BERGSONLE CORRIGÉ I - LES TERMES DU SUJET Il s'agit de la fonction ou de l'effet de l'art, au sens des "beaux arts". Il y a donc lĂ  les Ă©lĂ©ments d'une thĂ©orie esthĂ©tique. La thĂšse centrale

RĂ©sumĂ© Le but de cet article est de montrer que l’étude minutieuse du trajet de la notion de bon sens dans la pensĂ©e de Bergson, au croisement de rĂ©flexions sur le normal psychologique, les normes sociales, et l’action morale, rĂ©vĂšle au sein de son Ɠuvre un ensemble de profondes tensions entre la question de la nature de la santĂ© mentale et de celle de l’aptitude morale. Haut de page EntrĂ©es d’index Haut de page Texte intĂ©gral 1 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, MĂ©langes, Paris, PUF, 1972, p. 370. 1La notion de bon sens, mentionnĂ©e explicitement dans la plupart des ouvrages de Bergson, depuis MatiĂšre et MĂ©moire jusqu’aux Deux sources de la morale et de la religion, ne constitue pas Ă  proprement parler un concept central de la pensĂ©e bergsonienne, ne serait-ce qu’en vertu du peu d’importance qui lui est, quantitativement, accordĂ©. Cela dit, aprĂšs l’avoir examinĂ©e pour la premiĂšre fois en dĂ©tail dans le discours de remise des prix du concours gĂ©nĂ©ral prononcĂ© le 30 juillet 1895 et intitulĂ© Le bon sens et les Ă©tudes classiques, Bergson n’aura de cesse de revenir sur la dĂ©finition de cette notion et sur la description de la rĂ©alitĂ© Ă  laquelle elle renvoie. L’étude de cette notion a donnĂ© lieu Ă  des interprĂ©tations trĂšs diffĂ©rentes chez les commentateurs et il semble que cela soit dĂ» Ă  deux facteurs premiĂšrement, cherchant pour la plupart Ă  considĂ©rer la notion de bon sens comme un bloc homogĂšne malgrĂ© certaines contradictions manifestes entre les diffĂ©rents ouvrages, ils n’ont pas assez pris en compte les Ă©volutions et modifications qui ont marquĂ© le trajet de la notion de bon sens dans le corpus bergsonien depuis le discours de 1895. DeuxiĂšmement, il semble que la plupart d’entre eux ait accordĂ© une trop faible importance Ă  la distinction que Bergson opĂšre dans Les deux sources de la morale et de la religion, entre un bon sens ordinaire et un bon sens qu’il dĂ©signe comme bon sens supĂ©rieur ». Ainsi, sans cĂ©der Ă  la tentation de produire une exposition plus systĂ©matique de la doctrine et aussi l’apparence d’une clartĂ© supĂ©rieure »1, nous souhaiterions mettre en avant le fait que l’examen attentif des variations subies par la notion de bon sens permet de mettre en lumiĂšre le trajet de la pensĂ©e de Bergson elle-mĂȘme en ce qui concerne la question de l’action juste et plus largement, du champ de l’activitĂ© morale. 2 Ibid., p. 364. 3 Ibid., p. 360. 4 H. Bergson, L’énergie spirituelle, op. cit., p. 893 Cela, c’est veiller, c’est vivre la vie psy ... 2En effet on peut remarquer, dĂšs le discours de 1895, l’entrecroisement de deux lignes dans la dĂ©finition du bon sens il est posĂ© Ă  la fois comme une santĂ© mentale, comme le bon fonctionnement de l’esprit qui permet son adaptation souple, sa disponibilitĂ© Ă  l’égard d’une rĂ©alitĂ© se renouvelant sans cesse, mais aussi comme un instrument, avant tout, de progrĂšs social »2, mu par ce que Bergson dĂ©signe comme l’esprit de justice ». Cette binaritĂ© est reprise dans la lettre Ă  O. GĂ©rard, prĂ©ambule du discours dans l’édition des MĂ©langes le bon sens est la facultĂ© de raisonner juste, non seulement sur ses propres affaires, mais encore et surtout sur celles du pays »3, le bon sens Ă©tant caractĂ©risĂ© Ă  la fois par la justesse de son adaptation et la justice de son action. Or, il apparaĂźt trĂšs vite que les ouvrages immĂ©diatement ultĂ©rieurs ne reprennent et n’approfondissent que la premiĂšre dimension de cette dĂ©finition, faisant du bon sens une forme originale de santĂ© mentale, pensĂ©e comme effort et comme Ă©quilibre. À partir du Rire puis dans l’Évolution crĂ©atrice, cette caractĂ©risation du bon sens comme vie psychologique normale »4 s’enrichit d’une rĂ©flexion sur la dimension proprement sociale de la rĂ©alitĂ© humaine le bon sens, sens social dĂ©fini comme souple disponibilitĂ© Ă  l’égard de la fluiditĂ© des Ă©changes humains, intĂšgre Ă  prĂ©sent un certain nombre de normes et de paramĂštres sociaux dans son fonctionnement. C’est cette dĂ©pendance du normal psychologique Ă  l’égard des normes sociales que nous envisagerons dans un premier temps. 3C’est seulement dans Les deux sources de la morale et de la religion, sur la base d’une rĂ©flexion sociologique renouvelĂ©e qui distingue Ă  prĂ©sent deux types de sociĂ©tĂ©s c’est-Ă -dire, deux types de rapports entre individus et normes sociales et deux types de justices, que le bon sens retrouve la dimension morale comme facteur de progrĂšs social produisant des actions justes que le discours lui prĂȘtait. Mais ce retour ne se fait qu’au prix de la distinction entre un bon sens supĂ©rieur et un bon sens ordinaire qui permet, certes, de rĂ©soudre les difficultĂ©s posĂ©es par le discours de 1895, en expliquant par le bon sens supĂ©rieur » la possibilitĂ© d’une action crĂ©atrice de normes, mais qui semble cependant remettre en question la dĂ©finition du normal psychologique donnĂ©e prĂ©cĂ©demment, ou qui suggĂšre tout du moins l’existence d’un conflit latent entre la morale et le normal dans la pensĂ©e bergsonienne. Nous examinerons donc en second lieu cette distinction capitale, qui met d’autant plus en jeu le rapport de la dĂ©finition du normal » Ă  la problĂ©matique morale selon laquelle l’individu moral, le mystique, est un individu anormal en au moins deux sens, qui se trouvaient au cƓur du bon sens ordinaire d’une part, en Ă©chappant Ă  l’égoĂŻsme et la loi du talion qui prĂ©valent dans la sociĂ©tĂ© close, il ne s’adapte plus aux normes sociales mais les modifie ; et d’autre part, sa singularitĂ© s’exprime par des manifestations pathologiques, qu’elles soient appelĂ©es dĂ©lire mystique ou perceptions anormales ». 5 Id., MatiĂšre et mĂ©moire, ƒuvres complĂštes, op. cit., p. 294 Entre ces deux extrĂȘmes [l’impulsif ... 6 Il est, dans Le Rire, continuitĂ© mouvante de notre attention Ă  la vie », ƒuvres, op. cit., p. 475 ... 7 Ibid., p. 475. 8 MatiĂšre et MĂ©moire, op. cit., p. 296‑302. 9 MĂ©langes, op. cit., p. 620. 10 Le Rire, op. cit., p. 476. 11 V. JankĂ©lĂ©vitch, Henri Bergson, Paris, PUF, 2008, p. 127‑128. 12 H. Bergson, MĂ©langes, op. cit., p. 620 Tous ne sont pas capables de cette vie de travail, tous ... 13 Dans MatiĂšre et MĂ©moire, Bergson semble encore n’attribuer Ă  l’aliĂ©nation que des causes biologique ... 4 Un bref examen du bon sens tel qu’il est caractĂ©risĂ© depuis MatiĂšre et MĂ©moire jusqu’à l’Évolution crĂ©atrice permet de voir combien le normal, la santĂ© mentale qu’il incarne, est dĂ©terminĂ© par les exigences vitales et sociales Ă  partir de MatiĂšre et MĂ©moire, le bon sens apparaĂźt en effet Ă  la fois comme un Ă©quilibre psychologique entre deux tendances ennemies de l’action, la tendance corporelle Ă  l’automatisme et la tendance spirituelle au rĂȘve5, et comme effort d’attention Ă  la rĂ©alitĂ©6. Il est en effet prĂ©sentĂ© comme une tension visant Ă  tenir Ă  Ă©gale distance les souvenirs issus des deux pĂŽles opposĂ©s du moi que sont la mĂ©moire corporelle et la mĂ©moire pure et qui cherchent Ă  s’insĂ©rer dans la perception prĂ©sente. Agissant en amont du travail discriminant de la conscience en laiss[ant] tous les souvenirs dans le rang »7, le bon sens dĂ©blaie le terrain Ă  partir duquel celle-ci sĂ©lectionnera, en s’appuyant sur les formes motrices, la schĂ©matisation des souvenirs purs, les lois du rappel et la condition gĂ©nĂ©rale de ressemblance, le souvenir apte Ă  s’intĂ©grer profitablement Ă  la perception prĂ©sente pour l’informer. En tant que sens pratique », il est gage de souplesse dans la prise en compte de la rĂ©alitĂ© prĂ©sente et muselle la tendance Ă  agir mĂ©caniquement, sous l’impulsion de la reconnaissance automatique qu’a la mĂ©moire habitude des idĂ©es gĂ©nĂ©rales »8 dans la perception. En tant que sens du rĂ©el »9, il est liĂ© Ă  la veille et est un effort de tension contre l’évasement, la diffusion des souvenirs purs qui caractĂ©rise la dĂ©rive pathologique de Don Quichotte, en qui la mĂ©moire pure a pris l’ascendant et qui, au lieu d’utiliser ses souvenirs pour percevoir de maniĂšre adaptĂ©e, se sert au contraire de ce qu’il perçoit pour donner un corps au souvenir prĂ©fĂ©rĂ© »10. En tant qu’ oubli rĂ©glementĂ© et durable, [
] art de liquider son passĂ© »11, le bon sens s’insĂšre dans une conception du normal fondĂ©e sur l’idĂ©e que la santĂ© mentale rĂ©sulte d’un effort de tension qui s’écarte donc par degrĂ©s du pathologique qui peut rĂ©sulter alors d’une forme de paresse psychologique telle qu’elle a Ă©tĂ© identifiĂ©e par Pierre Janet chez les psychasthĂ©niques12, telle qu’elle s’exprime surtout Ă  partir de l’Energie spirituelle13. Par cet effort de tension, l’individu se rend capable de fournir une rĂ©ponse ajustĂ©e aux circonstances et Ă  ce que requiert la situation, le bon sens est donc liĂ© aux exigences vitales qui dĂ©terminent l’adaptation de l’individu, la survie individuelle. 14 Le Rire, op cit., p. 450. 15 Les deux sources de la morale et de la religion, p. 1065. 16 Guy Lafrance, La philosophie sociale de Bergson, sources et interprĂ©tation, Ottawa, Ă©ditions de l’u ... 17 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1065. 18 Ibid., p. 1065. 19 Ibid., p. 1065. 5MĂȘme si Bergson distinguait dĂ©jĂ  dans le discours de 1895 le milieu naturel, domaine d’action des sens, du milieu social », domaine d’action du bon sens, c’est seulement Ă  partir du Rire qu’il entame une analyse de la dimension proprement sociale de l’existence, et c’est aussi dans cet ouvrage que le bon sens, dont l’opposĂ© est dĂ©sormais le comique [qui] exprime avant tout une certaine inadaptation particuliĂšre de la personne Ă  la sociĂ©tĂ© »14, se prĂ©cise sous l’aspect d’une adaptation au rĂ©el dans sa dimension sociale. Cet aspect de la notion se retrouve, trĂšs fortement accentuĂ©, dans Les deux sources, oĂč le bon sens est non seulement dĂ©crit comme sens social » mais encore caractĂ©risĂ© comme innĂ© Ă  l’homme normal »15 cette innĂ©itĂ© qui Ă©quivaut Ă  la prĂ©figuration de la sociĂ©tĂ© dans l’individu »16, s’explique par la nĂ©cessitĂ© pour la nature de donner Ă  l’homme des directives, au moins gĂ©nĂ©rales, pour la coordination de sa conduite Ă  celle de ses semblables »17. Aussi, s’il n’y a nul doute que notre structure psychologique ne tienne Ă  la nĂ©cessitĂ© de conserver et de dĂ©velopper la vie individuelle et sociale »18, cela signifie que le bon sens embrasse dans sa comprĂ©hension de la situation prĂ©sente la comprĂ©hension des normes qui rĂ©gissent l’agir en sociĂ©tĂ© et, par consĂ©quent, que celles-ci s’intĂšgrent Ă  ce qui fait chez Bergson la santĂ© mentale. Ainsi, le dĂ©lire d’interprĂ©tation » qui se caractĂ©rise par une incapacitĂ© Ă  comprendre le comportement d’autrui, rĂ©sulterait, selon Les deux sources, d’un dĂ©faut de bon sens qui s’expliquerait in fine par une insuffisance psychique [
] congĂ©nitale »19. Le bon sens prend donc ici les traits d’une prĂ©disposition Ă  s’adapter avec fluiditĂ© aux impĂ©ratifs sociaux, c’est-Ă -dire d’une souplesse adaptative prĂ©dĂ©terminĂ©e, point qui marque sans conteste une originalitĂ© de la pensĂ©e biologique et sociologique bergsonienne. 20 Le Rire, op. cit., p. 457‑458. 21 Ibid., p. 451. 22 Ibid., p. 457. 6DĂ©jĂ , Ă  travers les mutations subies entre l’Essai et le Rire par la notion de caractĂšre » qui devient dans le Rire ce qu’il y a de tout fait dans notre personne, ce qui est en nous Ă  l’état de mĂ©canisme une fois montĂ©, capable de fonctionner automatiquement »20, apparaĂźt une tension entre l’idĂ©e, exprimĂ©e dans le discours, que le bon sens aurait partie liĂ©e avec la libertĂ© du moi telle qu’elle Ă©tait Ă©voquĂ©e par l’Essai, et sa dĂ©finition comme capacitĂ© de souple adaptation sociale dans le Rire. En effet, il faut remarquer non seulement que cette adaptation Ă  la mouvance de la rĂ©alitĂ© sociale aurait peut-ĂȘtre Ă©tĂ© jugĂ©e automatique du point de vue de l’Essai en tant qu’émanant des couches superficielles du moi comme dans le fameux exemple du rĂ©veil, mais encore que la critique de l’automatisme dans le Rire effectue un renversement puisqu’elle n’est plus tournĂ©e contre ce qu’une action peut avoir d’impersonnel mais bien contre ce qu’elle peut avoir de trop personnel au dĂ©triment d’une prise en compte des autres est comique le personnage qui suit automatiquement son chemin sans se soucier de prendre contact avec les autres »21 et qui nĂ©glige de regarder autour de soi »22. S’il est possible de considĂ©rer, pour rĂ©soudre cette tension, que le bon sens a partie liĂ©e avec la transition du moi profond vers le moi superficiel, nĂ©cessaire Ă  l’insertion de l’esprit dans la matiĂšre en amont de l’insertion dans une situation sociale, il n’empĂȘche qu’elle apparaĂźtra Ă  nouveau dans la distinction entre bon sens ordinaire et bon sens supĂ©rieur, sous la forme d’une tension entre une impulsion venue du moi profond et s’imposant Ă  l’extĂ©rieur et une impulsion venue de l’extĂ©rieur s’imposant, en le solidifiant, au moi profond. 23 Bergson fait rĂ©fĂ©rence de maniĂšre explicite Ă  la conception cartĂ©sienne du bon sens dans le discour ... 24 H. Bergson, Le Rire, op. cit., p. 452‑453. 7Si la description du bon sens ordinaire a mis hors-jeu la problĂ©matique de la justice et de l’action morale en charge du progrĂšs social telle qu’elle Ă©tait exprimĂ©e dans le discours de 1895 et qui rappelait le lien Ă©tabli par Descartes entre bon sens et recherche d’une vĂ©ritĂ© pratique23, c’est prĂ©cisĂ©ment d’une part parce que le principe selon lequel le vital engendrerait le social qui engendrerait Ă  son tour le normal, que Bergson pose au fondement mĂȘme de sa dĂ©finition de la santĂ© mentale, contribue Ă  substituer Ă  la problĂ©matique de la justice de l’action celle de la justesse de l’adaptation. D’autre part, cela est incontestablement liĂ© Ă  l’examen du fonctionnement de la vie sociale auquel Bergson se livre dans Le Rire puis dans Les deux sources, et qui lui a permis d’affirmer dĂšs le premier de ces ouvrages qu’ ĂȘtre en rĂšgle avec la stricte morale » n’a rien Ă  voir avec le fait de se mettre en rĂšgle avec la sociĂ©tĂ© »24 le bon sens, devenu facultĂ© d’adaptation souple au rĂ©el social et d’insertion bien ajustĂ©e dans le tissu humain, apparaĂźt dĂ©finitivement liĂ© Ă  cette seconde opĂ©ration. Reste Ă  prĂ©sent Ă  examiner, sur la base mĂȘme de cette dĂ©finition de la santĂ© mentale et de son lien avec la vie sociale, comment la notion de bon sens supĂ©rieur se trouve au cƓur d’un renversement de la pensĂ©e bergsonienne prenant corps dans Les deux sources et qui a pour but de rendre possible l’action morale. 25 Id., Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 365. 26 Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1174. 27 Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 366. 28 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1056. 29 Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 362. 30 Ce que Guy Lafrance appelle une justice intuitive », cf. La philosophie sociale de Bergson, sourc ... 31 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364. 32 Ibid., p. 362. 33 Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1169. 34 Ibid. p. 1172. 35 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364. 36 Les deux sources de la morale et de la religion, p. 1017. 8C’est parce que le bon sens est au cƓur de la rĂ©flexion bergsonienne sur le rapport de l’individu aux normes sociales et sur la justice que l’étude de cette notion permet d’aborder sous un jour nouveau l’itinĂ©raire et l’évolution de la pensĂ©e bergsonienne concernant l’action juste. Cette problĂ©matique, laissĂ©e de cĂŽtĂ© de MatiĂšre et MĂ©moire Ă  l’Évolution crĂ©atrice, rĂ©apparaĂźt dans Les deux sources et la plupart de ce qui Ă©tait posĂ© Ă  titre de postulat dans le discours de 1895 y est repris, repensĂ© et intĂ©grĂ© Ă  la problĂ©matique plus vaste d’une rĂ©flexion sur les rapports qui unissent morale et sociĂ©tĂ©. Le discours de 1895 apparaĂźt donc comme un programme, un ensemble d’intuitions abandonnĂ©es en l’absence d’un appareillage conceptuel suffisant. Il est important de souligner les correspondances qui existent entre les deux Ɠuvres pour mieux comprendre ce qui explique l’abandon puis la reprise de la problĂ©matique morale dans la dĂ©finition de la notion de bon sens dans l’Ɠuvre de Bergson. Ainsi, l’idĂ©e d’une action de bon sens orientĂ©e vers le progrĂšs de l’ensemble de la sociĂ©tĂ© Ă©tait soutenue dans le discours par le pressentiment d’un lien unissant principe de la vie et capacitĂ© Ă  produire des actions justes et progressistes de la part de l’individu de bon sens. Bergson y affirmait en effet de la notion de bon sens si elle porte ainsi avec elle l’intelligence de la vie, c’est sans doute qu’elle en a touchĂ© le principe »25, cette idĂ©e essentielle d’un fondement de la morale dans la prise de contact avec le principe de la vie se retrouve dans Les deux sources oĂč Bergson Ă©voque au sujet des agents du progrĂšs humain l’action de l’élan de la vie, cet Ă©lan mĂȘme, communiquĂ© intĂ©gralement Ă  des privilĂ©giĂ©s qui voudraient alors l’imprimer Ă  l’humanitĂ© entiĂšre »26. Et de fait, Ă  l’idĂ©e exprimĂ©e dans le discours selon laquelle il est rare que la nature produise spontanĂ©ment une Ăąme affranchie et maĂźtresse d’elle-mĂȘme, une Ăąme accordĂ©e Ă  l’unisson de la vie »27, rĂ©pond l’affirmation des Deux sources selon laquelle les mystiques et les ĂȘtres novateurs constituent en eux-mĂȘmes une espĂšce nouvelle composĂ©e d’un individu unique »28. En outre, la dĂ©finition du bon sens comme ignorance consciente d’elle-mĂȘme »29 dans le discours de 1895 trouve un Ă©cho dans la dĂ©finition du bon sens supĂ©rieur donnĂ©e dans les Deux sources comme innocence acquise », Bergson ajoutant dans les deux cas que cette ignorance doit s’accompagner d’un effort. LĂ  n’est sans doute pas pourtant le plus important en effet, la principale difficultĂ© du discours est l’affirmation selon laquelle le bon sens produit irrĂ©mĂ©diablement les actions les plus justes possibles30 dans un contexte donnĂ©, sans qu’il consiste pourtant ni dans une expĂ©rience plus vaste, ni dans des souvenirs mieux classĂ©s, ni mĂȘme, plus gĂ©nĂ©ralement, dans une logique plus rigoureuse »31, arguant qu’il choisit la meilleure solution Ă  une situation donnĂ©e parce qu’il peut en prĂ©voir [l]es consĂ©quences, ou plutĂŽt les pressentir »32. La question de l’infaillibilitĂ© morale de l’action de bon sens est finalement abordĂ©e Ă  nouveau par Bergson lorsqu’il Ă©voque dans Les deux sources le bon sens supĂ©rieur des mystiques, en termes de discernement prophĂ©tique du possible et de l’impossible »33 qui fournit du premier coup la dĂ©marche utile, l’acte dĂ©cisif, le mot sans rĂ©plique »34. De plus, on retrouve enfin clairement exprimĂ©e l’idĂ©e que le bon sens est, comme on pouvait le lire dans le discours, un instrument de progrĂšs social »35, puisque Bergson, qui fait du bon sens supĂ©rieur l’apanage des mystiques, gratifie ceux-ci d’une capacitĂ© essentielle Ă  pousser l’humanitĂ© en avant »36. 37 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364 Instrument, avant tout, de p ... 38 Ibid., p. 366. 39 Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364. 40 Georges MourĂ©los, Bergson et les niveaux de rĂ©alitĂ©, Paris, PUF, 1964, p. 175‑176. 9Si Bergson, aprĂšs le discours, avait Ă©cartĂ© au profit d’une rĂ©flexion sur la santĂ© mentale cette problĂ©matique de l’action morale qu’il retrouvera dans Les deux sources, c’est peut ĂȘtre Ă  cause de l’insuffisance des outils conceptuels dont il disposait en matiĂšre d’analyse des rapports entre morale et sociĂ©tĂ© en 1895, dans la mesure oĂč il n’avait pas analysĂ© les liens que la sociĂ©tĂ© entretient avec le dĂ©veloppement d’une morale. En effet, la rĂ©flexion sociologique qui sous-tend le discours de 1895 semble assez irrĂ©aliste poussĂ©e jusqu’au bout, elle implique que, n’était le pouvoir pĂ©trificateur de l’intelligence, l’ensemble de la sociĂ©tĂ©, guidĂ© par le bon sens, agirait toujours non seulement de maniĂšre parfaitement adaptĂ©e Ă  la situation prĂ©sente mais encore toujours en vue du plus grand bien et du plus grand progrĂšs social, Ă©tant constamment animĂ© par l’ esprit de justice »37. Cette conception optimiste qui attribue comme principe Ă  la vie sociale ce mĂȘme esprit de justice », puisqu’on ne peu[t] [s]e reprĂ©senter ces volontĂ©s associĂ©es sans une fin derniĂšre raisonnable »38, a cĂ©dĂ© le pas dans les Ɠuvres ultĂ©rieures Ă  une analyse de l’origine vitale de la vie sociale orientĂ©e vers la survie de l’espĂšce et qui dĂ©termine, par ses normes, l’apprĂ©hension du rĂ©el il semble donc que ce soit une modification au sein mĂȘme de la rĂ©flexion bergsonienne sur la sociĂ©tĂ©, ses normes, et le rapport des individus Ă  ces normes, qui a dĂ» prĂ©sider au destin de la notion de bon sens dans son Ɠuvre. Si le discours de 1895 distinguait en passant une justice abstraite » d’une justice incarnĂ©e dans l’homme juste »39 la premiĂšre Ă©tant discrĂ©ditĂ©e au profit de la seconde, pour pouvoir penser l’acte vĂ©ritablement moral, cette distinction n’était pas assez prĂ©cise, ne s’appuyant pas sur l’arriĂšre-plan sociologique Ă©laborĂ© dans Les deux sources qui seul permet, en distinguant la sociĂ©tĂ© close de la sociĂ©tĂ© ouverte, de distinguer par lĂ  mĂȘme deux vĂ©ritables types de justices une justice relative et une justice absolue. C’est cette distinction qui permet en effet de rĂ©soudre le paradoxe du bon sens comme Ă©tant Ă  la fois un sens de l’adaptation au rĂ©el social mais aussi une aspiration innĂ©e au progrĂšs au sein de chaque individu, puisqu’elle permet de lier la premiĂšre tendance Ă  la justice relative, celle dont le fondement est Ɠil pour Ɠil, dent pour dent et qui s’exprime dans la dimension close de la sociĂ©tĂ© puisque la raison d’ĂȘtre de la morale close est, comme l’ont soulignĂ© certains, l’adaptation de l’individu40. La seconde est dĂ©sormais liĂ©e Ă  une justice absolue, qui fonde une morale de l’aspiration, elle-mĂȘme visant l’avĂšnement d’une sociĂ©tĂ© ouverte. 41 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 365. 42 Id., Deux sources, op. cit., p. 1169. 43 Id., Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 361. 10En outre, dans Les deux sources, Bergson expose une double conception du rapport de l’individu aux normes sociales en ce qui concerne la sociĂ©tĂ© de type clos, les normes sociales agissent sur l’individu dans la mesure oĂč elles poussent son moi profond Ă  se solidifier en s’extĂ©riorisant, processus auquel, nous l’avons vu, le bon sens ordinaire n’est pas Ă©tranger, mais l’idĂ©e d’une sociĂ©tĂ© ouverte permet de briser le cercle dans lequel tournoie l’espĂšce humaine, prise dans la circularitĂ© close, en permettant de penser l’influence de l’individu d’exception, ayant presque par miracle Ă©chappĂ© Ă  l’obsession de l’utilitĂ© vitale, sur la sociĂ©tĂ©, par le biais de la crĂ©ation de valeurs morales. À un mouvement passif de rĂ©ception et d’intĂ©gration des normes afin de bien s’insĂ©rer dans le rĂ©el, analysĂ© dans le Rire et l’Évolution crĂ©atrice, peut succĂ©der un mouvement de projection hors de soi qui modifie en retour le rĂ©el, mouvement requis par les thĂšses du discours de 1895. La distinction entre une sociĂ©tĂ© close et une sociĂ©tĂ© ouverte est ce qui permet Ă  Bergson de comprendre Ă  nouveau le bon sens comme une poussĂ©e vers le progrĂšs moral guidĂ©e, comme le voulait le discours de 1895, par l’esprit de justice qui lui montre les injustices Ă  corriger et le bien Ă  faire »41. En effet, le bon sens supĂ©rieur recherche non pas l’adaptation Ă  des normes prĂ©existantes en vue de favoriser la survie individuelle, mais bien une action en retour sur la sociĂ©tĂ©, l’établissement de normes radicalement nouvelles dont le principe est dĂ©sormais le contraire de celui d’utilitĂ©, Ă  savoir la justice absolue fondĂ©e sur l’amour. Le bon sens supĂ©rieur, loin de recevoir passivement une stimulation Ă  l’action Ă©manant des impĂ©ratifs vitaux et sociaux de la situation prĂ©sente, loin de fournir seulement une rĂ©ponse aux questions posĂ©es par son environnement, prĂ©cĂšde toute sollicitation extĂ©rieure et vise Ă  imposer dans la rĂ©alitĂ© commune la rĂ©ponse Ă  une sollicitation Ă©manant du fond de l’individu. Il est ainsi un goĂ»t de l’action » mis en jeu lorsque le mystique choisit de diffuser son esprit dans la matĂ©rialitĂ© et est encore, Ă  ce titre, comme le bon sens ordinaire, une capacitĂ© de s’adapter et se rĂ©adapter »42 Ă  la mouvance du rĂ©el. Cependant sa visĂ©e n’est plus l’ajustement aux exigences vitales mais bien, comme le voulait le discours, la production de la plus grande somme de bien »43. Ce n’est qu’au prix de la transformation du bon sens en un bon sens supĂ©rieur, appuyĂ© sur une justice absolue et non plus relative, et supĂ©rieur » puisqu’entre temps le bon sens avait Ă©tĂ© dĂ©fini comme santĂ© mentale, que Bergson a pu en 1932 retrouver ce qu’il avait seulement supposĂ© en 1895. 44 Ibid., p. 360 Aussi la tĂąche de l’éducateur consiste surtout, en pareille matiĂšre Ă  conduire le ... 45 H. Bergson, Deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1004 Chacun de nous [
] s ... 46 Ibid., p. 1060. 11Si elle permet de valider, par-delĂ  l’analyse du bon sens comme santĂ© mentale, les conclusions du discours de 1895, la distinction entre bon sens ordinaire, conduite sociale normale, et bon sens supĂ©rieur, conduite morale modifiant les normes sociales, est aussi l’annonce d’un changement dans la pensĂ©e morale bergsonienne. En effet, Ă  prĂ©sent, seul un nombre restreint de personnalitĂ©s gĂ©niales possĂšde le pouvoir de faire progresser la sociĂ©tĂ© que le discours de 1895 attribuait, Ă  travers le bon sens comme santĂ© de l’esprit, Ă  chaque individu, Ă  quelques degrĂ©s prĂšs de dispositions44. Ainsi, l’humanitĂ© ordinaire est rĂ©duite, en ce qui concerne la vĂ©ritable morale, Ă  un rĂŽle passif d’imitation des grands modĂšles45, imitation qui devient dĂšs lors, pour elle, le fondement de l’action morale et juste pour qui est dĂ©pourvu de gĂ©niale crĂ©ativitĂ© cette passivitĂ© est tout juste corrigĂ©e par l’idĂ©e que cette imitation peut aussi se faire communication de l’élan et ĂȘtre l’occasion d’une Ă©closion puisqu’il peut y avoir en nous un mystique qui sommeille et qui attend seulement une occasion de se rĂ©veiller »46. Si le bon sens du discours trouve sa formulation finale dans le bon sens supĂ©rieur, alors l’espoir en un homme nouveau est interdit, puisque seule une Ă©lite morale, celle des mystiques et des ĂȘtres dotĂ©s du bon sens supĂ©rieur, peut constituer une espĂšce nouvelle, chaque fois rĂ©duite Ă  un individu unique. 47 Bergson fonde probablement son interprĂ©tation de la morale kantienne sur l’analyse de la rupture d’ ... 48 Cf. Aristote, Ethique Ă  Nicomaque, traduction Jean Tricot, Paris, Vrin, 1997, p. 298. 49 H. Bergson, Deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 987. 50 Id., Le Rire, op. cit., p. 461. 12Le postulat de l’infaillibilitĂ© du bon sens Ă  toujours produire l’action la plus juste, repris du discours dans Les deux sources, demande Ă  ĂȘtre interrogĂ©, et la question du fondement de la justice de l’action se pose d’autant plus Ăąprement que, dans Les deux sources, Bergson rejette fermement aussi bien la tentative kantienne de fonder la morale dans la logique ou ce qu’il voit comme tel47 que les thĂ©ories de type platonicien faisant dĂ©river la justice de l’idĂ©e de Bien. En tant qu’instance poussant Ă  accomplir irrĂ©mĂ©diablement l’action la plus juste, il pourrait rappeler l’eustochia aristotĂ©licienne, ou la justesse de coup d’Ɠil »48 portĂ© sur la situation, qui se passe de raisonnement, cependant, le fait que Bergson refuse de faire dĂ©river le bon sens de l’habitude ou de l’expĂ©rience contredit ce rapprochement. Notons en tout cas que le fondement de l’excellence de l’action de bon sens semble reposer, suivant un schĂ©ma tout aristotĂ©licien, sur l’excellence de l’agent qui dispose d’un bon sens supĂ©rieur, qu’elle contribue Ă  exprimer en retour. Dans la mesure mĂȘme oĂč l’aspiration essentiellement morale du mystique ou du hĂ©ros prĂ©cĂšde sa tendance Ă  accomplir des actions morales, et que la crise mystique n’est pas l’expression du bon sens supĂ©rieur mais ce qui prĂ©cĂšde son apparition, c’est en dĂ©finitive de l’excellence morale ou aspiration Ă  la justice absolue que dĂ©rive la justice de l’action rĂ©alisĂ©e par le bon sens supĂ©rieur. Or dans la mesure oĂč le bon sens supĂ©rieur se caractĂ©rise par un certain dĂ©tachement Ă  l’égard des exigences biologiques Ă©goĂŻstement utilitaires Ă  la fois vitales et sociales dans leur dimension close, dĂ©tachement liĂ© au fait que, mĂȘme si nous trouvons [la sociĂ©tĂ©] prĂ©sente en nous », sa prĂ©sence est plus ou moins marquĂ©e selon les individus »49, l’apparition de l’aspiration morale est due, comme le souligne Bergson, Ă  une sorte de hasard vital comparable Ă  celui qui prĂ©side, dans le Rire, Ă  l’apparition des artistes50. Si la justesse de son ajustement Ă  la situation prĂ©sente est encore le signe du lien qu’entretient le bon sens supĂ©rieur avec les exigences vitales circulaires de la survie en sociĂ©tĂ© close, la justice de ce qu’il vise Ă  produire a partie liĂ©e avec le vital au sens de la constante marche de l’élan, procĂ©dant par bonds, vers la crĂ©ation d’une sociĂ©tĂ© ouverte. C’est en cela que le bon sens supĂ©rieur est rĂ©vĂ©lateur au sein de la pensĂ©e bergsonienne de ce qu’on pourrait appeler la contradiction du vital », c’est-Ă -dire la coexistence en son sein de l’élan et de la retombĂ©e. 51 Id., Deux sources, p. 1174. 52 Ibid., p. 1061. 53 Ibid., p. 1021. 54 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1245. 55 Le bon sens supĂ©rieur est liĂ© Ă  la partie la plus intime de lui-mĂȘme que l’individu retrouve quand ... 56 H. Bergson, Deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1020. 13Cette contradiction logĂ©e au cƓur de la distinction entre les deux bons sens se retrouve dans l’expression de contradiction rĂ©alisĂ©e », employĂ©e par Bergson pour dĂ©signer la capacitĂ© des mystiques Ă  convertir en effort crĂ©ateur cette chose créée qu’est une espĂšce, faire un mouvement de ce qui est par dĂ©finition un arrĂȘt »51. Si l’aspiration morale, qui brise le cercle dans lequel tournent les individus et la sociĂ©tĂ© close, est encore une expression du vital, c’est que celui-ci a Ă©tĂ© redĂ©fini entre l’Évolution crĂ©atrice et Les deux sources, passant d’un Ă©lan vers la vie sociale Ă  un Ă©lan qui contient lui-mĂȘme un germe moral, puisque selon le dernier ouvrage toute morale [
] est d’essence biologique »52 et que le contact avec le principe vital est devenu la seule source oĂč puiser la force d’aimer l’humanitĂ© »53. Si l’effort qui prĂ©side Ă  ce contact est dĂ©crit par Bergson comme effort en sens inverse de la nature, c’est dans la mesure oĂč la natura naturans effectue sa poussĂ©e contre l’inertie de la natura naturata ainsi, la morale de l’aspiration qui unit les individus d’un bon sens supĂ©rieur est dite rendre l’individu Ă  sa destination naturelle en le rendant crĂ©ateur, en accord avec l’univers dans sa dimension de machine Ă  faire des dieux »54. Par consĂ©quent, la distinction entre un bon sens supĂ©rieur et un bon sens ordinaire, tous les deux naturels en ces deux sens opposĂ©s, exprime la spĂ©cificitĂ© de l’espĂšce humaine en laquelle coexistent, en tant qu’elle est une espĂšce sociale, Ă©lan tension vers la sociĂ©tĂ© ouverte Ă  travers des personnalitĂ©s gĂ©niales et retombĂ©e tendance Ă  la clĂŽture. C’est dans un rapport croisĂ© entre le moi » et la rĂ©alitĂ© extĂ©rieure et sociale que s’exprime l’entrecroisement de ces deux naturels ainsi, le bon sens supĂ©rieur, qui favorise l’action en direction du progrĂšs de tous, est naturel dans la mesure oĂč il naĂźt d’un contact avec la rĂ©alitĂ© mouvante qui fait le fond des choses et les couches profondes du moi, ce qu’il y a de plus personnel, tandis que le bon sens ordinaire, qui vise un but essentiellement individuel l’adaptation en vue de la survie, est le produit d’une solidification naturelle du moi par le biais de normes et de processus d’adaptation essentiellement impersonnels exerçant une force d’inertie, ou plutĂŽt entraĂźnant dans un mouvement circulaire. Si la crise mystique qui prĂ©cĂšde l’apparition du bon sens supĂ©rieur n’est pas sans rappeler l’explosion crĂ©atrice du moi d’en bas, dans l’Essai, c’est peut-ĂȘtre parce qu’elle constitue la forme finale prise par l’acte libre dans la pensĂ©e bergsonienne, dans la mesure oĂč elle est pensĂ©e Ă  partir de la prise en compte de la pression fondamentale que la sociĂ©tĂ© exerce sur la constitution mĂȘme de l’individu Ă  laquelle participe le bon sens ordinaire qui n’avait pas encore Ă©tĂ© analysĂ©e au moment de l’Essai55. Exprimant les deux sens de la nature en l’homme, la distinction entre bon sens ordinaire et bon sens supĂ©rieur rĂ©pond finalement Ă  la constatation de ce que la morale comprend [
] deux parties distinctes, dont l’une a sa raison d’ĂȘtre dans la structure originelle de la sociĂ©tĂ© humaine et dont l’autre trouve son explication dans le principe explicatif de cette structure »56. 57 Id., Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 361. 14Cette distinction permet Ă©galement de rĂ©soudre le problĂšme du rapport du bon sens Ă  la pratique artistique c’est le bon sens supĂ©rieur, qui rĂ©sulte d’un contact avec le principe crĂ©ateur de la vie et produit des actes moraux prenant Ă  leur tour la forme de crĂ©ations Ă  la fois de normes nouvelles et d’un nouveau moi, qui est dans la vie pratique, ce que le gĂ©nie est dans les sciences et les arts »57 selon la formule du discours, et c’est le bon sens ordinaire qui, Ă©tant liĂ© Ă  la perception utilitaire de la rĂ©alitĂ© qu’il contribue Ă  morceler avec souplesse, s’oppose Ă  la pratique artistique comme au rĂȘve, selon les analyses du Rire. 58 P. Janet, De l’angoisse Ă  l’extase, Paris, FĂ©lix Alcan, 1926, p. 459. 59 Ibid., p. 464. 60 H. Bergson, Les deux sources, op. cit., p. 1170. 61 P. Janet, De l’angoisse Ă  l’extase, op. cit., p. 461. 62 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1169. 15La question de savoir si la supĂ©rioritĂ© morale ne peut surgir que d’un effort dirigĂ© contre le bon sens ordinaire, antĂ©rieurement dĂ©fini comme Ă©tat normal de l’esprit humain et santĂ© psychologique, et ses prĂ©occupations utilitaires, engage la viabilitĂ© de la morale bergsonienne. En effet, si la santĂ© mentale d’un individu est liĂ©e Ă  sa disponibilitĂ© passive Ă  l’égard de l’environnement social et si le fondement de l’aspiration morale qui gĂ©nĂšre le bon sens supĂ©rieur est la libĂ©ration Ă  l’égard de l’utilitĂ© vitale et des normes sociales, alors apparaĂźt la possibilitĂ© d’un conflit sous-jacent dans la pensĂ©e bergsonienne entre les dĂ©finitions de l’individu normal et de l’individu moral. En ce qui concerne la problĂ©matique de la santĂ© mentale, le principal interlocuteur, ou adversaire, de Bergson est Pierre Janet qui a pour ambition, dans De l’angoisse Ă  l’extase, de mettre Ă  jour la racine pathologique du dĂ©lire mystique qu’il apparente Ă  un trouble psychasthĂ©nique. À ce titre, il note que les croyances brutales » de sa patiente Madeleine, qu’il compare Ă  ThĂ©rĂšse d’Avila, prĂ©sentent en maints endroits des contradictions et ne tiennent aucun compte des rĂšgles vulgaires du bon sens »58, la principale caractĂ©ristique du discours mystique Ă©tant pour lui d’ĂȘtre une pensĂ©e en rĂ©gression, analogue Ă  celle des petits enfants et des sauvages »59. Pour lui rĂ©pondre, Bergson tente d’abord de distinguer l’anormal de l’extraordinaire, puis finit par admettre qu’en tant que passage Ă  l’extraordinaire c’est-Ă -dire au dynamique et Ă  l’ouvert, la violence mĂȘme du processus de libĂ©ration mystique peut gĂ©nĂ©rer l’apparition de symptĂŽmes anormaux au sens de morbides et dĂ©ranger les rapports habituels entre conscient et inconscient »60. Il est intĂ©ressant de constater que c’est de la prĂ©sence, chez les mystiques, du bon sens supĂ©rieur sous la forme d’un goĂ»t de l’action », c’est-Ă -dire de ce par quoi le bon sens supĂ©rieur ressemble au bon sens ordinaire, que Bergson cherche Ă  tirer argument pour justifier la santĂ© mentale des mystiques contre Janet. Mais, comme le note celui-ci contre l’idĂ©e que la foisonnante activitĂ© des mystiques serait le signe de leur santĂ© mentale l’état proprement psychasthĂ©nique n’est pas constant et un malade [
] peut ĂȘtre en dehors de ces crises assez actif et persĂ©vĂ©rant pour accomplir des Ɠuvres intĂ©ressantes »61. Mais l’originalitĂ© du bon sens supĂ©rieur est d’unir, dans le prolongement de la crise mĂȘme » au sens oĂč l’entend Janet, l’ajustement de l’action au rĂ©el et la visĂ©e plus haute inspirĂ©e par l’amour. C’est pourquoi Bergson va plus loin dans sa rĂ©ponse et avance que le bon sens supĂ©rieur est une santĂ© intellectuelle solidement assise, exceptionnelle, qui se reconnaĂźt sans peine »62. Et, en effet, si l’on considĂšre que l’aspiration morale est une forme de santĂ© dans la mesure oĂč elle est contact avec l’élan vital, nature naturante supĂ©rieure Ă  la circularitĂ© de la nature naturĂ©e, et, dans la mesure oĂč cette santĂ© est rĂ©servĂ©e Ă  une Ă©lite, alors se comprend le fait qu’il existe une santĂ© mentale en un sens non mĂ©taphorique se caractĂ©risant par l’exception et non par la moyenne cette santĂ© est normale en un sens normatif sans ĂȘtre normal en un sens statistique. Mais si le bon sens supĂ©rieur est une santĂ© intellectuelle », de quel genre d’état mental s’agit-il ? L’intelligence Ă  laquelle Bergson fait rĂ©fĂ©rence ici ne peut pas ĂȘtre celle qui soumet le rĂ©el Ă  son dĂ©coupage utilitaire, mais au contraire une intelligence qui parvient Ă  retrouver, entre les lignes de ce morcellement, le rĂ©el mouvant. 63 Ibid., p. 986. 64 Ibid., p. 986. 65 Ibid., p. 1243. 16L’équilibre des facultĂ©s qui caractĂ©risait le bon sens ordinaire se transforme dans le bon sens supĂ©rieur en un Ă©quilibre d’un autre genre »63 auquel Bergson fait allusion au dĂ©but des Deux sources, sans le lier Ă  la problĂ©matique du bon sens supĂ©rieur qui n’a pas encore Ă©tĂ© Ă©voquĂ©e, ainsi que le suggĂšre allusivement le dĂ©but des Deux sources, prĂ©cisant toutefois au sujet de l’effort qui permet de s’enfoncer ainsi en soi Ă  la dĂ©couverte de son moi s’il est possible, il est exceptionnel »64. Il est possible d’avancer que cet Ă©quilibre d’un nouveau genre peut ĂȘtre liĂ© Ă  une forme de perception rĂ©elle quoiqu’anormale, justement parce qu’elle n’est pas contrainte par les exigences de l’action il doit y avoir, soit dans le corps, soit dans la conscience qu’il limite, des dispositifs spĂ©ciaux dont la fonction est d’écarter de la perception humaine les objets soustraits par leur nature Ă  l’action de l’homme. Que ces mĂ©canismes se dĂ©rangent, la porte qu’ils maintenaient fermĂ©e s’entrouvre quelque chose passe d’un en dehors », qui est peut ĂȘtre un au-delĂ  ». C’est de ces perceptions anormales que s’occupe la science psychique »65. Ce qui serait ordinairement jugĂ© pathologique, Ă  savoir ces perceptions anormales », reçoit finalement une justification morale, puisque ces perceptions Ă©manent de la santĂ© supĂ©rieure que constitue l’équilibre supĂ©rieur de l’esprit mystique soustrait aux exigences d’utilitĂ©. Cela signifie non seulement que le normal psychologique qui n’est que l’état moyen de l’esprit des individus rivĂ©s Ă  leur intĂ©rĂȘt n’a pas Ă  recevoir un statut normatif, mais surtout que le moral est une norme qui enjoint de dĂ©passer purement et simplement l’équilibre normal de l’esprit, le rĂ©el se trouvant modifiĂ© Ă  son tour parce qu’étendu Ă  ce que les exigences vitales rejetaient. 66 D. Lapoujade, Sur un concept mĂ©connu de Bergson l’attachement Ă  la vie », in FrĂ©dĂ©ric Worms di ... 17L’anormal est peut-ĂȘtre mĂȘme alors plus rĂ©el que le rĂ©el morcelĂ© par les exigences vitales, auquel l’état normal de l’esprit donne accĂšs, car tout se passe comme si l’équilibre humain, comme si la normalitĂ© engendrĂ©e par cet Ă©quilibre cessait d’ĂȘtre viable ; Ă  un niveau plus profond, il est perçu et vĂ©cu comme un dĂ©sĂ©quilibre en tant que son modus vivendi ne cesse de rĂ©primer les forces crĂ©atrices au sein de l’individu »66. Ériger l’anormal en norme morale permet donc Ă  Bergson de modifier en retour la dĂ©finition du normal par la mise en question de la validitĂ© de la perception normale c’est-Ă -dire habituelle elle-mĂȘme, qui Ă©tait au fondement Ă  la fois de la dĂ©finition de l’adaptation au rĂ©el, mais aussi du rĂ©el lui-mĂȘme. Ce renversement illustre finalement pleinement la contradiction qu’on trouve au sein de l’Ɠuvre bergsonienne entre le vital compris comme ensemble d’exigences d’utilitĂ© pour la survie individuelle et d’autre part comme Ă©lan crĂ©ateur le second l’emporte finalement sur le premier puisque l’aspiration morale contribue Ă  dĂ©faire le dĂ©coupage utilitaire du rĂ©el et donne ainsi accĂšs Ă  l’élan vital lui-mĂȘme. Haut de page Notes 1 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, MĂ©langes, Paris, PUF, 1972, p. 370. 2 Ibid., p. 364. 3 Ibid., p. 360. 4 H. Bergson, L’énergie spirituelle, op. cit., p. 893 Cela, c’est veiller, c’est vivre la vie psychologique normale, c’est lutter, c’est vouloir ». 5 Id., MatiĂšre et mĂ©moire, ƒuvres complĂštes, op. cit., p. 294 Entre ces deux extrĂȘmes [l’impulsif et le rĂȘveur] se place l’heureuse disposition d’une mĂ©moire assez docile pour suivre avec prĂ©cision les contours de la situation prĂ©sente, mais assez Ă©nergique pour rĂ©sister Ă  tout autre appel. Le bon sens, ou sens pratique, n’est vraisemblablement pas autre chose ». 6 Il est, dans Le Rire, continuitĂ© mouvante de notre attention Ă  la vie », ƒuvres, op. cit., p. 475. 7 Ibid., p. 475. 8 MatiĂšre et MĂ©moire, op. cit., p. 296‑302. 9 MĂ©langes, op. cit., p. 620. 10 Le Rire, op. cit., p. 476. 11 V. JankĂ©lĂ©vitch, Henri Bergson, Paris, PUF, 2008, p. 127‑128. 12 H. Bergson, MĂ©langes, op. cit., p. 620 Tous ne sont pas capables de cette vie de travail, tous n’ont pas Ă©galement le sens du rĂ©el, le bon sens ». Pierre Janet remarque chez les psychasthĂ©niques un caractĂšre fondamental, difficile Ă  expliquer, [
] le caractĂšre de la paresse » La force et la faiblesse psychologiques, Paris, Ă©ditions mĂ©dicales Norbert Maloine, 1932, p. 275. 13 Dans MatiĂšre et MĂ©moire, Bergson semble encore n’attribuer Ă  l’aliĂ©nation que des causes biologiques, Ă  savoir la perturbation des relations sensori-motrices Ă©tablies dans l’organisme » p. 313. 14 Le Rire, op cit., p. 450. 15 Les deux sources de la morale et de la religion, p. 1065. 16 Guy Lafrance, La philosophie sociale de Bergson, sources et interprĂ©tation, Ottawa, Ă©ditions de l’universitĂ© d’Ottawa, 1974, p. 115 et suiv. 17 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1065. 18 Ibid., p. 1065. 19 Ibid., p. 1065. 20 Le Rire, op. cit., p. 457‑458. 21 Ibid., p. 451. 22 Ibid., p. 457. 23 Bergson fait rĂ©fĂ©rence de maniĂšre explicite Ă  la conception cartĂ©sienne du bon sens dans le discours de 1895, il est mĂȘme possible d’envisager que c’est en hommage au bon sens analysĂ© par Descartes dans le Discours de la mĂ©thode que Bergson a conservĂ© le terme bon sens » pour dĂ©signer l’équilibre psychique qu’il dĂ©crit. Les rĂ©fĂ©rences Ă  la problĂ©matique cartĂ©sienne du bon sens abondent dans le discours de 1895 le concept d’attention peut suggĂ©rer un arriĂšre plan cartĂ©sien, et Bergson y Ă©voque l’urgence de l’action en des termes qui rappellent ceux de Descartes pour qui les actions de la vie ne souffrent aucun dĂ©lai ». Dans le discours de 1895, Bergson dĂ©signe le bon sens comme une ignorance consciente d’elle-mĂȘme », termes qu’il rĂ©pĂ©tera Ă  l’identique dans son hommage Ă  Descartes en 1937, lorsqu’il fait de celui-ci l’auteur de l’idĂ©e selon laquelle la vraie connaissance a moins de rapport avec une information superficiellement encyclopĂ©dique qu’avec une ignorance consciente d’elle-mĂȘme ». Dans Le bon sens et les Ă©tudes classiques, Bergson ne nie pas directement que le bon sens soit la chose du monde la mieux partagĂ©e », mais il affirme que, si le bon sens est une facultĂ© innĂ©[e] et universel[le] », celle-ci est empĂȘchĂ©e par certains obstacles, notamment les prĂ©jugĂ©s et la distraction avec laquelle l’individu les reçoit l’universalitĂ© en droit du bon sens s’accorde bien avec l’idĂ©e que le bon sens reprĂ©sente une sorte de santĂ© mentale. Mais, Ă  la diffĂ©rence du bon sens cartĂ©sien, le bon sens bergsonien ne nĂ©cessite pas l’adoption d’une mĂ©thode l’adaptation Ă  la rĂ©alitĂ© qui rĂ©sulte du bon sens est spontanĂ©e, l’action qui en est issue tranche, brise le cercle, puisqu’elle est puissance d’invention de solutions. En outre, il n’est pas Ă  proprement parler une facultĂ©, que l’on pourrait rabattre soit sur l’intelligence, soit sur l’intuition, mais bien plutĂŽt un Ă©tat d’équilibre entre facultĂ©s, tempĂ©rant l’action de chacune en vue d’une bonne adaptation. 24 H. Bergson, Le Rire, op. cit., p. 452‑453. 25 Id., Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 365. 26 Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1174. 27 Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 366. 28 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1056. 29 Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 362. 30 Ce que Guy Lafrance appelle une justice intuitive », cf. La philosophie sociale de Bergson, sources et interprĂ©tation, op. cit., p. 115 et suiv. 31 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364. 32 Ibid., p. 362. 33 Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1169. 34 Ibid. p. 1172. 35 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364. 36 Les deux sources de la morale et de la religion, p. 1017. 37 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364 Instrument, avant tout, de progrĂšs social, il ne peut tirer sa force que du principe mĂȘme de la vie sociale, l’esprit de justice ». 38 Ibid., p. 366. 39 Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 364. 40 Georges MourĂ©los, Bergson et les niveaux de rĂ©alitĂ©, Paris, PUF, 1964, p. 175‑176. 41 H. Bergson, Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 365. 42 Id., Deux sources, op. cit., p. 1169. 43 Id., Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 361. 44 Ibid., p. 360 Aussi la tĂąche de l’éducateur consiste surtout, en pareille matiĂšre Ă  conduire les uns par un artifice, lĂ  oĂč d’autres sont tout de suite placĂ©s par nature ». 45 H. Bergson, Deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1004 Chacun de nous [
] s’est demandĂ© ce que tel ou tel eĂ»t attendu de lui en pareille occasion ». 46 Ibid., p. 1060. 47 Bergson fonde probablement son interprĂ©tation de la morale kantienne sur l’analyse de la rupture d’une promesse ou celle du suicide dans Les fondements de la mĂ©taphysique des mƓurs et dans le chapitre premier de l’Analytique de la Critique de la raison pratique. Il critique Kant en affirmant que jamais [
] on ne sacrifierait au seul besoin de cohĂ©rence logique son intĂ©rĂȘt, sa passion. » Les deux sources, op. cit., p. 994. 48 Cf. Aristote, Ethique Ă  Nicomaque, traduction Jean Tricot, Paris, Vrin, 1997, p. 298. 49 H. Bergson, Deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 987. 50 Id., Le Rire, op. cit., p. 461. 51 Id., Deux sources, p. 1174. 52 Ibid., p. 1061. 53 Ibid., p. 1021. 54 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1245. 55 Le bon sens supĂ©rieur est liĂ© Ă  la partie la plus intime de lui-mĂȘme que l’individu retrouve quand sa conscience, travaillant en profondeur, lui rĂ©vĂšle, Ă  mesure qu’il descend davantage, une personnalitĂ© de plus en plus originale, incommensurable avec les autres et d’ailleurs inexprimable » Henri Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 986. 56 H. Bergson, Deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1020. 57 Id., Le bon sens et les Ă©tudes classiques, op. cit., p. 361. 58 P. Janet, De l’angoisse Ă  l’extase, Paris, FĂ©lix Alcan, 1926, p. 459. 59 Ibid., p. 464. 60 H. Bergson, Les deux sources, op. cit., p. 1170. 61 P. Janet, De l’angoisse Ă  l’extase, op. cit., p. 461. 62 H. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, op. cit., p. 1169. 63 Ibid., p. 986. 64 Ibid., p. 986. 65 Ibid., p. 1243. 66 D. Lapoujade, Sur un concept mĂ©connu de Bergson l’attachement Ă  la vie », in FrĂ©dĂ©ric Worms dir., Annales bergsoniennes, tome 4, Paris, PUF, 2009, p. 689. Haut de page Pour citer cet article RĂ©fĂ©rence papier Clarisse ZOULIM, La notion de bon sens dans la philosophie d’Henri Bergson », Philonsorbonne, 6 2012, 83-96. RĂ©fĂ©rence Ă©lectronique Clarisse ZOULIM, La notion de bon sens dans la philosophie d’Henri Bergson », Philonsorbonne [En ligne], 6 2012, mis en ligne le 04 fĂ©vrier 2013, consultĂ© le 23 aoĂ»t 2022. URL ; DOI de page Bergson La PensĂ©e et le Mouvant Ce corrigĂ© est disponible sur philo52.com, un site externe Ă  20aubac. En cas de problĂšme d'accĂšs Ă  la page originale, vous pouvez accĂ©der aux PubliĂ© le 08 juin 2021 Mis Ă  jour le 07 juillet 2021 Marianne AprĂšs l’AmĂ©rique du Nord, c’est le Liban qui affronte l’épreuve de philosophie du bac ! Quels sont les sujets de philosophie tombĂ©s le lundi 7 juin au Liban ? RĂ©vise tes Ă©preuves du bac avec les sujets officiels et les corrigĂ©s de nos professeurs certifiĂ©s ! RĂ©visions du bac philo sujets corrigĂ©s du Liban La philosophie est la seule Ă©preuve Ă©crite maintenue en terminale ! Elle aura lieu le 17 juin 2021. PrĂ©pare-toi avec les sujets corrigĂ©s du bac philo du Liban ! RĂ©viser avec les annales des centres Ă©trangers est un bon moyen de se mettre en conditions rĂ©elles d’examen et d’ĂȘtre serein le jour J. RĂ©vise et entraĂźne-toi Ă  la dissertation et Ă  l’explication de texte avec les Ă©noncĂ©s des centres Ă©trangers tĂ©lĂ©charge le PDF afin de mieux visualiser les sujets officiels du bac. Mais comment avons-nous eu ces sujets ? Le service de presse de l’Éducation nationale nous les a soufflĂ©s spĂ©cialement pour toi ! ‱ superBac Premium ‱ Abonnez-vous pour accĂ©der Ă  100 % des QCM expliquĂ©s et fiches de rĂ©visions. Nos contenus sont conformes au programme officiel et sont rĂ©digĂ©s par des professeurs certifiĂ©s ou agrĂ©gĂ©s. Sujets corrigĂ©s du bac de philo gĂ©nĂ©ral 2021 au Liban Sujet de l’épreuve de philosophie au bac gĂ©nĂ©ral du Liban Les Ă©lĂšves de terminale gĂ©nĂ©rale ont Ă©tĂ© confrontĂ©s Ă  ces notions l’art, la nature, la vĂ©ritĂ© et la conscience ! Les sujets sont Tout le monde peut-il ĂȘtre artiste ?L’homme est-il responsable de la nature ?Existe-t-il des vĂ©ritĂ©s dĂ©finitives ? Expliquer le texte suivant Un des traits marquants de l’action humaine est qu’elle entreprend toujours du nouveau [
] » jusqu’à par nos organes de perception et de connaissance – il n’y aurait aucune possibilitĂ© d’action ». Hannah ARENDT, Du mensonge en politique, 1972 sujet-philosophie-bac-général-2021-Liban CorrigĂ© du bac gĂ©nĂ©ral de philo Regarde la correction du sujet officiel du bac gĂ©nĂ©ral de philosophie du Liban et entraĂźne-toi pour l’épreuve de philo qui aura lieu le 17 juin 2021 en mĂ©tropole ! Corrige-sujet-philosophie-bac-2021-Liban-voie-generale Sujets corrigĂ©s du bac de philo techno 2021 du Liban Épreuve de philosophie en voie technologique Les sujets du centre Ă©tranger du Liban en voie technologique portent sur lart et la technique, la vĂ©ritĂ© ou encore la justice pour les dissertations, la nature et la culture pour le texte philosophique, et sont Peut-on vivre sans se soucier de la vĂ©ritĂ© ?Les artistes peuvent-ils se passer de maĂźtrise technique ?La justice, est-ce le dĂ©passement de tous les conflits ?Expliquer le texte suivant L’homme est le seul animal dont l’action soit mal assurĂ©e [
] » jusqu’à sans se dire qu’il trouverait souvent son avantage Ă  nĂ©gliger les autres, Ă  ne se soucier que de lui-mĂȘme ». Henri BERGSON, Les Deux sources de la morale et de la religion 1932 sujet-philosophie-bac-technologique-2021-Liban CorrigĂ© du sujet de philo techno Nos professeurs certifiĂ©s te donnent la correction des sujets de philo tombĂ©s au Liban avec des plans dĂ©taillĂ©s. Cela te permettra de voir les idĂ©es indispensables de chaque dissertation et de l’explication de texte. Corrige-sujet-philosophie-bac-2021-Liban-voie-technologique En plus des sujets corrigĂ©s du Liban, rĂ©vise les citations pour le bac de philo ! Consulte Ă©galement nos leçons et fiches de rĂ©visions de philosophie et regarde nos vidĂ©os sur la chaĂźne YouTube superBac. Sur le mĂȘme sujet 07/07/2021 Ă  1459 Bac de philo 2021 sujets corrigĂ©s de Washington Le bac de philo approche ! Pour te prĂ©parer Ă  cette Ă©preuve, rĂ©vise avec les sujets de philosophie tombĂ©s Ă  Washington le 25 mai 2021. RĂ©viser avec des sujets corrigĂ©s est une excellente prĂ©paration Ă  l'Ă©preuve de philosophie car ils te permettent de t’entraĂźner en conditions rĂ©elles. Nos professeurs rĂ©alisent le corrigĂ© des sujets, lis-le attentivement aprĂšs avoir rĂ©flĂ©chi au sujet ! 20/04/2021 Ă  1639 Bac de philosophie les citations Ă  retenir Chaque jour l'Ă©preuve de philosophie se rapproche, et tu commences Ă  paniquer ou Ă  te demander ce que tu vas bien pouvoir dire dans ta copie ? digiSchool t'a compilĂ© 30 citations qui pourront, on l'espĂšre, te dĂ©bloquer pour la dissertation ! 21/10/2020 Ă  1539 Bac technologique 2021 programme et Ă©preuve de philosophie La philosophie est la matiĂšre commune de tous les bacheliers. Cependant, son programme et l'Ă©preuve qui lui est rattachĂ©e connaissent quelques variations selon les filiĂšres. Zoom sur la philosophie pour la filiĂšre technologique programme, modalitĂ©s d'Ă©valuation, conseils de rĂ©visions... suis le guide !
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Rédigé le 5 septembre 2007 1 minute de lecture travail en classe, note 6/7 Texte "Trop souvent nous nous représentons encore l'esperience comme destinée à nous apporter des faits bruts...Comme si le travail de généralisation consistait à venir, aprÚs coup, trouver un sens plausible à ce discours incohérent". Dans ce texte, la thÚse est sous entendue. D'ailleurs c'est la thÚse adverse qui est la plus développée. La thÚse de Bergson apparaßt plus clairement dans la troisiÚme partie de l'extrait soit dans la derniÚre partie. Examinons donc la thÚse qu'il réfute dans un premier temps . 1Úre partie "Trop souvent nous nous représentons...observer en serait une autre" . A ce moment, Bergson expose le mode de pensée que beaucoup adoptent, "trop souvent" indique la remise en question entre autre car beaucoup croient que l'experience et l'intelligence d'une personne suffisent à répondre aux problÚmes scientifiques. Ensuite Bergson réagit vivement à cela "rien de plus faux" dit-il car il est vain d'attendre "passivement" une parsonne capable de rassembler les faits correctement et en attendre alors qu'une vérité soir déduite. Finalement par une série d'exclamations et d'anaphores "comme si" on découvre la position de l'auteur "une observation scientifique est toujours la réponse à une question précise ou confuse." De plus il ajoute que sans observation scientifique les discours restent incohérents , ils n'auraient donc aucune valeur scientifique. La plateforme qui connecte profs particuliers et élÚves Vous avez aimé cet article ? Notez-le ! Olivier Professeur en lycée et classe prépa, je vous livre ici quelques conseils utiles à travers mes cours !
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Sangde la terre, 1995, 254 pp. [Autorisation accordée par les ayant-droit et les traducteurs, MM. Jacques Grinevald et Ivo Rens, Université de GenÚve, le 17 février 2004] Courriel:
Les Ă©lĂšves de Terminale des filiĂšres gĂ©nĂ©rales et technologiques ont passĂ© lundi matin l'Ă©preuve de philosophie. Parmi les sujets "Le travail permet-il de prendre conscience de soi ?" et "Le langage n'est-il qu'un outil?". France Info vous propose un plan de correction des sujets par un professeur de philosophie. Les Ă©lĂšves de terminale ont planchĂ© ce lundi sur la philosophie. Voici les sujets des diffĂ©rentes filiĂšres et les corrigĂ©s rĂ©alisĂ©s par Patrick Ghrenassia, professeur de philosophie, auteur du Prepabac Philo chez Hatier et auteur d'un blog chez l'Etudiant .fr En sĂ©rie littĂ©raire "Le langage n'est-il qu'un outil ?" "La science se limite t-elle Ă  constater les faits ?" Expliquer un texte de RenĂ© Descartes extrait de Lettre Ă  Elisabeth A lire ci-dessous > Le corrigĂ© de Patrick Ghrenassia, professeur de philosophie sur le sujet "Le langage n'est-il qu'un outil?" Les piĂšges Ă  Ă©viter Ne pas prendre " outil " ou sens matĂ©riel, mais au sens de mĂ©diaNe pas voir le prĂ©supposĂ© " ne que " suggĂšre qu'on admet que le langage est dĂ©jĂ  un outil, mais pas que cela. Introduction Le langage est une capacitĂ© Ă  communiquer par signes. Il s'objective dans des langues qui sont autant de systĂšmes de signes oraux et Ă©crits. Le langage est gĂ©nĂ©ralement vu comme outil de communication ou d'expression communiquer ses idĂ©es, ou exprimer ses sentiments. Mais le langage peut avoir d'autres fonctions relier "Ă  vide", sans rien communiquer fonction phatique, ĂȘtre une fin en soi comme objet d'art poĂ©sie La question demande si le langage n'est qu'un moyen outil, instrument, un " media " entre un locuteur et un destinataire d'un message, ou si le langage n'est pas au service d'autre chose mais se suffit Ă  soi-mĂȘme, s'il est une fin en soi. Le langage comme "outil " Les mots servent Ă  communiquer et Ă  exprimer. Le langage exprime la pensĂ©e ; c'est pourquoi les bĂȘtes ne parlent pas Descartes Les mots doivent ĂȘtre prĂ©cis et fidĂšles aux choses et aux idĂ©es qu'ils expriment "Ion ", de Platon le mot est l'image de la chose Les signes conventionnels du langage assurent une transmission objective et fidĂšle entre deux ou plusieurs esprits. Le langage ou les langages corporel, gestuel, musical, plastique... sont des "outils " au service de contenus qui les prĂ©cĂšdent. Le langage n'est pas qu'un outil La pensĂ©e ne prĂ©cĂšde pas le langage. Nous pensons dans les mots HegelOn ne peut sĂ©parer la forme langage et le contenu idĂ©es, sentimentsLe langage structure notre vision du monde. Le langage est le fondement de la culture qui place l'homme dans une dimension symbolique, au-dessus des simples besoins naturels. Le mĂ©dia est une fin en soi Le langage est un " outil " mais au sens noble. Car c'est l'outil qui fait l'homme. L'humanitĂ© nait de l'outil manuel silex, hache, et de l'outil symbolique langage, signesL'outil comme " media " devient fin en soi l'humain se dĂ©finit par sa capacitĂ© de mĂ©diation, qui est l'intelligence relier, faire communiquerLe langage est sans doute un outil, mais l'outil est au service de lui-mĂȘme, et les contenus sont secondaires. C'est moins la richesse des idĂ©es qui enrichit le langage que l'inverse l'art et la pensĂ©e sont d'autant plus riches que le langage est riche. L'homme est le fils de ses outils. L'humanisation est confondue avec les outils. Si l'humain est une fin en soi, alors l'outil le mĂ©dia devient une fin en soi. â–șâ–șâ–ș Autre corrigĂ© de la sĂ©rie L du sujet "La science se limite-t-elle Ă  constater les faits?" ProblĂšme constater, c'est prendre acte de l'existence de quelque chose, c'est se contenter de rĂ©colter un fait dĂ©jĂ  donnĂ©. Retouvez la suite du corrigĂ© ici sur le site de notre partenaire l'Etudiant â–șâ–șâ–ș Explication du texte de Descartes, d'aprĂšs le corrigĂ© proposĂ© par le site de l'Etudiant, notre partenaire, il fallait faire un plan en trois parties La personne, une Ă©vidence qui s'imposePrĂ©fĂ©rer l'universel au particulierL'alternative La totalitĂ© du corrigĂ© Ă  lire ici sur le site de notre partenaire pour le baccalaurĂ©at En sĂ©rie ES "Que devons-nous Ă  l'Etat?" "InterprĂšte -t-on Ă  dĂ©faut de connaĂźtre ?" Expliquer un texte d'Anselme extrait De la concorde A lire ci-dessous > Le corrigĂ© de Patrick Ghrenassia, professeur de philosophie pour l'Ă©preuve de sĂ©rie ES pour le sujet "Que devons-nous Ă  l'Etat ? " PiĂšges Ă  Ă©viter Ne pas tomber dans le trivial des impĂŽts, des amendes Ă  payer, etc. Ne pas confondre l'Etat et le gouvernement Ne pas confondre droit et devoir le sujet ne concerne pas nos droits, mais nos devoirs envers l'Etat. La formulation de la question doit ĂȘtre fortement problĂ©matisĂ©e, car elle ne suggĂšre telle quelle aucun plan dialectique. Introduction La question porte sur notre rapport Ă  l'Etat. Elle relĂšve donc du domaine politique, et oblige Ă  mettre en rapport l'individu et l'Etat. "Nous ", c'est-Ă -dire les individus privĂ©s soumis Ă  la loi et contraints d'obĂ©ir Ă  l'Etat, les " sujets "; mais aussi les citoyens, qui participons Ă  la " souverainetĂ© " et Ă  l'Ă©laboration de la loi en dĂ©mocratie. Individuellement et collectivement, Ă  travers ce qu'on appelle un "peuple " ou une " nation ". L'Etat comporte le pouvoir suprĂȘme, et les pouvoirs lĂ©gislatif, exĂ©cutif et judiciaire. Il dĂ©tient le "monopole de la violence lĂ©gitime " Max Weber qui lui permet d'user de la force pour appliquer la loi. L'Etat peut ĂȘtre dĂ©mocratique, et il est alors sensĂ© servir l'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral et garantir les libertĂ©s ; ou il est dictatorial, et il sert l'intĂ©rĂȘt particulier d'un homme, d'un parti ou d'une faction. " Devons-nous ? " interroge sur les devoirs que l'individu et le citoyen a envers l'Etat. En effet, la question est paradoxale au sens oĂč l'on parle souvent des droits de l'homme et du citoyens, c'est-Ă -dire de ce qu'on peut exiger de l'Etat services publics d'Ă©ducation, de santĂ©, de sĂ©curitĂ©, de transports, etc.. Cela correspond aux droits sociaux dĂ©veloppĂ©s au XXe siĂšcle Ă  l'ombre de l'Etat-Providence. Il n'y a pas de droits sans devoirs. Et l'on parle moins souvent des devoirs qui font que l'Etat n'est rien sans le concours et le soutien des citoyens. Par exemple, si tous les citoyens s'abstiennent, il n'y a plus d'Etat dĂ©mocratique. La question amĂšne Ă  se poser la question du fondement et du fonctionnement d'un Etat de droit qui suppose des devoirs civiques, au-delĂ  du seul devoir d'obĂ©issance qui suffit aux Etats tyranniques. Nous devons obĂ©issance Ă  l'Etat Par la force, nous devons obĂ©ir aux lois et au maintien de l'ordre. Nous sommes "sujets " au sens oĂč nous sommes assujettis Ă  la loi. Nous devons respecter l'Etat et ses reprĂ©sentants. Toute agression envers un fonctionnaire est sĂ©vĂšrement punie, car c'est l'Etat qui est symboliquement mis en cause. Nous devons financer l'Etat, car c'est grĂące aux impĂŽts que l'Etat peut fonctionner. l'Etat peur requĂ©rir la force publique pour nous y contraindre. Hobbes le LĂ©viathan donne le modĂšle d'un Etat absolu Ă  qui nous devons une obĂ©issance absolue, gage d'ordre et de paix civile. Nous devons ici une obĂ©issance totale, et renoncer Ă  toutes nos libertĂ©s naturelles ; en Ă©change, l'Etat ne s'engage Ă  rien, sauf Ă  empĂȘcher la guerre civile et le retour Ă  la guerre de tous contre tous Etat de nature Nous devons servir l'Etat En tant que citoyens et " souverain ", nous faisons la loi et nous "sommes " l'Etat, du moins en dĂ©mocratie. Les devoirs civiques vote, Ă©lection, impĂŽt, dĂ©fense... sont fondateurs d'un Etat libre contrĂŽlĂ© par les citoyens Nous devons, Ă  la limite, sacrifier notre vie si la patrie est en danger. C'Ă©tait le sens des armĂ©es rĂ©volutionnaires de 1792 et de la conscription rĂ©publicaine. Les droits de l'Homme exigeaient en Ă©change devoirs et sacrifices de la part du citoyen ! Ces devoirs supposent, non un Etat absolu comme le LĂ©viathan, mais un Etat fondĂ© sur un contrat social Rousseau, c'est-Ă -dire sur des droits et des devoirs entre les citoyens eux-mĂȘmes qui s'engagent rĂ©ciproquement Ă  soutenir l'Etat, leur Etat. La nature de l'Etat dĂ©pend de nos devoirs Si nous ne devons qu'obĂ©issance, nous sommes dans un Etat tyrannique, oĂč l'Etat n'a que des droits et le citoyen que des devoirs. Ici, nous devons tout Ă  l'Etat, et l'Etat ne nous doit rien. Seule la force permet ce " faux contrat social " entre le loup et l'agneau. Un Etat dĂ©mocratique repose sur un vrai contrat social qui fait que l'Etat doit autant aux citoyens droits civiques et sociaux, que les citoyens doivent Ă  l'Etat devoirs civiques. Dans ce cas, le "souverain " est le peuple, et non un dictateur ou un monarque absolu Louis XIV " L'Etat c'est moi ! " Cependant, on peut critiquer cette thĂ©orie du contrat social pour que l'Etat existe et puisse nous assurer biens et services, il faut qu'il ait " le monopole de la violence lĂ©gitime " prĂ©alablement ; pour garantir nos droits, il faut que nous ayons renoncĂ© Ă  toute notre libertĂ© naturelle Ă  son profit. L'Etat dĂ©mocratique ne suppose-t-il pas l'Ă©tablissement prĂ©alable d'un LĂ©viathan ? L'obĂ©issance absolue Ă  l'Etat semble bien ĂȘtre le premier devoir qui rend possible l'Etat-mĂȘme. Ensuite viennent les autres droits et devoirs... Ce qui revient Ă  se demander si le droit fonde la force de l'Etat, ou si c'est toujours la force qui fonde le droit ; et donc le devoir d'obĂ©issance Ă  l'Etat qui fonde les droits exigibles par la suite. â–șâ–șâ–ș Autre corrigĂ© du sujet "InterprĂšte-t-on Ă  dĂ©faut de connaĂźtre ?" Ă  lire sur l'Etudiant , le site de notre partenaire . ProblĂšme l'interprĂ©tation est la recherche d'un sens dans le cadre d'une hermĂ©neutique, la connaissance prĂ©tend, elle, Ă  la vĂ©ritĂ©. La suite du corrigĂ© Ă  lire ici. â–șâ–șâ–șA lire aussi la correction de l'explication du texte d'Anselme Sommes nous libres de nos choix ? Ne sommes nous pas dĂ©terminĂ©s soit par la raison soit par les passions ? Dans ce texte Anselme affirme que le choix rĂ©side dans la volontĂ© seule. La suite de la correction ici sur le site de l'Etudiant, notre partenaire. En sĂ©rie S "Peut-on agir moralement sans s'intĂ©resser Ă  la politique ?" "Le travail permet-il de prendre conscience de soi ?" Expliquer un texte de Henri Bergson extrait de La pensĂ©e et le mouvant . A lire ci-dessous > Le corrigĂ© de Patrick Ghrenassia, professeur de philosophie pour l'Ă©preuve de sĂ©rie S pour le sujet " Peut-on agir moralement sans s'intĂ©resser Ă  la politique ?" L'actualitĂ©, mais aussi l'histoire, soulĂšve souvent une contradiction ou un dĂ©calage entre l'exigence morale et l'action politique "le pouvoir corrompt ", comme disait Saint-Just, et les scandales politiques existent depuis qu'existe la politique Ă  AthĂšnes ou Ă  Rome. Cette question nous invite Ă  relier les champs de la morale et de la politique. Ces deux domaines sont ceux de l'action humaine en sociĂ©tĂ©, de l'action qui met en rapport les hommes Ă  travers des droits et des devoirs. Le sujet ne pose pas la question classique de la moralitĂ© ou de l'immoralitĂ© de l'action politique, mais celle du caractĂšre politique de l'action morale. On demande si la morale peut se dĂ©sintĂ©resser de la politique, ou encore si on peut agir moralement sans s'engager dans l'action politique. La morale peut-elle se suffire ou doit-elle se prolonger dans l'engagement politique ? Le devoir moral a-t-il nĂ©cessairement une dimension collective qui touche Ă  la sociĂ©tĂ©, Ă  la loi et Ă  l'Etat ? Car il s'agit bien d'agir, et non simplement d'observer, de penser ou de juger. Agir moralement, c'est agir selon le bien et la loi morale, c'est faire son devoir, c'est obĂ©ir Ă  " l'impĂ©ratif catĂ©gorique ", comme dit Kant. L'action morale commande mes obligations envers moi-mĂȘme et envers autrui, mais ne regarde que ma conscience. Enfin l'acte moral se juge Ă  son intention, non Ă  son rĂ©sultat seule une " volontĂ© bonne " fait que j'agis moralement, car le rĂ©sultat ne dĂ©pend pas de moi, mais du hasard ou du destin. La politique, au contraire, s'intĂ©resse au rĂ©sultat de l'acte conquĂ©rir et garder le pouvoir, selon Machiavel, ou assurer la libertĂ© et la prospĂ©ritĂ© du peuple, servir l'intĂ©rĂȘt public, selon les LumiĂšres. La politique a souvent Ă©tĂ© accusĂ©e de mettre en Ɠuvre la maxime immorale selon laquelle "la fin justifie les moyens". De fait, un homme politique se juge Ă  son efficacitĂ© et Ă  ses rĂ©sultats, non Ă  ses Ă©tats d'Ăąme et Ă  ses bonnes intentions. Peut-on s'enfermer dans la subjectivitĂ© morale et tourner le dos Ă  une politique nĂ©cessairement " sale " pour garder les " mains propres " ? Ou la morale m'oblige-t-elle Ă  m'engager dans une action politique pour rendre objectifs mes idĂ©aux et mes valeurs ? Puis-je ĂȘtre libre seul et contre tous, ou ne suis-je vraiment libre que si je me bats aussi pour la libertĂ© de tous ? La morale peut-elle se contenter d'une bonne conscience Ă©goĂŻste et frileuse, ou oblige-t-elle Ă  se rĂ©aliser dans une responsabilitĂ© collective ? L'action morale ne s'intĂ©resse pas Ă  la politique L'acte moral ne s'intĂ©resse qu'Ă  l'intention subjective ma conscience sait que j'agis selon mon devoir, et peu importe le rĂ©sultat. Par exemple, je ne dois pas mentir, et cela peut avoir des effets catastrophiques en politique de toujours dire la vĂ©ritĂ©. La politique est rapports de force et lutte pour le pouvoir. Elle s'oppose donc aux devoirs moraux qui supposent le respect d'autrui. La politique est confrontation d'intĂ©rĂȘts particuliers et d'ambitions personnelles, lutte de classes ou compĂ©tition impitoyable. S'intĂ©resser Ă  la politique, c'est accepter que tous les moyens sont bons, c'est accepter cynisme et immoralitĂ©. Epicure illustre cette incompatibilitĂ© de la morale et de la politique. "Pour vivre heureux, vivons cachĂ©s " Horace. Vivre avec ses amis, et se garder de la politique est la garantie du bonheur. Il semble ici qu'on ne puisse agir moralement que si on se dĂ©sintĂ©resse de la politique, car les moyens et les fins s'opposent. S'intĂ©resser Ă  la politique serait la ruine de la conscience morale ; ce serait accepter d'avoir "les mains sales " Sartre Agir moralement oblige Ă  s'engager en politique On ne peut se contenter de faire " la belle Ăąme " Hegel une bonne conscience satisfaite de ses bonnes intentions subjectives est irresponsable, lĂąche et Ă©goĂŻste. La devoir subjectif doit se prolonger en devoir objectif pour changer le monde et assurer un progrĂšs politique. Si la morale est une action, aucune action ne peut faire abstraction du contexte social et politique. Sous l'Occupation, pouvait-on ĂȘtre honnĂȘte et dire toujours la vĂ©ritĂ©, sans risquer de dĂ©noncer des Juifs ou des RĂ©sistants ? "L'engagement politique est une suite logique de l'exigence morale je ne suis pas libre tant l'humanitĂ© entiĂšre ne l'est pas " Sartre. On ne peut se contenter de faire la charitĂ© pour "faire le bien ". Faire le bien pour sa famille, ses amis, son pays, toute l'humanitĂ©, impose de faire des lois, de prendre des responsabilitĂ©s collectives, d'agir sur les Etats. Le bien subjectif doit devenir le bien objectif Hegel, Marx. Agir moralement, c'est agir " en situation ", et donc tenir compte du contexte politique suis-je sous une dictature ou une dĂ©mocratie ? Agir moralement, c'est au minimum s'intĂ©resser Ă  la politique, ou, mieux, s'engager en politique. S'intĂ©resser sans confondre morale et politique Pourtant, on ne peut ignorer que politique et morale ne font pas bon mĂ©nage. Il est difficile de rĂ©ussir en politique en respectant une intĂ©gritĂ© morale. Faut-il donc renoncer ou trouver un Ă©quilibre ? S'intĂ©resser n'est pas forcĂ©ment s'engager. On peut opposer Raymond Aron, "spectateur engagĂ© ", qui garda un regard lucide sur le communisme, Ă  Sartre, fortement engagĂ© dans les mouvements gauchistes et a la responsabilitĂ© des illusions de l'Ă©poque sur le totalitarisme. S'intĂ©resser sans s'engager suppose un certain recul et une certaine distance avec la " chose politique " qui prĂ©serve une libertĂ© de conscience et de jugement moral. La piĂšce de Sartre, " Les mains sales ", dit bien ce risque d'un naufrage moral dans un engagement politique aveugle aux moyens employĂ©s. " S'intĂ©resser Ă  la politique " cette formule rĂ©sume bien le fait qu'on ne vit pas seul, que l'homme est un " animal politique " Aristote, et que tout ce qui est humain a une dimension politique. Mais, en mĂȘme temps, ce rapport a la politique doit ĂȘtre mĂ©diatisĂ© par une conscience morale qui jamais n'abdique devant le machiavĂ©lisme la fin ne saurait justifier tous les moyens. Comme le rĂ©sumait Aristote, le citoyen recherche le bonheur au moyen de la politique il est plus facile d'ĂȘtre heureux dans une citĂ© libre que dans une tyrannie. On ne peut ĂȘtre heureux ou honnĂȘte en faisant abstraction de la politique. Mais la politique est un moyen, non une fin en soi. Cela suppose de bien distinguer l'ordre de la morale et celui de la politique soumettre la morale Ă  la politique serait cynisme et machiavĂ©lisme ; rĂ©duire la politique Ă  la morale serait angĂ©lisme, naĂŻvetĂ© de " belle Ăąme ", et irresponsabilitĂ©. Les piĂšges Ă  Ă©viter Ne pas se prĂ©cipiter sur l'actualitĂ© et faire un contresens. Ne pas inverser la question et ne pas traiter " peut-on faire de la politique sans ĂȘtre moral " Ne pas oublier qu'il s'agit d'agir, d'action cohĂ©rente ; non simplement de conscience, d'idĂ©es ou de sentiments. D'oĂč le nĂ©cessaire passage de la subjectivitĂ© morale Ă  l'objectivitĂ© politique. â–șâ–șâ–șAutre corrigĂ© Ă  lire sur le site internet de notre partenaire l'Etudiant . "Le travail permet-il de prendre conscience de soi?" ProblĂšme le travail, c'est d'abord le labeur auquel nous sommes tous soumis en tant qu'animal soumis au processus vital et aux mĂȘmes besoins qui ne nous distinguent pas les uns des autres mais le travail, c'est aussi le fait de transformer la matiĂšre pour produire quelque chose, faire un ouvrage, une Ɠuvre pouvant ĂȘtre en accord avec nos dĂ©sirs qui eux sont censĂ©s nos appartenir et dĂ©finir, la suite Ă  lire sur le site internet de l'Etudiant ici. â–șâ–șâ–ș Le corrigĂ© de l'explication de texte de Bergson , Ă  lire sur le site de notre partenaire l' L'auteur examine la question de la dĂ©finition d'un jugement vrai. Si la rĂ©ponse Ă  cette question semble satisfaisante comme adĂ©quation de la vĂ©ritĂ© Ă  la rĂ©alitĂ©, il n'en reste pas moins difficile Ă  comprendre que cette adĂ©quation n'est pas Ă  penser comme le rapport d'une copie Ă  son modĂšle, la suite du corrigĂ© ici. > L'interview de Patrick Ghrenassia, agrĂ©gĂ© de philosophie auteur du livre PrĂ©pabac Philosophie chez Hatier. Il Ă©tait l'invitĂ© de France info ce lundi midi pour revenir sur l'Ă©preuve de philosophie du baccalaurĂ©at En sĂ©rie technologique STG Les Ă©lĂšves sauf ceux de la sĂ©rie TMD techniques de la musique et de la danse avaient trois sujets ce lundi aprĂ©s-midi "Etre libre, est-ce n'obĂ©ir Ă  aucune loi?" "La diversitĂ© des cultures sĂ©pare-t-elle les hommes? Explication d'un texte de Descartes de RĂšgles pour la direction de l'esprit. â–șâ–șâ–ș CorrigĂ© du sujet "Etre libre, n'est-ce obĂ©ir Ă  aucune loi ? " sur le site de notre partenaire de l'Étudiant. OĂč l'on apprend notamment que pour le sens commun, la libertĂ© se rĂ©duit Ă  faire ce que l'on veut, et ce qui est extĂ©rieur Ă  nos propres dĂ©sirs apparaĂźt alors comme une entrave pour l'accomplissement sans limite et absolu de ces derniers. â–șâ–șâ–ș CorrigĂ© du sujet "La diversitĂ© des cultures sĂ©pare-t-elle les hommes ? " Ă  retrouver lui aussi sur le site de notre partenaire. â–șâ–șâ–ș CorrigĂ© de l'explication de texte de Descartes Ă  lire sur le site internet de l'Etudiant. Dans ce texte, Descartes affirme que la connaissance ne peut pas ĂȘtre fondĂ©e sur la majoritĂ© des opinions, la suite Ă  lire ici.
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Philosophie- Devoir Maison. Quelques réserves sur le texte de Bergson : 1) Sur la vivacité de la conscience : Nous pouvons rester dans l'indécision, si le choix à faire est trop difficile. Ce philosophe s'intéresse au domaine de l'existence hypothétique ou non de l'ùme et

Le temps est une dimension de la conscience. Dans Essai sur les donnĂ©es immĂ©diates de la conscience, Henri Bergson remet en question la conception du temps partagĂ©e par le sens commun, la philosophie et la science. Il montre que l’écoulement du temps est autant, sinon davantage une propriĂ©tĂ© liĂ©e Ă  la perception individuelle du sujet qu’une dimension mesurable de la rĂ©alitĂ©. >> La critique de la raison pure de Kant sur un post-it Le temps est une donnĂ©e objective liĂ©e Ă  l’espace. Bergson montre en effet qu’il correspond en pratique Ă  la mesure d’une rĂ©pĂ©tition dans l’espace. Comme il peut ĂȘtre prĂ©cisĂ©ment mesurĂ© avec un chronomĂštre, une montre, un calendrier, etc., il est donc divisĂ© et spatialisĂ©. Le philosophe illustre son explication en analysant la consultation d’une horloge Quand je suis des yeux, dĂ©crit-il, sur le cadran de l’horloge, le mouvement de l’aiguille qui correspond aux oscillations du pendule, je ne mesure pas de la durĂ©e, comme on paraĂźt le croire ; je me borne Ă  compter des simultanĂ©itĂ©s 
 En dehors de moi, dans l’espace, il n’y a jamais qu’une position unique de l’aiguille et du pendule, car des positions passĂ©es il ne reste rien » Essai sur les donnĂ©es immĂ©diates de la conscience. L’observateur qui compte soixante secondes se ne fait donc que remplacer, Ă  soixante reprises, une oscillation par un autre dans l’espace. Or, les diffĂ©rentes positions de l’aiguille n’ont aucun lien entre elles, car elles n’indiquent que du prĂ©sent. Ainsi, pour Bergson, la mesure du temps physique n’équivaut en rĂ©alitĂ© qu’à la mesure de l’espace. DĂšs lors, et le sens commun et la science se reprĂ©sentent en fait le temps grĂące Ă  l’espace, un milieu homogĂšne et extĂ©rieur Ă  la conscience humaine. >> La mĂ©thode expĂ©rimentale de Claude Bernard sur un post-it Bergson oppose le temps de la science et la durĂ©e de la conscience Le temps se distingue de la durĂ©e. Celle-ci dĂ©signe, dans la terminologie de Bergson, le temps psychologique qui est lui subjectif et relatif. Alors que le temps est extĂ©rieur Ă  l’homme, la durĂ©e lui est intime. Comme elle est Ă©prouvĂ©e par le sujet, elle ne peut pas ĂȘtre divisĂ©e ni mesurĂ©e, car la conscience est un flux homogĂšne. Le philosophe illustre cette spĂ©cificitĂ© de la durĂ©e en donnant l’exemple de la perception de la fonte d’un sucre dans l’eau si je veux me prĂ©parer un verre d’eau sucrĂ©e, explique Bergson, j’ai beau faire, je dois attendre que le sucre fonde. Ce petit fait est gros d’enseignements. Car le temps que j’ai Ă  attendre n’est plus ce temps mathĂ©matique qui s’appliquerait aussi bien le long de l’histoire entiĂšre du monde matĂ©riel, lors mĂȘme qu’elle serait Ă©talĂ©e tout d’un coup dans l’espace. Il coĂŻncide avec mon impatience, c’est-Ă -dire avec une certaine portion de ma durĂ©e Ă  moi, qui n’est pas allongeable ni rĂ©trĂ©cissable Ă  volontĂ©. Ce n’est plus du pensĂ©, c’est du vĂ©cu » Essai sur les donnĂ©es immĂ©diates de la conscience. Ainsi, la durĂ©e Ă©prouvĂ©e par la conscience est diffĂ©rente du temps des horloges parce qu’elle est propre Ă  l’individu, Ă  un Ă©tat d’esprit, Ă  certaines circonstances, ou Ă  une sociĂ©tĂ©. Elle est pour Bergson le temps vĂ©ritable, inaccessible pour la science. >> Le Cogito de Descartes sur un post-it Le temps ne permet pas de tout comprendre de l’homme. En opposant, d’une part, le temps fictif, abstrait, homogĂšne et vide des scientifiques, et d’autre part, le temps vĂ©cu de la durĂ©e pure, Bergson veut dĂ©montrer l’incapacitĂ© de la science Ă  maĂźtriser le temps rĂ©el dans lequel Ă©volue l’individu. À la vĂ©ritĂ©, le scientifique ne peut pas atteindre l’épaisseur de la vie, c’est-Ă -dire les qualitĂ©s vĂ©cu, mĂ©moire, dĂ©sirs, etc. qui caractĂ©risent la conscience individuelle et Ă©chappent totalement Ă  l’exactitude mathĂ©matique. La science ne fait dĂšs lors que donner l’illusion qu’elle saisit le temps vĂ©cu elle substitue Ă  la durĂ©e un Ă©quivalent symbolique qui n’est qu’une reprĂ©sentation pratique. De ce point de vue, sa fonction n’est pas de produire de vĂ©ritables connaissances, mais de l’action. Il est de l’essence de la science, en effet, Ă©crit Bergson, de manipuler des signes qu’elle substitue aux objets eux-mĂȘmes. [
] Pour penser le mouvement, il faut un effort sans cesse renouvelĂ© de l’esprit. Les signes sont faits pour nous dispenser de cet effort en substituant Ă  la continuitĂ© mouvante des choses une recomposition artificielle qui lui Ă©quivaille dans la pratique et qui ait l’avantage de se manipuler sans peine » Essai sur les donnĂ©es immĂ©diates de la conscience. Par consĂ©quent, Bergson considĂšre que la philosophie et la mĂ©taphysique, qui ne recourent pas Ă  la mĂ©diation du symbolisme scientifique, sont plus Ă  mĂȘme de saisir la rĂ©alitĂ© humaine dans son authenticitĂ©. >> La mĂ©thode de Descartes sur un post-it source

lesnĂ©cessitĂ©s de l’action tendent Ă  limiter le champ de la vision. » Henri Bergson, La pensĂ©e et le mouvant Il faut ĂȘtre attentif Ă  la premiĂšre phrase (thĂšse de l’auteur) : l’art viserait c’est-Ă -dire
Annalesgratuites Bac S : BERGSON, La pensée et le mouvant, 1934. Le sujet 2013 - Bac S - Philosophie - Commentaire d'un texte philosophique. Avis du professeur : Texte de Bergson trÚs connu sur la vérité. Sans difficulté particuliÚre pour un élÚve de S qui doit avoir un bon cours sur la connaissance et le réel. LE SUJET ET SON CORRIGE.
LaPensée et le Mouvant est un livre du philosophe français Henri Bergson, paru en 1934 chez Félix Alcan à Paris.Il s'agit d'un recueil de IX articles précédemment parus entre 1903 et 1923, augmentés d'une introduction inédite qui représente un tiers de l'ouvrage.Il s'agit du dernier livre publié par Bergson. Il a été réédité en 1938 aux Presses universitaires de France, et
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CommentairecorrigĂ© du texte : Bergson, L'Energie spirituelle : "Conscience est synonyme de choix", proposĂ© par bĂ©nĂ©.f (Ă©lĂšve). Texte de Bergson, " Leçons de morale " - Annale corrigĂ©e de Philosophie Terminale L sur Annabac.com, site de rĂ©fĂ©rence. Explication Texte De Bergson. À ceux-lĂ  nous allons tout droit, Ă  celle-ci nous ne venons que par un dĂ©tour ; car c’est seulement ug88iLb.
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  • corrigĂ© explication de texte bergson la pensĂ©e et le mouvant