Les crimes de l'amour PrĂ©cĂ©dĂ© d'un avant-propos, suivi des idĂ©es sur les romans, de l'auteur des crimes de l'amour Ă Villeterque, d'une notice bio-bibliographique du marquis de Sade l'homme et ses Ă©crits et du discours prononcĂ© par le marquis de SadeDĂ©couvrezle poĂšme "A George Sand (V)" Ă©crit par Alfred de MUSSET. Ce poĂšte de France est nĂ© en 1810, mort en 1857. "A George Sand (V)" de de MUSSET est un poĂšme classique faisant partie du recueil PoĂ©sies posthumes. Vous avez besoin de ce poĂšme pour vos cours ou alors pour votre propre plaisir ? Alors dĂ©couvrez-le sur cette page. Le PREMIĂRE SĂRIEParis â 1833 LETTRE N° 1.[1] Madame, je prends la libertĂ© de vous envoyer quelques vers que je viens dâĂ©crire en relisant un chapitre dâIndiana, celui oĂč Noun reçoit Raymond dans la chambre de sa maitresse. Leur peu de valeur mâaurait fait hĂ©siter Ă les mettre sous vos yeux, sâils nâĂ©taient pour moi une occasion de vous exprimer le sentiment dâadmiration sincĂšre et profonde qui les a inspirĂ©s. AgrĂ©ez, madame, lâassurance de mon respect. Alf. de Musset. COMPLĂMENT DE LA LETTRE N°1 Sand, quand tu lâĂ©crivais, oĂč donc lâavais-tu vue Cette scĂšne terrible oĂč Noun Ă demi nue Sur le lit dâIndiana sâenivre avec Raymond ? Qui donc te la dictait, cette page brĂ»lante OĂč lâamour cherche en vain dâune main palpitante Le fantĂŽme adorĂ© de son illusion ? En as-tu dans le cĆur la triste expĂ©rience ? Ce quâĂ©prouve Raymond, te le rappellais-tu ? Et tous ces sentiments dâune vague souffrance, Ces plaisirs sans bonheur, si pleins dâun vide immense, As-tu rĂȘvĂ© cela, George, ou lâas-tu connu ? Nâest-ce pas le RĂ©el dans toute sa tristesse Que cette pauvre Noun, les yeux baignĂ©s de pleurs, Versant Ă son ami le vin de sa maĂźtresse, Croyant que le bonheur câest une nuit dâivresse Et que la voluptĂ©, câest le parfum des fleurs ? Et cet ĂȘtre divin, cette femme angĂ©lique Que dans lâair embaumĂ© Raymond voit voltiger, Cette frĂȘle Indiana dont la forme magique Erre sur les miroirs comme un spectre lĂ©ger, Ă George ! nâest-ce pas la pĂąle fiancĂ©e Dont lâAnge du dĂ©sir est lâimmortel amant ? Nâest-ce pas lâIdĂ©al, cette amour insensĂ©e Qui sur tous les amours plane Ă©ternellement ? Ah, malheur Ă celui qui lui livre son Ăąme ! Qui couvre de baisers sur le corps dâune femme Le fantĂŽme dâune autre, et qui, sur la beautĂ©. Veut boire lâidĂ©al dans la rĂ©alitĂ© ! Malheur Ă lâimprudent qui, lorsque Noun lâembrasse Peut penser autre chose en entrant dans son lit, Sinon que Noun est belle et que le Temps qui passe, A comptĂ© sur ses doigts les heures de la nuit ! Demain viendra le jour, demain, dĂ©sabusĂ©e, Noun, la fidĂšle Noun, par sa douleur brisĂ©e, Rejoindra sous les eaux lâombre dâOphĂ©lia. Elle abandonnera celui qui la mĂ©prise ; Et le cĆur orgueilleux qui ne lâa pas comprise Aimera lâautre en vain â nâest-ce pas, LĂ©lia ? 24 juin 1833. LETTRE N° 2. VoilĂ , madame, le fragment que vous dĂ©sirez lire et que je suis assez heureux pour avoir retrouvĂ©, en partie dans mes papiers, en partie dans ma mĂ©moire. Soyez assez bonne pour faire en sorte que votre petit caprice de curiositĂ© ne soit partagĂ© par personne.[2] Votre bien dĂ©vouĂ© serviteur, Alfd de Musset. Mardi. LETTRE N° 3. Votre aimable lettre a fait bien plaisir, madame, Ă une espĂšce dâidiot entortillĂ© dans de la flanelle comme une Ă©pĂ©e de bourgmestre. Il vous remercie bien cordialement de votre souvenir pour une sottise qui nâen valait pas la peine et dont il est bien fĂąchĂ© de vous avoir rendu tĂ©moin[3]. Que vous ayez le plus tĂŽt possible la fantaisie de perdre une soirĂ©e avec lui, câest ce quâil vous demande surtout. Votre bien dĂ©vouĂ©, Alfd de Mt. LETTRE N° 4. Je suis obligĂ©, madame, de vous faire le plus triste aveu ; je monte la garde mardi prochain ; tout autre jour de la semaine, ou, ce soir mĂȘme, si vous Ă©tiez libre, je suis tout Ă vos ordres et reconnaissant des moments que vous voulez bien me sacrifier. Votre maladie nâa rien de plaisant, quoique vous ayez envie dâen rire. Il serait plus facile de vous couper une jambe que de vous guĂ©rir. Malheureusement on nâa pas encore trouvĂ© de cataplasme Ă poser sur le cĆur. Ne regardez pas trop la lune, je vous en prie, et ne mourez pas avant que nous nâayons exĂ©cutĂ© ce beau projet de voyage dont nous avons parlĂ©. Voyez quel Ă©goĂŻste je suis ; vous dites que vous avez manquĂ© dâaller dans lâautre monde ; je ne sais vraiment pas trop ce que je fais dans celui-ci. Tout Ă vous de cĆur. Alfd de Mt. Lundi. LETTRE N° 5. Jâai reçu LĂ©lia. â Je vous en remercie, et bien que jâeusse rĂ©solu de me conserver cette jouissance pour la nuit, il est probable que jâaurai tout lu avant de retourner au corps de garde. Si aprĂšs avoir raisonnablement trempĂ© vos doigts dans lâencre, vous vous couchez prosaĂŻquement, je souhaite que Dieu vous dĂ©livre de votre mal de tĂȘte. â Si vous avez rĂ©ellement lâidĂ©e dâaller vous percher sur les tours de Notre-Dame[4], vous serez la meilleure femme du monde, si vous me permettez dây aller avec vous. Pourvu que je rentre Ă mon poste le matin, je puis disposer de ma veillĂ©e patriotique. RĂ©pondez-moi un mot, et croyez Ă mon amitiĂ© sincĂšre. Alfd de Mt. LETTRE N° 6. Vous ĂȘtes bien bonne et bien aimable de penser Ă moi ; je mâaperçois que le porteur de votre lettre sâest exaltĂ© sur la route, en sorte que, de peur de mĂ©prise, je prends la prĂ©caution du papier pour vous dire que je suis parfaitement libre, et que je vous remercie de votre aimable invitation. Votre bien dĂ©vouĂ© serr, Alfd de Mt. Sans date. LETTRE N° 7. Ăprouver de la joie Ă la lecture dâune belle chose faite par un autre, est le privilĂšge dâune ancienne amitiĂ©. â Je nâai pas ces droits auprĂšs de vous, madame, il faut cependant que je vous dise que câest lĂ ce qui mâest arrivĂ© en lisant LĂ©lia. â JâĂ©tais, dans ma petite cervelle, trĂšs inquiet de savoir ce que câĂ©tait. Cela ne pouvait pas ĂȘtre mĂ©diocre, mais enfin ça pouvait ĂȘtre bien des choses avant dâĂȘtre ce que cela est. Avec votre caractĂšre, vos idĂ©es, votre nature de talent, si vous eussiez Ă©chouĂ© lĂ , je vous aurais regardĂ©e comme valant le quart de ce que vous valez. Vous savez que malgrĂ© tout votre cher mĂ©pris pour vos livres, que vous regardez comme des espĂšces de contre-partie des mĂ©moires de vos boulangers, etc., vous savez, dis-je, que pour moi, un livre, câest un homme, ou rien. â Je me soucie autant que de la fumĂ©e dâune pipe, de tous les arrangements, combinaisons, drames, quâĂ tĂȘte reposĂ©e, et en travaillant pour votre plaisir, vous pourriez imaginer et combiner. â Il y a dans LĂ©lia des vingtaines de pages qui vont droit au cĆur, franchement, vigoureusement, tout aussi belles que celles de RenĂ© et de Lara. Vous voilĂ George Sand ; autrement vous eussiez Ă©tĂ© madame une telle faisant des livres. VoilĂ un insolent compliment, je ne saurais en faire dâautres. Le public vous les fera. Quant Ă la joie que jâai Ă©prouvĂ©e, en voici la raison. Vous me connaissez assez pour ĂȘtre sĂ»re Ă prĂ©sent que jamais le mot ridicule de â voulez-vous ? ou ne voulez-vous pas ? â ne sortira de mes lĂšvres avec vous. â Il y a la mer Baltique entre vous et moi sous ce rapport. â Vous ne pouvez donner que lâamour moral â et je ne puis le rendre Ă personne en admettant que vous ne commenciez pas tout bonnement par mâenvoyer paĂźtre, si je mâavisais de vous le demander, mais je puis ĂȘtre, si vous mâen jugez digne, â non pas mĂȘme votre ami, â câest encore trop moral pour moi â mais une espĂšce de camarade sans consĂ©quence et, sans droits, par consĂ©quent sans jalousie et sans brouilles, capable de fumer votre tabac, de chiffonner vos peignoirs[5] et dâattraper des rhumes de cerveau en philosophant avec vous sous tous les marronniers de lâEurope moderne. Si, Ă ce titre, quand vous nâavez rien Ă faire, ou envie de faire une bĂȘtise, comme je suis poli ! vous voulez bien de moi pour une heure ou une soirĂ©e, au lieu dâaller ces jours-lĂ chez madame une telle, faisant des livres, jâaurai affaire Ă mon cher monsieur George Sand, qui est dĂ©sormais pour moi un homme de gĂ©nie. Pardonnez-moi de vous le dire en face, je nâai aucune raison pour mentir. Ă vous de cĆur. Alfd de Mt. Mercredi. LETTRE N° 8. Mon cher George, vos beaux yeux noirs que jâai outragĂ©s hier[6] mâont trottĂ© dans la tĂȘte ce matin. Je vous envoie cette Ă©bauche, toute laide quâelle est, par curiositĂ© pour voir si vos amis la reconnaĂźtront, et si vous la reconnaĂźtrez vous-mĂȘme. Good night. I am gloomy to day.[7] Alfd de Musset. LETTRE N° 9[8]. Je crois, mon cher George, que tout le monde est fou ce matin ; vous qui vous couchez Ă quatre heures, vous mâĂ©crivez Ă huit ; moi, qui me couche Ă sept, jâĂ©tais tout grand Ă©veillĂ© au beau milieu de mon lit, quand votre lettre est venue. Mes gens auront pris votre commissionnaire pour un usurier, car on lâa renvoyĂ© sans rĂ©ponse. Comme jâĂ©tais en train de vous lire et dâadmirer la sagesse de votre style, arrive un de mes amis toujours Ă huit heures, lequel ami se lĂšve ordinairement Ă deux heures de lâaprĂšs-midi. Il Ă©tait cramoisi de fureur contre un article des DĂ©bats oĂč lâon sâefforce, ce matin mĂȘme[9], de me faire un tort commercial de quelques douzaines dâexemplaires. En vertu de quoi jâai essuyĂ© mon razoir sic dessus. Jâirai certainement vous voir Ă minuit. Si vous Ă©tiez venue hier soir, je voue aurais remerciĂ© sept fois comme ange consolateur et demi, ce qui fait bien proche de Dieu. Jâai pleurĂ© comme un veau pour faire ma digestion, aprĂšs quoi je suis accouchĂ© par le forceps de cinq vers et une sic hĂ©mistiche, et jâai mangĂ© un fromage Ă la crĂšme qui Ă©tait tout aigre. Que Dieu vous conserve en joie, vous et votre progĂ©niture, jusquâĂ la vingt et uniĂšme gĂ©nĂ©ration. Yours truly Alfd de Mt. LETTRE N° 10. Mon cher George, jâai quelque chose de bĂȘte et de ridicule Ă vous dire. Je vous lâĂ©cris sottement au lieu de vous lâavoir dit, je ne sais pourquoi, en rentrant de cette promenade. Jâen serai dĂ©solĂ©, ce soir. Vous allez me rire au nez, me prendre pour un faiseur de phrases dans tous mes rapports avec vous jusquâici. Vous me mettrez Ă la porte et vous croirez que je mens. Je suis amoureux de vous. Je le suis depuis le premier jour oĂč jâai Ă©tĂ© chez vous. Jâai cru que je mâen guĂ©rirais tout simplement en vous voyant Ă titre dâami. Il y a beaucoup de choses dans votre caractĂšre qui pouvaient mâen guĂ©rir ; jâai lĂąchĂ© de me le persuader tant que jâai pu ; mais je paye trop cher les moments que je passe avec vous. Jâaime mieux vous le dire et jâai bien fait, parce que je souffrirai bien moins pour mâen guĂ©rir Ă prĂ©sent si vous me fermez votre porte. Cette nuit, pendant que[10]⊠jâavais rĂ©solu de vous faire dire que jâĂ©tais Ă la campagne, mais je ne veux pas vous faire de mystĂšres ni avoir lâair de me brouiller sans sujet. Maintenant, George, vous allez dire encore un qui va mâennuyer ! comme vous dites ; si je ne suis pas tout Ă fait le premier venu pour vous, dites-moi, comme vous me lâauriez dit hier en me parlant dâun autre, ce quâil faut que je fasse. Mais je vous en prie, si vous voulez me dire que vous doutez de ce que je vous Ă©cris, ne me rĂ©pondez plutĂŽt pas du tout. Je sais comme vous pensez de moi, et je nâespĂšre rien en vous disant cela. Je ne puis quây perdre une amie et les seules heures agrĂ©ables que jâai passĂ©es depuis un mois. Mais je sais que vous ĂȘtes bonne, que vous avez aimĂ©, et je me confie Ă vous, non pas comme Ă une maĂźtresse, mais comme Ă un camarade franc et loyal. George, je suis un fou de me priver du plaisir de vous voir pendant le peu de temps que vous avez encore Ă passer Ă Paris, avant votre dĂ©part pour lâItalie oĂč nous aurions passĂ© de si belles nuits, si jâavais de la force. Mais la vĂ©ritĂ© est que je souffre et que la force me manque. Alfd Mt. LETTRE N° 11. Sâil y a dans les feuilles que je viens de lire une page oĂč vous ayez pensĂ© Ă moi, et que je lâaie devinĂ©, je vous remercie, George. [11] Je voudrais que vous me connussiez mieux, que vous voyiez quâil nây a dans ma conduite envers vous ni rouerie ni orgueil affectĂ©, et que vous ne me fassiez pas plus grand ni plus petit que je ne suis. Je me suis livrĂ© sans rĂ©flexion au plaisir de vous voir et de vous aimer. â Je vous ai aimĂ©e, non pas chez vous, prĂšs de vous, mais ici, dans cette chambre oĂč me voilĂ seul Ă prĂ©sent. Câest lĂ que je vous ai dit ce que je nâai jamais dit Ă personne. â Vous souvenez-vous que vous mâavez dit un jour que quelquâun vous avait demandĂ© si jâĂ©tais Octave ou CĆlio, et que vous aviez rĂ©pondu tous les deux, je croĂźs. â Ma folie a Ă©tĂ© de ne vous en montrer quâun, George, et quand lâautre a parlĂ©, vous lui avez rĂ©pondu comme Ă [12] Ă qui la faute ? Ă moi. Plaignez ma triste nature qui sâest habituĂ©e Ă vivre dans un cercueil scellĂ©, et haĂŻssez les hommes qui mây ont forcĂ©. VoilĂ un mur de prison, disiez-vous hier, tout viendrait sây briser. Oui George, voilĂ un mur ; vous nâavez oubliĂ© quâune chose, câest quâil y a derriĂšre un prisonnier. VoilĂ mon histoire toute entiĂšre, ma vie passĂ©e, ma vie future. Je serai bien avancĂ©, bien heureux, quand jâaurai barbouillĂ© de mauvaises rimes les murs de mon cachot ! VoilĂ un beau calcul, une belle organisation de rester muet en face de lâĂȘtre qui peut vous comprendre, et de faire de ses souffrances un trĂ©sor sacrĂ© pour le jeter dans toutes les voieries, dans tous les Ă©gouts, Ă six francs lâexemplaire ! Pouah ! Plaignez-moi, ne me mĂ©prisez pas. Puisque je nâai pu parler devant vous, je mourrai muet. Si mon nom est Ă©crit dans un coin de votre cĆur, quelque faible, quelque dĂ©colorĂ©e quâen soit lâempreinte, ne lâeffacez pas. Je puis embrasser une fille galeuse et ivre morte, mais je ne puis embrasser ma mĂšre. Aimez ceux qui savent aimer, je ne sais que souffrir. Il y a des jours oĂč je me tuerais mais je pleure ou jâĂ©clate de rire, non pas aujourdâhui, par exemple. Adieu, George, je vous aime comme un enfant. â La 1re lettre de George Sand Ă Alfred de Musset est datĂ©e de Venise. Aucune de celles quâelle a pu lui Ă©crire prĂ©cĂ©demment ne mâa Ă©tĂ© remise. Aucune nâavait Ă©tĂ© copiĂ©e, ni mĂȘme vue par M. Aucante. George Sand tenait surtout Ă se justifier dâavoir Ă©tĂ© la maitresse de Pagello, alors quâelle aurait encore Ă©tĂ© celle de Musset. Câest pourquoi elle a dĂ» regarder comme Ă©tant sans intĂ©rĂȘt les rĂ©ponses quâelle a pu faire Ă ce dernier dans les dĂ©buts de leur liaison. â CâĂ©tait un fragment inĂ©dit de Rolla. â Il avait eu des crampes dâestomac jusquâĂ sâĂ©vanouir. â CâĂ©tait pour voir un feu dâartifice, probablement celui de la fĂȘte du roi, oĂč elle a Ă©tĂ© en effet sans lui. â Il sâĂ©tait habillĂ© en pierrot et avait mystifiĂ© une personne qui nâĂ©tait pas, comme on lâa racontĂ© et imprimĂ©, Mr de la Rochefoucauld. â Il avait fait la charge de plusieurs personnes, la sienne, celle de G. S., celle de Buloz, etc. Il dessinait remarquablement. â Bonsoir, je sais triste aujourdâhui. â Lâen-tĂȘte de cette lettre est ornĂ© dâun dessin Ă la plume reprĂ©sentant une dame vue de dos et tenant par la main deux enfants qui portent des joujoux. â N° du 28 juillet 1833. â Ces deux derniers mots biffes Ă la plume par G. Sand, et la ligne suivante coupĂ©e aux ciseaux. â Coupure aux ciseaux, faite par A. de M. â Partie du verso enlevĂ©e par la coupure. Alf. de M. semble avoir voulu couper tout ce qui contenait des noms propres. SpĂ©cialistedâAlfred de Musset, Lettre Ă George Sand de juillet 1833, Correspondance dâAlfred de Musset (1827-1839), Ă©d. Roger Pierrot, Marie Cordrocâh et LoĂŻc Chotard, PUF, 1985, p. 69 ; ouvrage dĂ©sormais dĂ©signĂ© par lâabrĂ©via-tion Corr. 2. « La Nuit de dĂ©cembre », PoĂ©sies complĂštes, Ă©d. Frank Lestringant, Le Livre de Poche, 2006, p. 419. Toutes les rĂ©fĂ©rences Ă
Publicationde la correspondance entre George Sand et Alfred de Musset, de 1833 Ă 1835, tĂ©moignant de leur liaison amoureuse. La plupart des lettres sont Ă©changĂ©es durant le sĂ©jour de G. Sand Ă Venise entre mars et aoĂ»t 1834 alors qu'elle a rompu avec Musset. Cette correspondance est principalement occupĂ©e de discours sur l'amour.Table des matiĂšres I VOYAGE EN ITALIE II Ă VENISE III RETOUR D'ITALIE IV VOYAGE DE MUSSET Ă BADE V Ă PARIS VI DEUX LIVRES INDEX BIBLIOGRAPHIQUE - NOTES ET DOCUMENTS INĂDITS - La VĂ©ritable histoire de Elle et Lui» , rĂ©cemment publiĂ©e par M. le vicomte de Spoelberch de Lovenjoul Âč a rouvert de la façon la plus curieuse, entre Alfred de Musset et George Sand, un dĂ©bat qui ne sera pas dĂ©cidĂ©ment clos, ni l'Ă©quitable jugement prononcĂ©, avant la mise au plein jour des lettres Ă©changĂ©es par ces amants illustres. La rĂ©putation du cĂ©lĂšbre chercheur n'est plus Ă faire et nous nous garderons de dire le bien que nous en pensons. Nous ne voulons Ă notre tour que joindre au dossier commun quelques piĂšces authentiques. La vĂ©ritable histoire» de cette liaison, apparemment, ce n'est pas Elle et Lui, ce n'est pas davantage Lui et Elle; - et nous ne disons rien de Lui , qui fut l'eouvre d'une personne Ă©trangĂšre au dĂ©bat et l'exercice de rancunes particuliĂšresâon ne saurait prĂ©parer avec trop de soin le difficile triomphe de la vĂ©ritĂ©. Mais, d'abord, adressons l'hommage de notre plus respectueuse gratitude Ă madame Lardin de Musset, la sĆur du poĂšte elle a mis Ă notre disposition tous les documents qu'elle possĂšde. Il nous faut remercier aussi M. Alexandre Tattet, qui nous a communiquĂ© les lettres adressĂ©es Ă son frĂšre. * * * Alfred de Musset et George Sand se virent, pour la premiĂšre fois, au mois d'avril ou de mai 1833. Ecrivant l'un et l'autre Ă la Revue des Deux Mondes , ils avaient naturellement l'occasion de se rencontrer; des amis communs, Sainte-Beuve surtout, firent le reste. Relations de courtoisie littĂ©raire, d'abord Alfred de Musset envoyait des vers Ă George Sand, AprĂšs la lecture d'Indiana, datĂ©s du 24 juin 1833 ÂČ puis, des fragments de son poĂšme Rolla, qu'il Ă©crivait en ce moment. Peu Ă peu, leur intimitĂ© devient plus grande, et George Sand adresse Ă Musset un exemplaire de Lelia portant ces dĂ©dicaces âTome Iâ Ă monsieur mon gamin d'Alfred, GEORGE.» âTome IIâ Ă monsieur le vicomte Alfred de Musset, hommage respectueux de son dĂ©vouĂ© serviteur, GEORGE SAND.» Dans une piĂšce de vers demeurĂ©e inĂ©dite, Alfred dĂ©crit familiĂšrement les soirĂ©es intimes de son amie George est dans sa chambrette Entre deux pots de fleurs, Fumant sa cigarette, Les yeux baignĂ©s de pleurs. Buloz, assis par terre, Lui fait de doux serments; Solange, par derriĂšre, Gribouille ses romans. PlantĂ© comme une borne, Boucoiran Âł tout crottĂ© Contemple d'une Ćil morne Musset tout dĂ©braillĂ©. Dans le plus grand silence Paul, se versant du thĂ©, Ecoute l'Ă©loquence De Menard tout crottĂ©. Planche, saoul de la veille, Est assis dans un coin Et se cure l'oreille Avec le plus grand soin... DĂ©braillĂ© ou non, Musset dessine sur un album la charge des habituĂ©s de la maison et prend la libertĂ© d'outrager les beaux yeux noirs» en de nombreux croquis Je vous envoie cette Ă©bauche pour voir si vos amis la reconnaĂźtront et si vous la reconnaĂźtrez vous-mĂȘme...» Ă la fin du mois d'aoĂ»t, ils sont amants ⎠Leur vie, durant cette pĂ©riode, est semblable Ă celle des peuples heureux et n'a pas d'histoire. Il suffit, Ă la rigueur, de lire ce qui est publiĂ© de la correspondance de George Sand et de Sainte-Beuve dans le tome 1er des Portraits contemporains , Ă©dition de 1888, et ce que Paul de Musset raconte dans la Biographie de son frĂšre on devine le reste. On nous permettra de ne pas les suivre avant leur voyage en Italie. I VOYAGE EN ITALIE Le 12 dĂ©cembre 1833, dans la soirĂ©e, Paul de Musset conduisit les deux voyageurs jusqu'Ă la malle-poste. Ils s'arrĂȘtĂšrent Ă Lyon,âoĂč ils rencontrĂšrent Stendhal,âĂ Avignon, Marseille â” Genes, et le 28 ils se trouvaient Ă Florence. De cette ville, les dates prĂ©cises nous sont fournies par le passeport d'Alfred de Musset Firenze, 28 Dic. 1833. Visto alla Legazione d'Austria per Venezia. Firenze, 28 Dic. 1833. Visto, buono per Bologna et Venezia. âG. MOLINARI. Visto, buono per Bologna.âDELLACĂ, 29 Dicembre 1833. Bologna, 29 Dic. 1833. Per la continuazione del suo viaggio, via di Ferrara. Francolino, 30 Dic. 1833. Visto sortire. Rovigo, 30 Dic. 1833. Buono per Padova. Vu au Consulat de France Ă Venise. Bon pour sĂ©jour. Venise, le 19 janvier 1834.âLe consul de France SILVESTRE DE SACY. Les divers incidents du voyage, qui du reste n'ont rien de particulier, sont racontĂ©s par George Sand dans son Histoire de ma Vie et par Paul de Musset dans la Biographie de son frĂšre. Ă GĂȘnes, George Sand avait senti les premiĂšres atteintes des fiĂšvres du pays; son Ă©tat ne fit que s'aggraver dans la suite du voyage, elle arriva malade Lavie amoureuse de George Sand sera dĂ©cousue et libre. Elle est mariĂ©e Ă Casimir Dudevant mais son mariage tourne trĂšs vite court. Le 17 juin 1833, elle rencontre Alfred de Musset qui deviendra son amant. Lorsqu'elle est malade George Sand Ă©tait le pseudonyme d'Amantine Aurore Lucile Dupin, Ă©crivain français nĂ©e Ă Paris le 1er juillet 1804 et morte Ă Nohant le 8 juin 1876. Elle s'adonnait Ă tous les genres littĂ©raires depuis les romans et les nouvelles jusqu'aux critiques et aux textes politiques, en passant par les piĂšces de théùtre. ParallĂšlement à ça, George Sand se passionnait pour la peinture et s'impliquait beaucoup dans la vie politique, notamment lors du gouvernement provisoire de 1848. On a longtemps attribuĂ© Ă George Sand la lettre qui suit, destinĂ©e Ă Alfred de Musset autre grand Ă©crivain français. Cependant, il s'est rapidement avĂ©rĂ© qu'il s'agissait d'un canular qui remonte au dernier quart du XIXesiĂšcle Source Les Amis de George Sand. Cela dit, les textes en eux-mĂȘmes n'en restent pas moins de qualitĂ© et mĂ©ritent tout de mĂȘme le coup d'oeil. De Sand Ă Musset Cher ami, Je suis toute Ă©mue de vous dire que j'ai bien compris l'autre jour que vous aviez toujours une envie folle de me faire danser. Je garde le souvenir de votre baiser et je voudrais bien que ce soit une preuve que je puisse ĂȘtre aimĂ©e par vous. Je suis prĂȘte Ă montrer mon affection toute dĂ©sintĂ©ressĂ©e et sans cal- cul, et si vous voulez me voir ainsi vous dĂ©voiler, sans artifice, mon Ăąme toute nue, daignez me faire visite, nous causerons et en amis franchement je vous prouverai que je suis la femme sincĂšre, capable de vous offrir l'affection la plus profonde, comme la plus Ă©troite amitiĂ©, en un mot la meilleure Ă©pouse dont vous puissiez rĂȘver. Puisque votre> Ăąme est libre, pensez que l'abandon ou je vis est bien long, bien dur et souvent bien> insupportable. Mon chagrin est trop gros. Accourrez bien vite et venez me le faire oublier. Ă vous je veux me sou- mettre entiĂšrement. Votre poupĂ©e Vous l'aurez compris, l'astuce consiste Ă lire une ligne sur deux. Notez l'Ă©lĂ©gance manifeste du texte lorsqu'on le lit normalement un canular, oui, mais un canular de qualitĂ© ! De Musset Ă Sand Quand je mets Ă vos pieds un Ă©ternel hommage, Voulez-vous qu'un instant je change de visage ? Vous avez capturĂ© les sentiments d'un coeur Que pour vous adorer forma le crĂ©ateur. Je vous chĂ©ris, amour, et ma plume en dĂ©lire Couche sur le papier ce que je n'ose dire. Avec soin de mes vers lisez les premiers mots, Vous saurez quel remĂšde apporter Ă mes maux. Cette fois encore, texte trĂšs joli en lui-mĂȘme. Pour dĂ©couvrir le message cachĂ©, il faut cette fois lire le premier mot seulement de chaque ligne. Ce procĂ©dĂ© rĂ©pond au nom d'acrostiche. Les vraies lettres Il semblerait que la correspondance entre George Sand et Alfred Musset ait rĂ©ellement comportĂ© des messages cachĂ©s ! Certes moins spectaculaires, ils n'en valent pas moins le dĂ©tour. Voici donc deux de leurs acrostiches. De Musset Ă Sand Quand je jure Ă vos pieds un Ă©ternel hommage Voulez-vous qu'inconscient je change de langage Vous avez su captiver les sentiments d'un coeur Que pour adorer forma le CrĂ©ateur. Je vous aime et ma plume en dĂ©lire. Couche sur le papier ce que je n'ose dire. Avec soin, de mes lignes, lisez les premiers mots Vous saurez quel remĂšde apporter Ă mes maux. De Sand Ă Musset Cette indigne faveur que votre esprit rĂ©clame Nuit Ă mes sentiments et rĂ©pugne Ă mon Ăąme > ConsidĂ©ronsle contexte biographique et littĂ©raire. Alfred de Musset (1810-1857) est un auteur prolixe qui s'est illustrĂ© dans diffĂ©rents genres littĂ©raires : poĂ©sie, théùtre, autobiographie. Il se fait connaĂźtre trĂšs jeune et frĂ©quente les milieux romantiques. Il rencontre George Sand en 1833 et part avec elle en Italie.
Chere élÚve de 4Ú, voici la vidéo de lecture de la lettre de George Sand à Alfred de Musset. Regarde-la puis remplis le formulaire en cliquant sur ce lien. [youtube] Navigation des articles