĂ© artiste, le cĂŽtĂ© performance. On excuse plein de choses pour le discours ! Tu vois ce que je veux dire ? A Ouais, en mĂȘme temps, inversement, est-ce qu’on excuse pas plein de choses aussi pour l’entertainement ? Ah Oui peut-ĂȘtre, mais je prĂ©fĂšre. D’ailleurs, on parlait des Svinkels tantĂŽt, et il y a de ça. [NDLR les Svinkels avaient Ă©tĂ© Ă©voquĂ©s avant le dĂ©marrage du dictaphone]. A Ouais enfin, ils rigolent les Svinkels, ils ne rabaissent pas les gens, ne parlent pas de choses qu’ils ne connaissent pas. Ah Ouais mais c’est ça le divertissement. MĂȘme DieudonnĂ© c’est du divertissement. Tant que c’est bien fait ! A Ton flow est garni de backs et onomatopĂ©es. Ils alimentent le cĂŽtĂ© bondissant et interpellant de tes placements. Comment tu gĂšres cela ? C’est spontanĂ© ou pensĂ© dĂšs l’écriture ? Ah En fait, j’enregistre les morceaux et quand je les rĂ©-Ă©coute, je me dis souvent qu’il faut un peu calmer l’effet de distance que peut avoir mon ton. Du coup je cherche Ă  interpeller un peu plus l’oreille en habillant les phases. Mais ça vient de maniĂšre trĂšs spontanĂ©e, ce n’est pas trop calculĂ©. Et gĂ©nĂ©ralement, c’est aussi que je suis content. Tu as enregistrĂ©, tu n’as plus de pression, et tu te fais plaisir. C’est une maniĂšre d’apporter une touche de spontanĂ©itĂ©. A Certains trouvent que tu as une ressemblance avec Nakk, d’autres voient l’ombre des Sages PoĂštes de la Rue en Ă©coutant ton dernier disque. Tu as rappĂ© avec Nakk, participĂ© Ă  une mixtape avec Dany Dan l’inĂ©ditape ». Quel rapport tu entretiens avec ces deux artistes ? Ce sont des influences ? Ah Dany Dan oui. Nakk, non, pas vraiment. Du moins je n’ai pas l’impression mĂȘme si on me l’a souvent dit. En fait je pense qu’on a l’un comme l’autre surtout Ă©tĂ© super marquĂ©s par Ill. Dany Dan m’a par contre vachement influencĂ© dans l’écriture. Avant je ne comprenais pas cette mĂ©canique de donner autant de sens avec si peu de mots. Et c’est en dĂ©cortiquant Dany Dan que j’ai compris ce systĂšme. Dans son dernier album, quand il fait J’ai fait un U-Turn comme l’ex de Madonna , c’est Ă©norme ! Tu as moins de dix mots, tu as une triple mĂ©taphore
 L’imagerie anglo-saxonne, le fantasme amĂ©ricain, le demi tour, le couple Sean Penn et Madonna, c’est du domino !! Et tu comprends direct. Tu n’as pas besoin d’un dictionnaire comme parfois quand tu Ă©coutes un mec comme Akhenaton. C’est une balle, une cible, et PAN ! Pile au milieu ! Booba est Ă©norme Ă  ce niveau lĂ  aussi. Électrique est la chaise » ça claque mille fois plus que la chaise Ă©lectrique . Ces mecs lĂ  savent habiller une putain d’idĂ©e. C’est comme une photo. La maniĂšre de la prendre fait sens. En France on occulte vachement la forme, mĂȘme celle de l’écriture. On veut que le rap soit un clichĂ© pur et dur de la rĂ©alitĂ©. On dirait que l’esthĂ©tisme dans le rap, tout le monde s’en fout. Pourtant, si tu ne kiffes que les messages, tu as plein d’autres choses Ă  Ă©couter que le rap. A C’est marrant, il y a pas mal de gens qui tiennent le discours inverse le rap pour les phases, le reste pour la mĂ©lodie. Ah Ouais, enfin je suis un peu provoc’ lĂ  aussi. Mais j’aime bien qu’il y ait une histoire derriĂšre la musique. Genre le Love Supreme’ de Coltrane, si tu connais l’histoire derriĂšre le morceau, tu l’écoutes diffĂ©remment. Mais si vraiment tu veux du message, il n’y a pas que le rap ! Beaucoup de rappeurs m’ont dit le rap c’est pour le message. Mais si tu t’intĂ©resses au rap, c’est que la forme t’intĂ©resse non ? Attends, il y a plein de trucs en rock qui ont plus de messages que dans le rap. Et mĂȘme en variĂ©tĂ© française ! Zazie a sĂ»rement bien plus de messages que certains MCs. Le rap ce qu’il lui faut, c’est des proverbes modernes, du punch, pas de l’émotion de bas Ă©tage ! » A De Booba au boom bip de Q-Tip, de James Brown Ă  ». Le mĂŽme qui voulut ĂȘtre roi » est justement un disque qui fait la part belle Ă  tes influences. Qu’est ce qui t’a poussĂ© Ă  revendiquer autant d’un point de vue sonore que dans tes paroles toutes ces choses qui artistiquement t’ont nourri ? On dirait que tu cherches plus Ă  te dĂ©voiler via des clins d’oeils que directement
 Ah Oui. Sur Le sens de la formule, j’avais fait Post scriptum’, un morceau sur moi, et
 [il s’arrĂȘte et soupire]. Mouais, je ne suis pas convaincu de l’exercice que reprĂ©sentait ce titre. C’est bien mais je ne vais pas en faire un deuxiĂšme. Je trouvais ça facile en fait. Et je n’aimais pas qu’on me dise ça m’a touchĂ© ». A Tu ne voulais pas qu’on s’approprie ton vĂ©cu ? Ah Non, ce n’est mĂȘme pas ça, sinon je n’aurais pas fait un tel titre. Mais je dĂ©teste tout ce qui est larmoyant. Et plusieurs fois, on m’a dit qu’il y avait un cĂŽtĂ© larmoyant dans ce morceau, ce qui n’est pas faux. OK, tu es obligĂ© de te dĂ©voiler un peu, mais dĂšs que ça devient intimiste les auditeurs s’installent dans un rapport sentimental avec le titre. Et finalement ça devient vite de la dĂ©magogie. De la dĂ©magogie sentimentale en fait. Alors sur Le mĂŽme qui voulut ĂȘtre roi, j’ai voulu en dire autant mais avec plus de recul. Et c’est entre autre pour ça que je me suis appuyĂ© sur les rĂ©fĂ©rences et les clins d’Ɠil. Et dans l’écriture, je trouve ça plus intĂ©ressant. Alors certains peuvent y voir un aspect distant, froid, mais bon
 J’aime pas le cĂŽtĂ© fan Ă  fond, genre les mecs qui sont prĂȘts Ă  se faire tatouer J-Dilla sur le bras. Je n’aime pas non plus trop en montrer. Alors ce que j’aime et ce que je suis, ce qui m’a influencĂ©, je prĂ©fĂšre en faire des clins d’Ɠil. C’est le cas lorsque je dĂ©tourne une phase de Booba. Je prĂ©fĂšre dire le crime paie seulement pour les avocats » que dire comme dirait Booba
 ». Pour ce qui est du Boom Bip de Q-Tip, c’est du pur clin d’Ɠil. Et quand Q-Tip fait cette phrase, il n’y a aucun message, et pourtant ça pĂšte ! C’est le gimmick qui fait que tu retiens ce morceau de A tribe called quest. Tu en oublies tout le reste. Hocus Pocus avec son kick snare » a bien rĂ©ussi ça aussi. VoilĂ  ce que j’appelle ĂȘtre ludique dans l’écriture. Ce n’est pas remplir des mesures comme un mĂ©tronome. Un mec comme MĂ©dine est un peu dans ce travers par exemple tout pour l’écriture. Bon aprĂšs, il faut avouer que le mec sait Ă©crire et a une vraie mĂ©canique. Il s’assoit, il prend son stylo et il a son thĂšme, limite un plan d’écriture. C’est finalement un rap plus tournĂ© vers la narration que la musicalitĂ©. C’est scandĂ© plus que flowtĂ© ». Bref, tout pour le message. Et la musique, c’est l’armĂ©e derriĂšre le porte drapeau. Ces mecs lĂ , quand ils Ă©crivent ils vont au combat. Tu connais Lou Reed ? A Ouais vite fait. Ah J’adore son rapport Ă  l’écriture. Quand Booba dit le rap c’est un puzzle de mots et de pensĂ©es », ça dĂ©crit trĂšs bien Lou Reed. En interview, Lou Reed il te dit qu’avant le rap, il pouvait se permettre son Ă©criture, qu’il Ă©tait super novateur. Walk on the wild side’ est un hit et pourtant ça traite de quoi ? TransexualitĂ©, hĂ©roine, les mecs paumĂ©s Ă  Coney Island
 Mais c’est super bien Ă©crit, avec du recul, et c’est un hit au niveau de l’interprĂ©tation avec son petit gimmick [il chantonne]. Transformer » et Berlin », avec ses deux personnages, ce sont des musts en terme d’écriture, de narration, mais aussi de musique ! A J’en reviens Ă  Post scriptum’, qui est un titre trĂšs personnel, qui a presque quelque chose d’expiatoire. Le mĂŽme qui voulut ĂȘtre roi » cĂŽtoie beaucoup plus la nostalgie et les souvenirs que des tranches de passĂ© dures et drues, tel que Post Scriptum’ pouvait le faire. Comment tu deales avec la pudeur, avec la place qu’occupe ta vie personnelle dans ton rap ? Ah Je ne veux pas tomber dans le pathos. Concernant Post Scriptum’, ce qu’il faut savoir, c’est que je l’ai Ă©crit jeune. Et il s’est retrouvĂ© sur l’album simplement parce qu’il nous restait une demi journĂ©e de studio en rab’, et que je voulais l’exploiter. Alors j’ai ressorti ce texte. Non Grata’ avait un instrumental qui collait, et voilà
 Mais c’est typiquement le genre de morceau que tu Ă©cris quand tu es encore gamin. D’ailleurs il n’est pas super bien rappĂ©. Mais je n’ai pas rĂ©flĂ©chi Ă  l’émotion ni au pathos au moment de l’enregistrement. J’étais dans la rentabilitĂ©. Et effectivement, une fois que j’ai commencĂ© Ă  avoir du feedback, j’ai rĂ©alisĂ© que c’était un peu trop. Et puis naturellement, l’envie de faire ce genre de morceaux m’est passĂ©e avec l’ñge. Ca ne m’intĂ©resse plus. Je trouve ça ringard en fait. Vulgaire. Bon, le 4th December’ de Jay-Z, ça c’est maĂźtrisĂ© ce dĂ©lire. Mais dans l’ensemble, les trucs faussement humbles, Ă  la Soprano
 Non c’est bon quoi
 Faut ĂȘtre jeune pour avoir un ressenti par rapport Ă  des trucs comme ça. Ou alors je suis insensible, je ne sais pas. MĂȘme les clips sur le cĂąble, c’est quasiment tout le temps le truc chialant. Je ne sais pas, on kiffe ça en France le larmoyant ou l’humour champĂȘtre façon Bienvenue chez les chtis
 MĂȘme les fils d’immigrĂ©s on est lĂ  dedans. On critique mais on est lĂ  dedans. Nous les français, on est des gros pichous ! Les Ă©missions tĂ©lĂ© aussi c’est comme ça ! N’empĂȘche que, quand tu sais les Ă©couter, les regarder, les dĂ©crypter, c’est super instructif sur la nature humaine. Je m’éclate sur Confessions Intimes ! C’est dingue la mĂ©canique de ces trucs ! Confessions Intimes et Pascal le grand frĂšre, c’est Ă©norme ! Enfin bref, tout ça pour dire que ce Post Scriptum’, il avait un peu ce cĂŽtĂ© Confessions intimes. Et aujourd’hui, le rap est quand mĂȘme pas mal dans le dĂ©lire concours de cicatrices . Mais le rap ce qu’il lui faut, c’est des proverbes modernes, du punch, pas de l’émotion de bas Ă©tage ! A Petit, confonds pas Ă©meutes et rĂ©volution ». Tu peux dĂ©velopper un peu cette phrase. La rage a annihilĂ©e la revendication selon toi ? Ah Oui. Les jeunots aujourd’hui, ils sont vachement dans le dĂ©lire vandale quand ils estiment que les choses ne vont pas. Bon j’ai Ă©tĂ© un peu comme ça aussi. AprĂšs j’ai vĂ©cu auprĂšs de parents engagĂ©s, ce qui m’a permis de tempĂ©rer ces vellĂ©itĂ©s. Mon pĂšre Ă©tait marxiste, avait quittĂ© l’Irak pour des raisons politiques, donc j’ai aussi connu le cĂŽtĂ© rĂ©volutionnaire construit, qui vĂ©hicule beaucoup d’idĂ©es. Ce n’était pas nihiliste façon on nique tout . A Tu trouves que nous sommes nihilistes aujourd’hui ? Ah Non ! Nous, en 2008, nous ne sommes pas nihilistes. En fait, en ce moment, ça me rappelle vachement les annĂ©es 80. Je trouve qu’il y a des cycles. Aujourd’hui me rappelle les 80’s, les annĂ©es 90 me rappelait les 70’s. Tu vois l’idĂ©e ? En 90 il y avait un cĂŽtĂ© un peu roots dans l’accoutrement. MĂȘme le rap Ă©tait un peu grunge, Pete Rock avait ses pulls dĂ©chirĂ©s, les sons Ă©taient souvent estampillĂ©s sortis de la cave » etc. Aujourd’hui, c’est du rap disco, tout est brillant belles lunettes, pochettes de ouf. On est dans le clinquant, dans le superficiel. C’est marrant ce paradoxe, on est dans des problĂšmes de fric donc on se plonge dans le fric pour oublier. Le rap suit quand mĂȘme un peu cette route. En 90, il y avait un cotĂ© sombre mais chaleureux en mĂȘme temps, intimiste mais ouvert. Maintenant non. C’est ultra libĂ©ral aujourd’hui, dans le sens je m’expose et si vous voulez me ressembler allez-y ! ». Ce n’est pas j’ai des idĂ©es venez me voir . On est dans la consommation pure et dure, comme dans les annĂ©es 1980, avec sa pĂ©riode top 50 etc. A Ça me ramĂšne aux films mafieux dont on parlait tout Ă  l’heure. L’opposition est facile, mais si tu mets Scarface » en face de L’impasse », effectivement, c’est un peu ça
 Ah Exactement ! T’as L’impasse et t’as Scarface. Tu as ceux qui prĂ©fĂšrent le premier, ceux qui prĂ©fĂšrent le second. L’impasse, mĂȘme si il est dur, je m’y retrouve et je suis rassurĂ©. Alors que quand je matte Scarface, bah
 Je le trouve naze Tony Montana en fait ! Il n’a pas de classe. Il est bourrin. Alors que dans L’impasse, Pacino, putain, il a le style ! L’impasse c’est Richard III, c’est Ă©pique Ă  mort. Scarface non, c’est de l’émeute. L’impasse ça peut ĂȘtre une tentative de rĂ©volution. A On ne sait plus faire la rĂ©volution aujourd’hui selon toi ? Ah Non, c’est impossible. Dans les annĂ©es 80 aussi c’était impossible. Tu ne peux pas. C’est une question matĂ©rielle. Aujourd’hui on peut trop perdre. On est vachement frileux. Est-ce que ça vaut le coup de tout risquer ? Ok, on est un peu malheureux, mais est ce qu’on l’est assez pour risquer tout ce que l’on a ? Surtout que je dis qu’on est malheureux, mais Ă  cĂŽtĂ© des autres continents, c’est de la rigolade. Et quelle rĂ©volution va-t-on faire ? Changer vraiment l’ordre des choses ? Jamais Ă  l’heure actuelle. Et pour en revenir Ă  l’opposition Ă©meutes/rĂ©volution, je ne vois pas non plus ce que ça va changer de tout pĂ©ter. A Je te demande tout ça car avec toutes les rĂ©fĂ©rences que tu fais Ă  Rosa Parks, Ă  Martin Luther King, Ă  l’Amistad, Ă  Zola, etc., on dirait que plus globalement, tu dĂ©plores une perte de vision Ă  long terme, d’éthique, de recul. On le voit justement Ă  ta maniĂšre de manipuler les icĂŽnes, de citer celles d’hier et celles d’aujourd’hui. C’est pour cela que tu dis souvent que parler de paix est vu comme quelque chose d’old school ? Ah En fait, quand je parle de paix, je n’ai pas l’impression d’ĂȘtre dans l’actualitĂ© ni dans le monde d’aujourd’hui. C’est dans l’utopie. A Il n y a plus de place pour l’utopie aujourd’hui ? Ah Si, mais on avance dans les coups durs. On a besoin de guerre avec nous mĂȘme pour avancer. MĂȘme avec le taf, les thunes. Sinon tu n’avances pas. A Mais pourtant tu cites Rosa Parks, Martin Luther King. Ah Bah ouais, mais c’est leur mĂ©canique qui m’impressionne. Ces gens ils plaquent tout, enfin Martin Luther King surtout, et ils font ça pour leurs idĂ©es. Ça m’interpelle. J’aimerais comprendre ce qui se passait dans leurs esprits ? MLK Ă©tait-il ivre de changement, galvanisĂ© ? A Mais en citant ces icĂŽnes, c’est que tu veux ramener les gens vers elles ? Ah Quand je dis une douleur couleur Rosa Parks , l’idĂ©e c’était simplement de mettre en avant le racisme au quotidien. Et Rosa Parks, elle a marquĂ© l’histoire, ça n’empĂȘche que rĂ©cemment, il y a Jena Six qui s’est passĂ©. Alors tu te dis que mĂȘme avec les plus grands combats, il suffit toujours d’une Ă©tincelle. Tu ne peux pas freiner les instincts, pires qu’ils soient. Et mettre en avant ces noms, c’est finalement rappeler des symboles, mĂȘme si ils n’ont pas Ă©tĂ© pleinement efficaces ou utiles. Si Martin Luther King a pu contribuer Ă  changer certaines choses c’est qu’il y avait aussi une conjoncture JFK a ses dĂ©buts, la guerre du Vietnam. Dans une autre conjoncture, il n’aurait probablement pas eu cet impact. Mais on a besoin de symboles. Regarde BĂ©tancourt elle est Ă©rigĂ©e en symbole alors qu’il y en a qui ont pris bien plus cher dans la jungle. Et les symboles, le rap aime ça. C’est aussi pour ça qu’ils sont dans mes chansons. Mais regarde par rapport aux noirs amĂ©ricains Marcus Garvey, personne n’en parle. Et mĂȘme en France, AimĂ© CĂ©saire et la nĂ©gritude, ça n’a pas touchĂ© tant de monde que ça. Ce genre de combat a besoin d’une conjoncture favorable pour avoir un impact, un vĂ©ritable Ă©cho. L’histoire de Martin Luther King est romanesque, le contexte Ă©tait propice, ça a aidĂ© son combat Ă  avoir une certaine portĂ©e. Et quand je demande oĂč est le rĂȘve d’un certain pasteur noir , c’est justement que tu vois que malgrĂ© les luttes, des trucs comme Jena Six se passent encore et que ça n’a que trĂšs peu de retentissement. Qui en parle ? C’est comme si le soufflĂ© Ă©tait retombĂ©. Regarde, lĂ  j’étais Ă  New York en fĂ©vrier, Harlem est en train de se faire racheter par des promoteurs. Ca devient un quartier bobo. Et tu sais quoi ? Ils changent mĂȘme le nom, pour gommer la connotation black d’Harlem. Ils veulent appeler ça Central Park North. Tu n’habiteras plus Ă  Harlem mais Ă  Central Park North. VoilĂ , 40 ans aprĂšs Luther King, on en est encore lĂ  ! Booba il a du vocabulaire. C’est pour ça que ceux qui veulent le pomper se cassent les dents. » A Et lorsque tu dis ils nous collent des Ă©tiquettes on leur fournit la colle », c’est que tu estimes que le rap est en parti responsable de ce phĂ©nomĂšne ? Ah DĂ©jĂ  le problĂšme c’est que tout le monde fait du rap. Et franchement, ça tourne au concours de quĂ©quette. J’ai connu un mec qui rappait depuis trois semaines, et il a pu faire un featuring avec un mec assez cĂŽtĂ©. Je ne suis plus sĂ»r de moi, mais je crois d’ailleurs que c’était Soprano. Et franchement son rap il pue ! Ils n’écoutent pas les gens, on n’écoute pas les s’enferme dans nos trucs. C’est la foire aux cassos’ avec des phrases genre ouais ils croivent que . Donc forcĂ©ment, dĂ©jĂ  qu’on nous met des Ă©tiquettes
 Bref, quand je dis qu’on leur donne la colle, c’est simplement l’image de donner le bĂąton pour se faire battre. C’est le problĂšme du pera. Tout le monde y a accĂšs et forcĂ©ment, parfois ça donne des trucs pas brillants. A Tu veux dire que les rappeurs sont maladroits ? Ah Je pense surtout que c’est les relais type radios ou DJs qui font mal leur boulot. AprĂšs, attention hein, je ne suis pas le roi du rap, je suis pas au dessus de tout. Mais des mecs croient qu’ils ont des choses Ă  dire, qu’ils vont t’apprendre des trucs, te raconter la vie. Je crois qu’il y a aussi un manque d’expĂ©rience. L’État nous baise, OK, mais il y a quoi derriĂšre dans tes paroles ? Faire encore ce son en 2008 c’est chaud ! Alors soit tu le dis bien, avec un concept de fou ou des punchlines efficaces, soit tu ne dis rien. On en revient Ă  l’importance de la forme. C’est bien beau de cracher sur des instrus faites au synthĂ© en ayant juste appris la notion de mesure, mais bon, ça ne suffit pas. AprĂšs si les gens kiffent
 De toute maniĂšre je crois que je suis complĂštement dĂ©passĂ© ! A Toujours dans l’interview donnĂ©e Ă  Urbanmix, tu disais Ă  propos de la scĂšne rap française Il y a peut-ĂȘtre un style qui est plus prĂ©sent. Mais bon ça ne me dĂ©range pas plus que ça. Regarde il y a dix ans, c’était la mĂȘme on avait Alliance Ethnik, le Mia et dans l’obscuritĂ© il y avait la Cliqua. Aujourd’hui, ce serait presque l’inverse, c’est le rap dit ghetto » qui fait la une. Demain ce sera les trucs parodiques, etc. » Il faut en dĂ©duire que tu penses que le rap français est soumis Ă  des cycles ? Ah Ouais. Je ne m’étais pas trompĂ© d’ailleurs sur le rap parodique ! Et si le rap en ce moment, c’est le rap bling-blinguant »  Et de toute façon le rap bling-bling Ă  la française est ringard, il est mal fait. Aux USA, il y a vraiment l’idĂ©e de divertissement, en France on a pris le rap trop au sĂ©rieux. On a cru que c’était la parole des ghettos, les poĂštes de je ne sais quoi. Genre Solaar est le nouveau poĂšte ? Rien du tout ! Il fait deux jeux de mots et une petite ritournelle sur un sample de Lou Donaldson, voilĂ  tout. Point barre. On nous a mĂȘme dit que NTM Ă©taient les nouveaux punks. On nous a prĂ©sentĂ© le pera comme ça, tout a Ă©tĂ© conceptualisĂ©. Mais le rap ce n’est pas ça. A l’origine le rap c’est bouge ton cul . J’ai un pote, pour lui, le rap c’est LA parole. Limite il prie le rap cinq fois par jour. Et dans le pera français, Ă  90% on a tous un balai dans le cul. Les mecs t’en parlent presque comme un exutoire. C’est ouf. A Bah, plein d’artistes s’expriment avec une volontĂ© d’exutoire. Ce n’est pas propre au rap ni mĂȘme Ă  la musique. Regarde la peinture. Ah Ouais, quand c’est bien fait ça ne me choque pas. Et je comprends que des mecs peignent ou mĂȘme tagguent par exutoire. Mais avant tout, tu penses aussi Ă  la forme, surtout si tu fais du rap. A moins que tu ne rappes que pour toi, mais dans ce cas lĂ , tu t’enregistres pour t’écouter dans ta chambre. Bon, le graff, quand tu fais du trash, que tu places ton nom partout, lĂ  OK, je comprends que ce soit un exutoire. Tu veux tout dĂ©foncer, mettre le crew d’en face Ă  l’amende. LĂ  effectivement tu es vraiment dans la bataille et l’exutoire. Mais sinon, quand tu t’exposes Ă  d’autres gens, tu penses forcĂ©ment Ă  la forme non ? L’exutoire qui revient Ă  mettre toutes ses peines sur papier, si tu n’y mets pas la forme, si tu restes barrĂ© dans ton dĂ©lire, ça ne peut ĂȘtre que super chiant ! C’est comme les mecs qui ont une Ă©criture totalement barrĂ©e, presque baroque, ou au contraire super lisse. Ce n’est pas assez cinĂ©matographique ! Dans l’écriture il faut du rythme, du piston, il ne faut pas Ă©crire au kilomĂštre et ne plus savoir Ă  combien de mesures tu en es. Pour moi, le rap rime mal avec exutoire. La musique, le rap, c’est des trucs mathĂ©matiques comme dirait Lou Reed. Il ne suffit pas de savoir Ă©crire, il faut aussi savoir le mettre en forme, en temps. Une punchline a beaucoup plus de gueule si elle est rythmiquement bien placĂ©e. Quand je dis OĂč est passĂ© le rĂȘve d’un certain pasteur noir », j’ose penser que ça a plus de gueule que de reprendre un lieu commun en disant c’est toujours la mĂȘme, le racisme etc. ». Ça marque l’auditeur. C’est comme une putain de scĂšne dans un film. Un film existe aussi, voire surtout par ses scĂšnes cultes. Un texte c’est pareil, c’est fait par des grosses phases. On n’est pas sur Arte ! A Et lĂ  en ce moment, tu estimes que le rap est dans quoi alors. Un cycle ghetto ? Ah Non, on est dans un cycle pleurnichouille. Les histoires d’amour Ă  la con, le faux pathos. C’est du rap AB Productions en ce moment, façon Soprano. Et Ă  cĂŽtĂ© il y a surtout le rap concours de quĂ©quette [il se marre]. C’est fini le dĂ©lire de la performance Ă  la Timebomb. Mais bon, au moins il y a eu un Booba, ultra talentueux, qui a la puissance d’un film d’action super bien fait. Son pera c’est un film. Mais tout le monde veut faire pareil. C’est bien beau de vouloir faire pareil. Mais c’est quand mĂȘme le mec qui a changĂ© le son des annĂ©es 2000. A Gerard Baste nous disait Ă  propos de Booba qu’il Ă©tait passĂ© du poĂšte des grands ensembles au majeur en l’air sur la piste de danse. Ah Exactement. Booba, il a tout pigĂ©. Il est au dessus du renouvellement ou du retournage de veste. Il est au dessus de tout ça. Au dĂ©but, Booba aussi avait un peu un balai dans le cul. Il avait des choses Ă  prouver. Puis il s’est dĂ©complexĂ©. Il est quand mĂȘme passĂ© de dĂ©lires Ă  la Mobb Deep ou Ă  la Helta Skeltah Ă  des trucs Ă  la Lil’ Wayne. Et son grand Ă©cart est super bien fait. Ça ne s’est pas vu. Le supo’, il nous l’a mis en douceur. C’est un vĂ©ritable artiste. Pour moi il est mĂȘme plus hip-hop que des mecs comme 20syl ou Kohndo. Et de loin. Et ce n’est pas que de l’entertainement. Il a des phases de ouf quand mĂȘme. J’en reviens Ă  l’écriture Booba il a du vocabulaire. C’est pour ça que ceux qui veulent le pomper se cassent les dents. Et en plus, il ne fait pas de la surenchĂšre de gros mot. Quand t’entends je fais des dons d’urine pour que la France entiĂšre se dĂ©saltĂšre , ça frappe mille fois plus que je vous pisse Ă  la gueule » . Et il n y a pas un gros mot. Au lieu de dire MC je te tue » , il te dira je contourne les MCs Ă  la craie blanche » . Sa mise en forme est ouf. Et le pire c’est que plein de gens passent Ă  cĂŽtĂ© parce qu’ils retiennent d’abord les petits je t’emmerde » et salope » au milieu. Et en plus il prend des risques, il se lance dans des dĂ©lires sur des rythmiques ternaires pour que ça swingue et tout. Il est encore bien plus douĂ© qu’un 20syl chez qui on sent qu’il y a un cĂŽtĂ© hyper cadrĂ©. Tu sens le mec timide, millimĂ©trĂ© Ă  mort. Booba sur disque, tu sens le mec dĂ©complexĂ©. 20syl c’est plus le cĂŽtĂ© besogneux. Il y a une espĂšce de facilitĂ© qui ressort de Booba qui ne ressort pas des autres, mĂȘme les plus talentueux. Et selon moi c’est plus hip-hop d’ĂȘtre balĂšze et je m’en foutiste que besogneux et millimĂ©trĂ©. Il faut se bouger le cul ! Moi, Le sens de la formule, j’avais Ă©tĂ© l’apporter en mains propres Ă  GĂ©nĂ©rations. » A Sur ton disque, tu fais une part belle Ă  l’enfance, tu y Ă©voques des pĂ©riodes d’insouciances, de bonheur simple, mais en mĂȘme temps, tu sembles aussi dĂ©plorer une perte de naĂŻvetĂ©, d’innocence
 Ah Ouais, je me dis souvent putain c’était cool avant . Merde, quand mes problĂšmes c’était que je n’avais pas rĂ©visĂ© mon contrĂŽle d’histoire, c’était la fĂȘte quand mĂȘme ! Ça j’aimais bien. En plus tu es assistĂ© par tes parents, tu as tes boulettes de prĂȘtes sur la table, c’était cool. Sans ĂȘtre nostalgique ça me manque un peu l’enfance. Et aujourd’hui, tu vois les gosses, ils ont douze ans, ils ont rien Ă  voir avec ce qu’on Ă©tait. C’est de ça que parle le morceau Si j’avais 13 ans’. Comment je serais aujourd’hui en 2008 si j’étais un gamin. Putain, nous avec 10 balles on Ă©tait heureux, on allait se payer un hamburger c’était la fĂȘte. Aujourd’hui, les minots tu leur files 10 euros, pour eux c’est rien. Le rapport Ă  l’argent a vachement changĂ©. Et mĂȘme, ils pigent tout. Genre lĂ  j’ai eu le cĂąble et l’internet, c’est un gosse de 13 ans qui me l’a installĂ© ! Moi j’étais en panique, je n’avais rien compris, j’avais l’impression qu’il fallait un CAP installateur d’Internet . Et les minots, le pire c’est qu’ils ne sont jamais rassasiĂ©s. Et pourtant ils ont tout. Mais bon, nos parents disaient la mĂȘme chose de nous. Bref, les jeunes aujourd’hui, tout est dans l’instantanĂ© pour eux. MĂȘme quand je leur fais Ă©couter mes sons, ils les Ă©coutent deux fois et passent Ă  autre chose, qu’ils aiment ou non. C’est la gĂ©nĂ©ration PolaroĂŻd. MĂȘme mon cousin, j’ai pas le temps de retenir le prĂ©nom de sa copine qu’il en a dĂ©jĂ  une autre. Nous dĂ©jĂ  que c’était Ă©norme quand tu en avais une ! Et en mĂȘme temps, je te dis la vĂ©ritĂ©, je suis jaloux d’eux ! J’ai 30 ans, en plus je viens d’ĂȘtre papa, et je me dis merde je suis dĂ©jĂ  vieux . Tu as quel Ăąge ? A 27. Ah Ouais, c’est pareil. On est les nouveaux vieux mec ! Ceux qui ont Ă©coutĂ© du rap dans les 90s, qui connaissent Large pro’, etc. On commence Ă  ĂȘtre dĂ©passĂ©. On n’accroche pas forcĂ©ment Ă  ce qui se fait maintenant. Et pourtant je suis super bon public. J’écoute des trucs actuels loin de mes souvenirs de jeunesse, et je kiffe ! Mais c’est la vie, chacun son tour. A Il y a deux phrases de ton disque que j’ai envie de rapprocher les extrĂ©mistes au regard laĂŻque » et voilĂ , ce que je peux donner, un j’accuse de Zola et les mĂȘmes excuses que DieudonnĂ© ». Est-ce que je me trompe si j’y vois une critique forte du politiquement correct ? Ah Ouais, le politiquement correct je dĂ©teste ça. Le rap français a un peu ce cĂŽtĂ©-lĂ . Et en fait plus que le cĂŽtĂ© politiquement correct, c’est plutĂŽt le cĂŽtĂ© manichĂ©en qui m’emmerde. Le cĂŽtĂ© pro-palestine, pro-israĂ«l, anti-politique, bref pro-tout ou anti-tout. Et actuellement, le monde est trĂšs manichĂ©en, trĂšs politiquement correct. Je ne sais pas si c’est pour se rassurer
 En fait le point de dĂ©part de tout ça, c’est le communautarisme actuel. C’est plus facile de lier des contacts avec des gens avec qui tu es d’accord, d’avoir des discussions avec des gens avec lesquels tu peux converger directement. Ca correspond aussi au besoin d’instantanĂ©. On manque de nuance, on veut absolument appartenir Ă  un truc. Il y a le coup classique tu critiques le rap ? Alors tu es anti-rap. Et mĂȘme dans le rap, t’as des talibans ! T’as les pro 50 Cent, les pro Jay-Z. Pas mal de monde reste cantonnĂ©. Des gens ont eu besoin de me mettre dans la catĂ©gorie rap jazzy. Mais non, je ne fais pas du rap jazzy et en plus pour moi ça ne veut pas dire grand-chose. Et puis le choix de mes sons n’a rien Ă  voir avec une quelconque volontĂ© de me revendiquer d’un courant. C’était une occasion, une cohĂ©rence, aussi bien par rapport aux sons qu’au matos qu’on utilisait. En plus, le rap jazzy, je trouve qu’en France, cette inspiration des sons soulful et compagnie, c’est quand mĂȘme super mal fait. Encore plus que le dirty south français ! A Notre webzine s’est un temps pas mal intĂ©ressĂ© Ă  DieudonnĂ©. Toi qui le cites dans la phase dont j’ai parlĂ© il y a quelques minutes et qui en mĂȘme temps dis dans 10 ans ma fille votera contre la fille de Le Pen » , quel regard tu portes aujourd’hui sur l’humoriste ? Ah Tu parles du parrainage de sa fille ? A Pas seulement. Ah Franchement, moi c’est un des comiques qui me fait vraiment rire. DĂ©pĂŽt de bilan est Ă©norme. Ça me parle, il tape sur tout le monde. Ça me fait dĂ©lirer mais je ne vais pas plus loin que ça. Finalement c’est encore une fois une histoire de fond et de forme. Et chez DieudonnĂ©, la forme me fait grave rigoler. AprĂšs ses histoires avec Le Pen et tout, je m’en fous. Tant que ça me fait rigoler. A Tu veux dire qu’il soit une ordure ou non, tu t’en fous ? Ah Non, pas Ă  ce point. Puis quand je vois ses spectacles je doute qu’il soit une ordure. Je crois juste qu’il s’est enfermĂ© dans la provoc’. Et si tu rĂ©flĂ©chis bien, DieudonnĂ©, mĂȘme si ils ont voulu le faire oublier, dans dix ans je suis sĂ»r qu’on en parlera encore. Il va vachement marquer l’époque. Et il a du talent. Parmi les humoristes actuels, je pense que c’est celui dont on se souviendra. Quand je vois les spectacles d’Eric et Ramzy, oĂč il n y a pas de message et oĂč la forme est foireuse
C’est super mal fait. C’est pas marrant. C’est mĂȘme in-marrant ». Tu ne trouves pas ? A Je ne sais pas, je ne regarde pas trop ces trucs lĂ , j’en suis restĂ© aux Inconnus. Ah Ah bah tiens, tu vois il y a l’école des Inconnus et l’école des Nuls. Moi je suis de l’école des Inconnus. Les Nuls c’était branchouille, l’humour pipi caca. De toute façon quand tu en arrives Ă  faire des trucs scatos, c’est que tu n’as plus rien d’autres Ă  faire. Alors tu fais caca pour faire rigoler. Les Inconnus ne sont jamais tombĂ©s lĂ -dedans. Les Robins de bois ont eu ce travers aussi on se vomit dessus, on fait caca, etc. Et le pire c’est que les gens aiment ça. Ca marche Ă  mort. MĂȘme les Chtis » c’est un truc de ouf. Ce film c’est le film historique du cinĂ©ma français. Depuis les frĂšres LumiĂšre jusqu’à maintenant, quel est LE film de l’histoire ? Bienvenue chez les Chtis ! 1895 Ă  2008 pour que le chef d’Ɠuvre du cinĂ©ma français soit Bienvenue chez les Chtis. C’est ouf, c’est d’une ironie
 MĂȘme Ă  Montpellier, les pichous ont Ă©tĂ© le voir et ont kiffĂ© ! Il y a eu des bus pour aller voir les Chtis » ! Des bus Ă  Montpellier pour voir les Chtis » !! [il se marre]. Les gens se sont dĂ©placĂ©s en masse pour voir ça ! C’est ouf, on est vraiment dans le divertissement
 de merde ! Et dans le pera il y a ce cĂŽtĂ© la aussi. C’est typiquement du divertissement français champĂȘtre. Mais lĂ  je sens que les trucs intelligentsia reviennent doucement. C’est des petits cycles. Mais je crois que c’est la mise en avant qui dĂ©conne. Les relais choisissent mal. A Bah ce que tu appelles les relais choisissent aussi ce qui leur rapporte le plus. Ah Oui c’est sĂ»r. D’ailleurs il faut arrĂȘter les discours des rappeurs type on nous boycotte etc. ». Faut se bouger le cul, c’est tout. A Mais qu’est ce que tu veux faire quand tu es face Ă  une poignĂ©e de gens qui tiennent tous les mĂ©dias de France et de Navarre ? Ah Il faut se bouger le cul ! Moi, Le sens de la formule, j’avais Ă©tĂ© l’apporter en mains propres Ă  GĂ©nĂ©rations. Les mecs ils retournent le disque, ils ne voient pas de code barre, ils ne l’écoutent mĂȘme pas. Et aprĂšs, Poska me passe sur une de ces Ă©missions sur Skyrock. A ce moment lĂ , je n’arrivais mĂȘme pas Ă  passer sur la radio locale du coin. Eh bien tu sais quoi ? Une fois que je suis passĂ© sur Paris, les radios locales se sont mises Ă  me jouer un peu. C’est le monde Ă  l’envers. Mais c’est comme ça et ça a toujours Ă©tĂ© comme ça. La musique c’est un business depuis le dĂ©part. Beethoven il travaillait Ă  la commande. Alors soit tu fais ton troubadour, soit tu es au courant. Les histoires de boycott, c’est gĂ©nĂ©ralement des conneries. Tout le monde est boycottĂ©. C’est juste une rĂšgle du jeu. Il y a une rĂšgle du jeu dans la musique tu provoques la chance, tu as ton tour, tu arrives Ă  le chopper c’est cool. Tu ne l’as pas, bah tant pis. Et tu es au courant aussi que ce n’est pas qu’une question de talent. Il faut aussi correspondre Ă  une Ă©poque. Booba sait se renouveler. Un mec comme MĂ©nĂ©lik a eu sa grosse chance mais n’a pas su l’entretenir ni se renouveler. Je n’y crois pas Ă  ces histoires de boycott. A Hormis tes rĂ©fĂ©rences Ă  des icĂŽnes comme celles que nous avons Ă©voquĂ©es plus tĂŽt, l’amour revient souvent dans tes disques. Il y occupe une place d’acteur sous la personne de Cupidon. Il est souvent Ă  l’origine de dĂ©sillusion. Cette approche trĂšs personnifiĂ©e, ce second rĂŽle qui survole tout le temps tes morceaux, c’est une maniĂšre de ne pas tomber dans le pathos, dans la miĂšvrerie ? Ah DĂ©jĂ , c’est pour ne pas utiliser les mots Ă  grand thĂšme amour, mort, vie, etc.. Je fais pareil pour la mort. Et puis ça permet d’en faire un personnage rĂ©current dans l’album. Un peu comme dans un film. Ça me fait halluciner les mecs qui parlent de faire du rap pour gagner de l’argent. Moi j’en perds presque de l’argent pour faire du rap ! » A Pour en revenir Ă  l’album et Ă  sa production, Non Grata produit peu sur Le mĂŽme qui voulut ĂȘtre roi. Tu as pris pas mal en charge la production du disque. C’est lui qui t’a formĂ© ? Ah Oui. C’est un ultra perfectionniste. C’est un gros geek du son. Il dissĂšque la musique comme un dingue. Je l’avais rencontrĂ© Ă  la FNAC Ă  l’époque. Chez lui, il a une collection de disques, je n’avais jamais vu ça de ma vie. Puis ses sons, super Ă©piques, ça m’avait parlĂ©. Il m’a ouvert Ă  beaucoup de choses aussi. Il a de vraies notions musicales, une idĂ©e claire du swingue. Il m’a aidĂ©, je peux mĂȘme dire qu’il m’a tout appris comment on se sert d’une machine, comment on structure un instru, comment on dĂ©coupe un sample, les notions de binaires, ternaires etc. MĂȘme dans le flow et l’écriture il m’a aidĂ©. Ça m’a permis de mieux comprendre comment faire un flow technique tout en Ă©tant intelligible. Il m’a aidĂ© Ă  mĂ©langer le cĂŽtĂ© ludique et dĂ©clamĂ©. Et c’est aussi un gros crate-digger. A Et comment produis-tu ? Ah J’avais une MPC et maintenant c’est Ă  l’ordinateur, en mode bidouillage avec Reason, Cubase et Fruity loops. Pro tools en studio. D’ailleurs les mecs Ă  chaque fois me rechangent tous mes kicks car ça ne va pas. [Il se marre] A Et tes samples, tu les choisis comment ? Ah Je ne pense pas qu’à moi quand je les choisis. Bien sĂ»r il faut que ça me plaise mais il faut aussi que je sente un potentiel auprĂšs des gens. J’ai besoin de les faire Ă©couter Ă  d’autres, de savoir jusqu’oĂč ils pourront toucher, tout en restant dans mon Ă©thique. Je m’imagine leur potentiel. Kayne West, j’aime beaucoup son travail en la matiĂšre. Il sait rendre ses sons accessibles. C’est ludique. D’ailleurs, quand je fais du son, j’ai l’impression de jouer Ă  un jeu vidĂ©o. A Il y avait quelques bonnes phases de scratches bien enlevĂ©es sur ton premier disque. Beaucoup moins sur le second. C’est un choix ou une fatalitĂ© ? Ah Il n’y avait pas de DJ tout simplement. Sur Le sens de la formule c’était DJ Meis. LĂ , c’est DJ Shaolin qui fait les rares scratches. Et sur le premier album les refrains ça me saoulait. En gĂ©nĂ©ral, ça me saoule de les faire, je ne les fais pas souvent bien surtout quand je dois les faire en derniĂšre minute comme sur Le sens de la formule. Et j’aime les scratches. Bref, tout ça explique le fait qu’il y ait plus de scratches sur mon premier disque. D’ailleurs je crois que Le sens de la formule » Ă©tait pourtant beaucoup moins ouvert que Le mĂŽme qui voulut ĂȘtre roi. Il y a eu un petit engouement autour de ce dernier album, Ă  notre Ă©chelle bien sĂ»r. Le sens de la formule Ă©tait plus tournĂ© vers des gens pera Ă  mort, New-York, etc. A Vous en avez vendu combien du MĂŽme qui voulut ĂȘtre roi » ? Ah 1 000, c’est-Ă -dire ce qu’on avait pressĂ©. AprĂšs on pourrait presser de nouveaux exemplaires, mais bon je m’en fous un peu. Et plein de mecs te disent qu’ils ont eu ton album, mais ils l’ont en mp3, tu le sais trĂšs bien. Ils ne l’ont jamais achetĂ©. Mais je m’en fous de ça. Je ne suis pas dans ce dĂ©lire du support matĂ©riel. J’étais super content quand le CD-R est devenu accessible, et lĂ , je le dis, je me mets Ă  internet pour une simple et bonne raison tĂ©lĂ©charger. A Tu n’y crois pas aux discours ça tue l’industrie du disque », etc. ? Ah [il souffle] Franchement, je m’en pĂšte grave. Il y a plein de belges et de suisses qui n’avaient pas trop accĂšs Ă  l’album dans sa version matĂ©rielle et je leur ai moi-mĂȘme donnĂ© le lien pour le tĂ©lĂ©charger. Tant que je rentre dans mes frais
 Sur Le sens de la formule, on avait perdu des sous, lĂ  on a remboursĂ© les deux projets et fait un peu de bĂ©nĂ©fices. Qui ont servi Ă  se faire plaisir ! A Quel rĂŽle occupe DJ Poska dans ta carriĂšre mais aussi dans la rĂ©alisation de tes disques ? C’est un contact sporadique ou il te conseille, te suit vraiment ? Ah PremiĂšre Classe Ă©tait venu Ă  Montpellier et un de mes potes avait filĂ© Le sens de la formule Ă  DJ Poska. Il m’avait recontactĂ©, on s’est revu Ă  Paris dans son studio, et ce projet autour de ses compils SpĂ©ciale Province s’est organisĂ©. Lui aussi il m’a appris des choses. Il m’a aidĂ© Ă  rendre mon rap plus carrĂ©, plus propre et plus abordable. Ne serait ce que structurer un morceau. Tu Ă©coutes Le sens de la formule, en terme de construction, c’est du n’importe quoi. Il y a 24 mesures de phases par ci, huit de scratches par lĂ . Enfin bref, du coup on a travaillĂ© ensemble sur trois morceaux, dont Class ’96’, et voilĂ . Ensuite il m’a aussi conseillĂ© sur l’album, pour lequel je lui ai demandĂ© des retours. Et c’est con, mais connaĂźtre Poska ça m’a aidĂ© Ă  avoir une petite exposition mĂ©diatique, dans Groove, sur des radios parisiennes. Poska, c’est finalement le seul gars du milieu du rap français que je connaisse un peu. Et il ne s’est pas comportĂ© comme plein de mecs, Ă  peine cĂŽtĂ©s, qui te prennent de haut dĂšs que tu leur demandes un service. Ils rĂ©flĂ©chissent Ă  ce que ça va leur apporter etc. Alors, forcĂ©ment, son comportement, sa mentalitĂ©, ça m’a fait plaisir. Et directement comme indirectement, il m’a aidĂ© Ă  faire circuler mes sons. J’amenais la compil’ SpĂ©ciale Province dans les radios, direct on me regardait sĂ©rieusement voire on me passait. Quelques mois plus tĂŽt, j’avais amenĂ© le mĂȘme son, et tout le monde s’en foutait. Et lĂ  je te parle des radios blacklist avec leurs discours Ă  la con on aide les indĂ©s etc. ». Agora FM Ă  Montpellier m’a fait le coup. C’est con Ă  dire, mais limite Skyrock est plus hip-hop que plein de petites radios qui se prĂ©tendent indĂ©pendantes. Mais en province, les mecs c’est des gros flippĂ©s, ils sont les maĂźtres du royaume et ne veulent pas perdre leur place. Et c’est lĂ  que tu te rends compte du paradoxe du truc. Tu crois qu’il faut d’abord t’imposer au niveau local pour dĂ©barquer sereinement sur Paris. Bah en fait non, c’est l’inverse. Tu montes sur Paris, tu rencontres la bonne personne, tu participes Ă  un projet, et quand tu rentres au bercail, enfin on te prend au sĂ©rieux ! Il faut prendre Paris pour avoir la province. Et le pire, c’est que plein de gens ignorent que je vis Ă  Montpellier ! A Comment Le mĂŽme qui voulut ĂȘtre roi » a-t-il Ă©tĂ© produit ? Classic records, le CĂ©nakle, MosaĂŻk musik distribution, Les indĂ©pendants, tous ses logos sont estampillĂ©s sur ton disque. Qui est qui, qui a fait quoi ? Ah Ils ont tous donnĂ© un peu de thune. Le CĂ©nakle c’est une association, mais pas de ville ou de rĂ©gion. C’est gĂ©rĂ© par Kojito, le graphiste. Classic Records ont payĂ© le pressage. Les IndĂ©pendants ont pressĂ© et ont un site de distribution mais orientĂ© vers les mĂ©diathĂšques, et MosaĂŻk distribution, bah ils ont distribuĂ© le disque. Mais les sĂ©ances studio par exemple, c’est payĂ© de ma poche. Mais je trouve que faire des CDs avec un tout petit budget, c’est mortel. C’est un bon challenge. Et indĂ©pendant de toute maniĂšre ça ne veut plus dire grand chose. A Montpellier n’a jamais Ă©tĂ© trĂšs bien reprĂ©sentĂ©e sur la carte du rap français. A quoi l’attribues-tu ? Et peux-tu nous parler un peu de sa scĂšne rap ? Ah Montpellier est frileuse, pas dans le sens artistique, mais dans le sens que chacun protĂšge son territoire, n’ose pas prendre de risques. En plus ils se bouffent entre eux. C’est confinĂ© et personne n’ose aller au-delĂ . Montpellier c’est une ville super fainĂ©ante de toute maniĂšre. Mais c’est aussi pour ça que j’aime bien. Mais quand je vais au studio Ă  Lunel, les mecs oublient mĂȘme que tu as rendez-vous ! Tu prends rencard Ă  21heures, tu commences Ă  23 heures. L’apĂ©ro, le pastis, la petite bouffe ! Ils ne se prennent jamais en main les gars. C’est l’heure espagnole ! Il y a cette culture Ă  Montpellier. Mais je te dis ça, ça a aussi plein de bons cĂŽtĂ©s ! Il y a trĂšs peu de crises cardiaques Ă  Montpellier [il rit]. Puis c’est Laid Back Ă  mort. Moi je suis passĂ© de Caen Ă  Montpellier, Ă  l’origine juste pour les Ă©tudes. Quand j’y suis arrivĂ©, je suis devenu dingue ! Et je ne suis jamais reparti ! J’y croyais pas les meufs, la glande, le soleil ! C’est limite je ne voulais pas en parler pour protĂ©ger le plan ! Tu te dis que ce n’est pas possible, qu’il y a un truc qui va tomber sur la ville, que ce mode de vie est surrĂ©aliste ! Je devenais dingue. Les gens communiquent, glandent au soleil, tu bois pour deux sous, quand tu es Ă©tudiant c’est mortel. Par contre, une fois que tu n’es plus Ă©tudiant, tu pleures. C’est la premiĂšre ville du RMI aprĂšs les Dom-Tom. Scarface aurait dĂ» naĂźtre Ă©tudiant Ă  Montpellier ! Il aurait Ă©tĂ© heureux ! A Si le rap c’est ton rĂȘve, c’est que tu dors beaucoup ». Que faut-il en conclure ? Que tu limites tes ambitions, que le rap est et restera pour toi une activitĂ© parallĂšle ? Ah Ouais non, c’est que le rap ce n’est pas lucratif. Ça me fait halluciner les mecs qui parlent de faire du rap pour gagner de l’argent. Moi j’en perds presque de l’argent pour faire du rap ! Le rap c’est un loisir, c’est un kif. C’est comme quand tu vas peindre, faire des bombes, ce n’est pas pour gagner de l’argent. AprĂšs, je ne suis pas naĂŻf, je sais qu’il y a de l’argent, qu’il faut payer les studios et ĂȘtre diffusĂ©. Et moi-mĂȘme, je fais aussi du rap pour ĂȘtre diffusĂ©, pour avoir du feedback. Mais ça c’est propre aux artistes. Tu as un minimum d’égo quand tu es artiste, ne serait ce que pour exposer ta tronche. Mais rĂȘver du rap, c’est clair, c’est dormir beaucoup. Surtout quand tu es MC. Pour les beatmakers c’est encore diffĂ©rent. Mais attends, le rap, il faut dĂ©jĂ  rentrer dans ses frais. Mon prochain disque, je ne sais mĂȘme pas si je le ferais presser. Peut-ĂȘtre que j’en arriverais Ă  trouver une solution alternative. En fait, je me demande si je ne vais pas prĂ©fĂ©rer mettre mes sous sur l’image, les clips, parce que j’aime ça. DĂ©dicace Ă  Anthony Gandais et son talent en passant. L’objet CD ça ne parle plus Ă  grand monde hormis Ă  une nouvelle gĂ©nĂ©ration de puristes les puristes du CD ! Mais moi je ne connais personne qui achĂšte encore beaucoup de CDs.
DuTaf & Du Kif; À propos; Mon compte; SĂ©lectionner une page . OUVRIR SA VOIX. C’est comprendre son instrument vocal pour faire un geste vocal sein et appropriĂ© Ă  votre esthĂ©tique musicale. Que vous soyez Soul,R&B, Rap, Pop, Folk Rock, MĂ©tal ou Reggae, la technique vocale vous apportera un savoir faire qui vous permettra de mettre vos Ă©motions au service de votre
Etdans le danger, il y a les formes qu'on voudrait changer mais tant qu'j'fais v'lĂ  l'effort Sans que j'm'arrĂȘte, forcĂ©ment, ça m'paraĂźt sport mais faisable Le tout doit se faire en Ă©vitant le plus de menaces Et quand j'y pense, c'est sĂ»r, ça y est, c'est la toute premiĂšre fois (ouais, ça y est, putain) J'fais du blĂ© (j'fais du blĂ©) et que j'fais c'que j'aime (j'fais c'que j'aime
F3Hs3.
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  • c est du taf mais c est du kiff