Plusd'un siÚcle aprÚs, ce vendredi 23 février 2018, la police marseillaise a retrouvé les descendants de ce poilu en CÎte-d'Or et pu remettre la missive à sa famille.
Le 27 novembre 1914, deux escouades de la 1Ăšre compagnie du 298e RĂ©giment d'Infanterie sont surprises par les allemands dans une tranchĂ©e Ă proximitĂ© de VINGRĂ Aisne. Une dizaine de soldats sont pris par l' ennemi; les autres se replient dans une tranchĂ©e arriĂšre et reprennent leur position au dĂ©part des allemands. Le caporal Henry FLOCH greffier de la justice de paix Ă Breteuil, dans le civil, prisonnier des allemands, profite d'une bousculade pour s'enfuir. Vingt-quatre soldats appartenant aux deux escouades seront jugĂ©s par un conseil de guerre pour abandon de poste en prĂ©sence de l'ennemi, le 3 dĂ©cembre 1914. parmi eux se trouve Henry FLOCH, qui Ă la suite de directives du conseil de guerre prĂ©sidĂ© par le gĂ©nĂ©ral de Villaret, sera tirĂ© au sort avec cinq autres camarades pour ĂȘtre fusillĂ©. Il sera exĂ©cutĂ© pour l'exemple le 4 dĂ©cembre 1914. Ces six poilus seront rĂ©habilitĂ©s solennellement par la cour de cassation le 29 janvier 1921. On les appelle " les martyrs de VingrĂ© ". Les anciens combattants du 298Ăš rĂ©giment d'infanterie ont fait Ă©difier Ă VingrĂ© en bordure de la dĂ©partementale 138, Ă la sortie du village, un monument Ă©rigĂ© Ă la mĂ©moire de leurs six camarades fusillĂ©s. Voici l'Ă©mouvante lettre adressĂ©e par FLOCH Ă sa femme Lucie, la veille de son exĂ©cution. Elle figure avec de nombreuses autres lettres dans un recueil intitulĂ© " Paroles de Poilus " publiĂ© dans la collection LIBRIO. VingrĂ©, le 4 dĂ©cembre "Ma bien chĂšre Lucie, Quand cette lettre te parviendra, je serai mort fusillĂ©. Voici pourquoi Le 27, novembrevers 5 heures du soir, aprĂšs un violent bombardement de deux heures, dans une tranchĂ©e de premiĂšre ligne, et alors que nous finissions la soupe, des Allemands se sont amenĂ©s dans la tranchĂ©e, m'ont fait prisonnier avec deux autres camarades. J'ai profitĂ© d'un moment de bousculade pour m'Ă©chapper des mains des Allemands, J'ai suivi mes camarades, et ensuite, j'ai Ă©tĂ© accusĂ© d'abandon de poste en prĂ©sence de l'ennemi. Nous sommes passĂ©s vingt-quatre hier soir au Conseil de Guerre. Six ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă mort dont moi. Je ne suis pas plus coupable que les autres, mais il faut un exemple. Mon portefeuille te parviendra et ce qu'il y a dedans. Je te fais mes derniers adieux Ă la hĂąte, les larmes aux yeux, l'Ăąme en peine. Je te demande Ă genoux humblement pardon pour toute la peine que je vais te causer et l'embarras dans lequel je vais te mettre. Ma petite Lucie, encore une fois, pardon. Je vais me confesser Ă l'instant, et espĂšre te revoir dans un monde meilleur. Je meurs innocent du crime d'abandon de poste qui m'est reprochĂ©. Si au lieu de m'Ă©chapper des Allemands, j'Ă©tais restĂ© prisonnier, j'aurais encore la. vie sauve. C'est la fatalitĂ©. Ma derniĂšre pensĂ©e, Ă toi, jusqu'au bout. Henry Floch" Cette lettre a Ă©tĂ© Ă©crite par le Caporal Henry FLOCH du 298e de Roanne qui fut fusillĂ© par l'armĂ©e française le 4 dĂ©cembre 1914 aprĂšs une parodie de procĂšs, pour l'exemple, avec cinq autres soldats, aux motifs de "dĂ©sertion et d'abandon de poste Ă l'ennemi". C'Ă©taient un des "Martyrs de VingrĂ©". Il a Ă©tĂ© rĂ©habilitĂ© le 29 Janvier 1921
Parcequâil en reste lâessentiel : un magnifique et poignant message dâun pĂšre Ă son fils A vrai dire, cette lettre est universelle. Elle aurait pu ĂȘtre Ă©crite nâimporte oĂč, par nâimporte qui, Ă nâimporte quelle Ă©poque, le message quâelle dĂ©livre reste valable pour tout le monde : un vieux pĂšre en fin de vie a besoin de son grand fils, comme un jeune enfant a
Lettres dâun poilu de CouffĂ© souvenir de la guerre 14-18 Seules quelques familles ont eut la chance de retrouver les lettres que leur aĂŻeul envoyait du front. Dans ces lettres se trouvent toute la vie et les pensĂ©es quâun poilu avait dans les tranchĂ©es. LâĂ©criture Ă©tait pour eux un rĂ©confort, je suis content que tu mâĂ©cris câest la seule consolation » lettre du 1er mars 1915, cela leur permettait de garder contact avec leur famille et dâavoir des nouvelles autres que celles du front. Louis fut lâun de ces soldats perdu dans la multitude de ceux qui survivaient sur le champ de bataille. Louis a 33 ans quand la guerre Ă©clate en 1914. Il est originaire de CouffĂ©, une petite commune de Loire Atlantique, non loin dâAncenis. Il y habite avec sa femme Louise et ses enfants Louis et Marie-Louise. Le 14 novembre 1902, ce jeune homme de 20 ans, encore cĂ©libataire, quitte ses parents pour aller faire son service militaire au sein du 28Ăšme RĂ©giment dâArtillerie de Rennes comme 2Ăšme canonnier servant soldat affectĂ© Ă une piĂšce dâartillerie. Il y restera un an avant dâĂȘtre dĂ©mobilisĂ© et de retourner Ă CouffĂ©. Le CET des pluches les Ă©plucheurs de patates Ă lâarmĂ©e, collection privĂ©e Quelques annĂ©es plus tard, en 1910, il Ă©pousa Louise dont il aura 2 enfants, Louis en 1911 et Marie Louise en 1913. Presquâun an aprĂšs la naissance de sa fille la guerre Ă©clata et il fut appelĂ© sous les drapeaux comme des millions dâautres hommes quâils soient français, britanniques, allemands⊠quand il reviendra ses enfants auront bien grandi. ____________________________________________________________ La guerre est dĂ©clarĂ©e Le 28 juin 1914 lâarchiduc François Ferdinand, hĂ©ritier du trĂŽne dâAutriche-Hongrie, est assassinĂ© avec sa femme Ă Sarajevo. Cet Ă©vĂ©nement dĂ©clenchera, le 3 aoĂ»t 1914, un conflit mondial qui durera 5 ans opposant deux camps, la Triple Entente France, Royaume-Uni, Russie et la Triple Alliance Allemagne, Empire austro-hongrois, Italie. DĂ©clarations de guerre en 1914 L'Autriche Ă la Serbie le 28 juillet, Ă la Russie le 5 aoĂ»t. L'Allemagne Ă la Russie le 1er aoĂ»t, Ă la France le 3 aoĂ»t, Ă la Belgique le 4 aoĂ»t. Le Royaume-Uni Ă l'Allemagne, le 4 aoĂ»t, Ă l'Autriche le 13 aoĂ»t. Le Japon Ă l'Allemagne le 23 aoĂ»t. La France et le Royaume-Uni Ă la Turquie le 3 novembre. ____________________________________________________________ Le 1er aoĂ»t 1914, lâordre de mobilisation est donnĂ©e en France, Louis reçoit le sien, ainsi il part laissant femme et enfants comme des millions dâautres. Il part muni de son livret militaire dans lequel se trouvait son fascicule de mobilisation. C'est grĂące Ă ce document de 4 pages que chaque homme savait exactement quoi faire une fois la mobilisation dĂ©crĂ©tĂ©e. Il existait 5 couleurs de fascicule suivant le mode de transport ou le type dâaffectation, Louis, prenant le chemin de fer dut en recevoir un rose. Lâacheminement des soldats vers leur base de cantonnement se fit par le biais du chemin de fer ou Ă pied, millions de rĂ©servistes vont dire adieu Ă leur famille ne sachant quand ils les reverront. Ils partent avec le sentiment dâavoir Ă dĂ©fendre leur pays et que la guerre sera courte. Le consentement de la population rĂ©pond Ă la menace qui pĂšse sur la patrie, sur le sol français et sur les familles. Dans une armĂ©e composĂ©e de jeunes soldats et dâun grand nombre d'hommes mariĂ©s et pĂšres de famille, la dĂ©fense et la protection des siens », revĂȘtent une importance capitale. Archives nationales française Louis est dâabord incorporĂ© Ă lâartillerie divisionnaire puis au 2Ăšme RĂ©giment dâArtillerie Coloniale 2Ăšme RAC et convoquĂ© le 4 aoĂ»t Ă Brest, notamment au fort de lâIle Longue dâoĂč il Ă©crit Ă Louise. Il y dĂ©crit les nombreux militaires qui sont cantonnĂ©s Ă Brest et quâil voit les navires cuirassers, les contre-torpilleurs, les torpilleurs, les bateaux hĂŽpitalles ». Certains soldats nâont pu se rĂ©soudre Ă abandonner leur famille, un sergent dâinfanterie qui est avec nous il a amenĂ© sa femme et ses deux enfants », un autre qui venait avec un enfant de 10 mois dans ses bras quâil a remis a lâhĂŽpital et il a laissĂ© sa femme morte Ă la maison » lâon en voit de toutes les couleurs, chacun raconte ses misĂšres » lettre du 22 juillet 1914. ____________________________________________________________ Le Port de Brest Pendant la PremiĂšre Guerre mondiale, le port de Brest, loin du front, voit dĂ©barquer de nombreuses troupes Ă©trangĂšres russes, portugaises, amĂ©ricaines⊠qui rejoignent les lieux de combats. Le pays de Brest accueille les premiĂšres bases aĂ©ronavales avec les dĂ©buts de l'aviation militaire. Troupes britanniques 1914 Troupes portugaises 1917 LâIle Longue Elle se situe dans la rade de Brest sur la commune du Crozon et accueillera Ă partir dâoctobre 1914 un camp de prisonniers. Y seront enfermĂ©s essentiellement des intellectuels et artistes allemands, autrichiens, hongrois, alsaciens et lorrains. Les derniers prisonniers partiront en dĂ©cembre 1919. Construction du camp sur lâile 1914 ____________________________________________________________ Au cours de son sĂ©jour Ă Brest, Louis passe probablement de lâartillerie divisionnaire Ă la 22Ăšme Batterie dâartillerie Ă pied du 2Ăšme RAC mais cela ne reste quâune hypothĂšse toute fois les dates de garnison correspondent. Il restera en cantonnement dans la ville jusquâau 27 aoĂ»t 1914 oĂč il est dirigĂ© vers le Havre, autre grand port en France qui verra dĂ©barquer les troupes alliĂ©es afin dâalimenter le front en hommes, je te disais quâon en voit du monde, toujours ils arrivent des anglais, nous travaillons avec les amĂ©ricains ils sont aprĂšs leurs autos. » Lettre du 1er septembre 1914. Il y restera jusquâau 1er juin 1915, date Ă laquelle il partira pour le front. Durant toute la durĂ©e quâil est au Havre il Ă©crit quotidiennement ou presque Ă sa femme afin de lui dĂ©peindre ses journĂ©es Ă lâarriĂšre du front. Durant son sĂ©jour au Havre il ne semble pas passer son temps Ă nettoyer les autos » il travaille dans les champs et sur des chantiers et oui il faut bien remplacer tous ceux qui sont partis se battre et donc les fermes avoisinant la ville font la demande de soldats pour les aider. De plus il faut aussi travailler la terre pour pouvoir nourrir lâarmĂ©e aujourdâhui arrivant de notre chantier je tâenvoie cette carte pour te dire que le travail est assez plaisant, lâon trouve le temps moins long quâĂ la ferme oĂč nous Ă©tions ». Lettre du 1er septembre 1914. Pour le travail quâil effectua Ă la ferme le patron nous a dit quâil nous donnerai 30 sous par jour câest mieux que de gagner 1 sous » lettre du 30 mars 1915 Le peu dâargent quâil gagne lui sert pour ses frais courants ce qui Ă©vite Ă Louise de lui en envoyer. En plus dâaccueillir les troupes fraiches, la ville devient un grand hĂŽpital pour les blessĂ©s qui ne cessent dâarriver. Les Ă©coles au Havre et aux alentours, Rouen et bien dâautres villes les plus rapprochĂ©s des opĂ©rations vont ĂȘtre Ă©vacuĂ©s pour ĂȘtre transformer en hĂŽpital. Le GĂ©nĂ©ral Joffre demande cent milles lits de prĂȘts pour le 15 mars pour recevoir les blessĂ©s probables quâil sâattend avoir, fort coup ça va ĂȘtre terrible pour quâil sâattend Ă cent mille blessĂ©s il faut compter autant de morts que de familles en deuil. Quand on y pense ça donne Ă rĂ©flĂ©chir, ceux qui vont se trouver en premiĂšre ligne vont prendre quelque chose. On veut soit disant prendre lâoffensive, ça veut dire les dĂ©loger de leur tranchĂ©es, je suis encore heureux dâĂȘtre dans ce rĂ©giment⊠» Lettre du 1er mars 1915. Les hommes qui reviendront chez eux ne le seront pas toujours indemne, nombreux seront ceux qui reviendront mutilĂ©s. Dans sa lettre du 10 mai 1915 il parle du frĂšre dâun de ses camarades qui avait deux jambes de coupĂ©s et tu crois que ce nâest pas trop triste vaudrait mieux la mort ce ne serait pas plus triste et combien dâautre, partout câest la misĂšre chacun en a sa part. Lâautre jour on en a dĂ©corĂ© un qui avait un bras et une jambe couper et un Ćil dâarracher⊠» En plus dâaccueillir des hommes, le port voit arriver du matĂ©riel notamment venus dâAmĂ©rique, nous travaillons toujours Ă nos autos, il en vient tous les jours dâAmĂ©rique. »Lettre du 29 dĂ©cembre 1914 Source privĂ©e Le temps oĂč Louis travaillait dans les champs prĂȘt du Havre est dĂ©sormais rĂ©volu, le 1er juin 1915 il est affectĂ© Ă lâarmĂ©e active et part donc pour le front. Sa batterie est dirigĂ©e en cantonnement vers Belfort, Ă 30km de la ligne de front. ____________________________________________________________ Belfort DĂšs le 3 aoĂ»t 1914, Belfort, situĂ© Ă 30km du front, est mis en Ă©tat de siĂšge et la ville passe donc sous le contrĂŽle de lâarmĂ©e. DĂšs lors la population est Ă©vacuĂ©e de la ville Ă lâexception de certains hommes. 20 Ă 25 000 personnes sont contraintes de partir, elles ne pourront revenir quâĂ partir du 15 aoĂ»t 1915, Ă©poque Ă laquelle Louis y est stationnĂ©. Ăvacuation de Belfort en 1914 Durant toute la guerre une garnison de 70 000 hommes environ vivront sur le dos de la population, lâarmĂ©e rĂ©quisitionnant nourriture, chevaux, ferme, matĂ©riel⊠De 1914 Ă 1915 se trouvera entre autre stationnĂ© Ă Belfort des troupes de rĂ©serve ou en repos comme le 235Ăšme, 242Ăšme, 371Ăšme, 372Ăšme, 35Ăšme, 42Ăšme, 171Ăšme, et 172Ăšme RĂ©giment dâInfanterie, la 28Ăšme Brigade dâInfanterie, une partie du 2Ăšme RĂ©giment dâArtillerie dont la batterie de Louis et la 11Ăšme Dragons de la cavalerie. Ătant juste Ă lâarriĂšre des lignes, la ville, en plus de lâarmĂ©e de cantonnement voit arriver de nombreux blessĂ©s qui seront en partie soignĂ©s sur place. Les soldats nâont que peu de mĂ©dicaments pour se soigner sur place. Parmi ces blessĂ©s certains repartiront sur le front et dâautres plus gravement atteint seront Ă©vacuĂ©s vers des hĂŽpitaux. Câest ainsi que les rues seront envahies dâambulances dĂ©chargeant et chargeant des blessĂ©s et faisant sans cesse des allers-retours entre le front et lâarriĂšre. Cette guerre sera une vĂ©ritable boucherie ». DĂšs le dĂ©but du conflit le nombre des blessĂ©s est impressionnant que l'on ne peut tous les soigner. Ils Ă©taient triĂ©s et les mĂ©decins s'occupaient d'abord de ceux qui pouvaient retourner au combat avant de prendre en charge les blessĂ©s plus important. Les mutilĂ©s furent nombreux, on les surnomma les gueules cassĂ©es » l'usage d'armes comme les shrapnels obus Ă balles ou les obus Ă haut pouvoir explosif provoqua des dĂ©gĂąts considĂ©rables sur les corps humains. Jamais, comme pendant la PremiĂšre Guerre mondiale, les hommes revenus vivants n'ont Ă©tĂ© aussi abĂźmĂ©s. Ă leur retour chez eux, il leur a fallu affronter le regard des civils. Les gueules cassĂ©es ont le plus souvent Ă©tĂ© des objets de dĂ©goĂ»t, malgrĂ© les premiers progrĂšs de la chirurgie rĂ©paratrice. En plus des mĂ©decins il y avait de nombreuses infirmiĂšres, religieuses ou civils, qui prenaient soin des malades ou qui accompagnaient les derniers moments de vie dâun soldat. La dĂ©lĂ©gation des Gueules cassĂ©es Ă Versailles, le 28 juin 1919 Historial de la Grande Guerre de PĂ©ronne Le personnel infirmier de l'hĂŽpital auxiliaire n°105 de Belfort Coll. MusĂ©e du service de santĂ© des armĂ©es, DR. HĂŽpital français 1914-1918 NĂ©cessaire mĂ©dical dâun soldat NĂ©cessaire mĂ©dical dâun soldat ____________________________________________________________ Ă la diffĂ©rence du Havre, Ă Belfort Louis ne travaille pas dans une ferme, lâambiance Ă changer il doit dĂ©sormais sâentrainer pour le combat, Ă tous moments il peut ĂȘtre envoyĂ© se battre. Alors tous les jours lâon fait la manĆuvre de canons de toutes les sortes. Il y en a de 10 sortes, ce nâest pas facile de se rappeler de tout ça. » lettre du 29 juillet 1915 nous travaillons de demi Ă demi, les soirs la moitiĂ© dâentre nous un soir et lâautre le soir dâaprĂšs jusquâĂ temps que tout le matĂ©riel soit arrivĂ©, câest bien du travail que de faire une guerre comme ça. La journĂ©e a Ă©tĂ© assez calme, aujourdâhui les avions nous ont pas beaucoup dĂ©ranger. Hier soir il y a un avion français qui a partie faire sa visite sur les lignes allemandes. Lâon le voyait faire sa manĆuvre, quand ils lâon aperçut les pruneaux ne manquant pas alentours de lui mais il nâavait pas peur. Lâon le voyait encadrĂ© dans les coups de canons mais pour se moquer dâeux il faisait des tours et demi tour comme pour le dire tirer toujours vous ne me tenez pas malgrĂ© la vive cannonade. Il a fait son parcours et il nâa rien attrappĂ© , câest assez difficile a attrappĂ©, on dit que celui lĂ câest un aviateur trĂšs calé⊠» lettre du 13 aoĂ»t 1915 Ce que Louis dĂ©crit Ă sa femme sont les dĂ©but de lâaviation dans la guerre, il se peut que les exploits de cet aviateur soient ceux dâun pilote cĂ©lĂšbre stationnĂ© Ă la mĂȘme pĂ©riode Ă Belfort, Adolphe PĂ©goud qui sera tuĂ© lors dâun duel aĂ©rien au dessus de Petit Croix le 31 aoĂ»t 1915 soit juste quelques semaines aprĂšs cette lettre. Au dĂ©but utilisĂ© pour des missions de reconnaissance les avions furent rapidement utilisĂ©s pour bombarder et pour les duels aĂ©riens. Si avant la guerre ils nâĂ©taient pas encore au point pour le combat, les avancĂ©s durant ses 5 ans seront trĂšs rapides au point dâen faire un atout indispensable Ă la fin de la guerre. Artillerie en 1914-1918 Canon de 75 ModĂšle 1897 Canon de 120 L ModĂšle 1878 Canon de 138 mm ModĂšle 1910 Obusier court de 155 mm Ă tir rapide Rimailho » Canon de 155mm GPF Canon de 155 C modĂšle 1917 Schneider Canon de 155 L ModĂšle 1877 Canon de 240 ModĂšle 1884 Mortier de 220 ModĂšle 1880 Mortier de 270 ModĂšle 1885 Ă partir du mois de septembre plus aucune mention du lieu oĂč Louis se trouve nâapparait sur ses lettres, il semblerait quâĂ partir de cette pĂ©riode il ait rejoint, avec sa batterie, la rĂ©gion de Pontavert dans lâAisne. Ă prĂ©sent lâon va en marche tous les jours. Tous les matins de 6h Ă 1h et lâaprĂšs-midi on nous emplois Ă faire des corvĂ©es des revus dans une maniĂšre on nâest guĂšre plus tranquille quâau front mais on est tout de mĂȘme mieux. » lettre du 23 octobre 1915 Cela ne fait quâun an que les hommes sont partis de chez eux et leur moral nâest pas des plus heureux mentionne quelques fois Louis. Quand donc que le beau jour de la paix arrivera. Je tâassure que ce jour est rĂ©clamer souvent car on commence Ă en avoir assez de ce triste mĂ©tier. » lettre du 23 octobre 1915 Dâautres ont peur de devoir partir se battre Pierre il me dit quâil a la frousse de partir au front » lettre du 29 dĂ©cembre 1914. Ces hommes qui doivent partir se battre savent parfaitement que le champ de bataille est un lieu oĂč ils risquent, dans le meilleur des cas, de revenir blessĂ© voir mĂȘme mutilĂ© pour certain et dans le pire des cas ils y mourront. Certain tenteront mĂȘme de dĂ©serter, quand ils seront rattrapĂ©s ils seront jugĂ©s soit Ă une peine de prison soit Ă servir dâexemple et ĂȘtre fusillĂ©, on parle alors des fusillĂ©s pour lâexemple ». Dans bien des cas ces soldats ne seront coupables que dâavoir eu peur de mourir sur le champ de bataille. Aujourdâhui il en a Ă©tĂ© condamnĂ© un pour 5 ans, il avait dĂ©sertĂ©. Il est de notre batterie et en dĂ©sertant il sâest fait arrĂȘter par une sentinelle a peut ĂȘtre 4km dâoĂč nous sommes. Il lui on demandĂ© le mot et il cherchait Ă se sauver la sentinelle a tirĂ© dessus, la balle lâa attrapĂ© dans le dos, il sâest baissĂ© au coup et la balle lui a frangĂ© les reins, sa veste et sa chemise, il nây au que la peau de frangĂ©e⊠On nous a lu sa condamnation, il y avait 4 batteries en armes et lui Ă passer devant nous pour montrer lâexemple, on en voit de toutes les maniĂšres, ensuite les gendarmes lâont pris et lâont emmenĂ© oĂč je nâen sais rien, il nây a pas Ă faire le rebelle. » lettre du 10 juin 1916 Au total se sera 953 soldats français qui seront fusillĂ©s entre 1914 et 1918, dont 639 pour dĂ©sobĂ©issance militaire, 140 pour des faits de droit commun, 127 pour espionnage et 47 pour motifs inconnus. Le Monde, 27 octobre 2014, "Le nombre des fusillĂ©s de la Grande Guerre est revu Ă la hausse" Poilus, collection privĂ©e En ce dĂ©but 1916 le front ne bouge pas dans le coin oĂč se trouve Louis lâon est toujours au mĂȘme point ça nâavance ni ça recule. Je ne comprends rien dans une guerre comme ça, aussi avec des fortifications comme lâon fait ce nâest pas facile des 2 cotĂ©s de bouger de place. » lettre du 4 janvier 1916. Le temps est long pour les soldats vivant dans les tranchĂ©s, nous faisons toujours le mĂȘme travail » lettre du 13 janvier 1916. Afin de passer le temps ces hommes fabriquent divers objets avec ce quâils ont sous la main du bois, des cartouches dâartillerie⊠Parmi les objets que Louis fabriquera on aura des boutons en plomb qui devaient manquer Ă ses vĂȘtements, une bague pour sa femme ou encore 2 croix quâil enverra Ă sa femme pour ses enfants. Je tâenvoie un petit colis ou sont les petites croix. Elles sont dans une petite boite dâallumette et jâai mis un journal a les enveloppĂ©es et jâai cousu ça. Il y en a une qui est un peu plus grande que lâautre tu la donneras Ă Louis. Je les ai percĂ©e tu pourras leur mettre une petite chaine si tu en trouve. Jâai envi de te faire une autre bague car celles que tu as ne sont pas trĂšs belles. » lettre du 17 avril 1916 Boutons en plomb fabriquĂ©s par un poilu Croix fabriquĂ©es par un poilu en 1916 Le 6 mars 1916, Louis a changĂ© de lieu de cantonnement il est alors basĂ© dans une batterie sur le front. Je suis toujours a gardĂ© ma batterie, câest toujours la mĂȘme chose⊠Il tombe tous les jours un peu de neige, nous sommes encore pas trop mal dans notre souterrain, les rats ne manquent pas trop ils nous mangent tout. » lettre du 6 mars 1916 La vie dans les tranchĂ©es est dure et encore plus en hiver. En plus des rats qui mangeaient les maigres provisions des soldats sâajoutait les poux, la faim, la boue qui sâinfiltrait partout et lâodeur des cadavres que lâon nâavait pu enterrĂ©s. En juin le voilĂ Ă surveiller un bois mais la bataille fait rage, dĂ©fense de quitter le bois » lettre du 1er juin 1916, il fait de longue garde afin de surveiller lâennemi. Toute fois au vue de ce quâil Ă©crit il ne doit pas se trouver au cĆur de la bataille. Au cours de ce mois il est affectĂ© Ă la construction de batteries qui ne servent parfois que 3 ou 4 jours » et qui peuvent atteindre plus de 200m pour 8 piĂšces dâartillerie et dâun souterrain Ă 3m en terre de profondeur, il y en a du travail Ă creuser et ce boyau fait 20m de long, nous en avons 4 ou 5 Ă faire comme ça et lâon peut en faire 2 Ă 3m par jour⊠» lettre du 19 juin 1916. Construction d'une batterie les rondins sont placĂ©s dessus et dessous dans l'ondulation des tĂŽles pour une meilleure protection [photographie de presse] / Agence Meurisse, BNF Durant lâhiver 1916-1917 le temps est froid, humide et pluvieux, les soldats ont de la boue jusquâaux genoux⊠nous ne ressemblons quâĂ de la boue » lettre du 24 fĂ©vrier 1917, le matĂ©riel sâenlise et parfois ils en perdent lors de leur dĂ©placement, la pluie et la neige rendant les routes et chemins impraticables. La neige tombĂ©e durant cet hiver lĂ bloquera jusquâĂ lâutilisation du matĂ©riel hier matin nos piĂšces ne paraissaient plus dans la neige car le vent lâavait emportĂ©e dans les trous et tout Ă©tait plein⊠» lettre du 9 mars 1917 Sans parler du brouillard qui empĂȘche la visibilitĂ© on ne voyait rien seulement Ă 500m devant soi » lettre du 9 mars 1917 Dâici la fin de la guerre Louis changera probablement de lieu et construira certainement encore des batteries. Durant tout le conflit Louis aura la chance, dans la majoritĂ© des cas, dâĂȘtre envoyĂ© dans des zones de combats plus ou moins calme ou Ă lâarriĂšre de la premiĂšre ligne. Son mĂ©tier semblait consister pour une grande partie Ă creuser des batteries et des souterrains. Contrairement Ă dâautre il aura la chance de revenir vivant de cet enfer, sans blessure mais non sans un certain traumatisme des horreurs quâil aura pu voir pendant ces 5 annĂ©es de guerre. ____________________________________________________________ Enfin la guerre est finie Le 11 novembre 1918 la guerre prend fin, lâarmistice est enfin signĂ©e. Les combats cesseront Ă 11h et pourtant des hommes continus Ă mourir sur le champ de bataille ou dans les hĂŽpitaux, on estime Ă environ 500 000 le nombre de soldats morts aprĂšs la guerre des suites de blessures ou de maladie. Au cours de ce conflit plus de 9 millions dâhommes, femmes et enfants mourront sans distinction de nationalitĂ©, de sexe ou dâĂąge soit, en autre, million de français, million dâallemands, 850 000 anglais, 114 000 amĂ©ricains, million de russes et million dâautrichiens et hongrois⊠En plus des morts, en Europe, au lendemain de la guerre, on compte environ 6,5 millions dâinvalides, dont prĂšs de 300 000 mutilĂ©s Ă 100 % aveugles, amputĂ©s d'une ou des deux jambes, des bras, et blessĂ©s de la face et/ou du crĂąne. L'emploi massif des tirs d'artillerie, des bombes, des grenades, associĂ© au phĂ©nomĂšne des tranchĂ©es oĂč la tĂȘte se trouve souvent la partie du corps la plus exposĂ©e ont multipliĂ© le nombre des blessĂ©s de la face et explique la gravitĂ© des blessures. Les progrĂšs de l'asepsie et les balbutiements de la chirurgie rĂ©paratrice permettront de maintenir en vie des blessĂ©s qui n'avaient aucune chance de survivre lors des conflits du 19Ăšme siĂšcle. ____________________________________________________________ Enfin le 15 fĂ©vrier 1919 Louis est mis en congĂ© illimitĂ© de dĂ©mobilisation et rattachĂ© comme 3Ăšme Ă©chelon au n°44 dĂ©pĂŽt dĂ©mobilisateur de la 51Ăšme artillerie. NâĂ©tant pas libĂ©rĂ© de lâarmĂ©e il est affectĂ© au 1er RĂ©giment dâArtillerie Coloniale le 10 aoĂ»t 1921 puis au 111Ăšme RĂ©giment dâArtillerie Coloniale le 1er mars 1924. Il faudra attendre le 10 novembre 1930 pour quâil soit libĂ©rĂ© de lâarmĂ©e et rendu entiĂšrement Ă la vie civile. ____________________________________________________________ Le 2Ăšme RĂ©giment dâArtillerie Coloniale 22Ăšme Batterie Ă pied - Du 6 au 28 aoĂ»t 1914 Brest - Du 28 aoĂ»t 1914 au 12 juin 1915 Havre - Du 14 juin 1915 au 17 aoĂ»t 1915 Belfort - Du 20 septembre 1915 au 23 fĂ©vrier 1916 LâAisne, rĂ©gion de Pontavert puis du Bois de Beaumarais - Du 25 fĂ©vrier au 29 juillet 1916 Verdun - Du 29 juillet au 30 dĂ©cembre 1916 dĂ©pĂŽt dâartillerie lourde Ă Lempire au Bois - Du 5 au 14 janvier 1917 Chapelle de Cormigny - Du 17 janvier au 19 avril 1917 Soissons - Du 20 avril au 24 novembre 1917 Ailette - Le 23 octobre 1917 attaque de Malmaison - Le 21 dĂ©cembre 1917 Coucy le ChĂąteau - Du 21 dĂ©cembre 1917 au 27 fĂ©vrier 1918 le Chemin des Dames - Du 10 juin au 31 juillet 1918 2Ăšme bataille de la Marne - Du 31 juillet au 11 novembre 1918 Bar sur Seine ____________________________________________________________ Tout au long de la guerre Louis ne cessera de prendre des nouvelles de sa famille et dâĂ©crire Ă sa femme comme Ă sa mĂšre, son frĂšre, son oncle ou des compagnons Ă©parpillĂ©s sur la ligne de front. Pourtant toutes ses lettres nâarriveront pas Ă leur destinataire soit parce quâelles se perdront et dâautres seront confisquĂ©es par la censure tu me dis que tu ne les reçois pas toutes. Je tâai pourtant Ă©cris le 8 et le 9 puisque je tâĂ©cris tous les jours mais il ne faut pas mettre grand-chose pour quâelles nâaillent pas » lettre du 23 octobre 1915. Dans ses nombreuses lettres on lit toute lâinquiĂ©tude quâil a pour sa famille, du travail dure que sa femme doit avoir aux champs, il semble se sentir coupable de ne pas ĂȘtre lĂ pour lâaider. tu me diras si les petits ont bon appĂ©tit et toi tu ne doit pas manquer de mal de tĂšte avec tout ça mais soit tranquille Ă mon sujet car je suis trĂšs bien pour le moment. » lettre du 19 juillet 1915 Il sait que les hommes et les domestiques sont devenus moins nombreux, dans une lettre du 29 dĂ©cembre 1914 il lui dit il ne faut pas trop le maltraiter, au contraire lui donner courage sar sâil nous laissait en plant que ferais tu. Tu sais que les domestiques sont rares⊠». Parrain va ĂȘtre bien embĂȘtĂ© sâil nâa point de valet, il ne doit guĂšre en avoir Ă gagĂ© dans le pays » lettre du 13 janvier 1916. Depuis le dĂ©but des hostilitĂ©s lâarriĂšre sâest organisĂ© pour soutenir au mieux les hommes partis se battre. Les femmes ont du remplacer les hommes dans bien des domaines comme les usines, les fermes, les commerces, lâadministration⊠il faut bien ramener de lâargent pour nourrir la famille. Quand les hommes rentreront elles abandonneront leur libertĂ© pour retourner Ă leur vie de femme au foyer comme si la guerre nâavait jamais existĂ©. Femmes travaillant dans une industrie de munitions durant la premiĂšre guerre mondiale, MusĂ©e ImpĂ©rial de la Guerre, Londres Il nâa, comme bien dâautres, que les photos pour se souvenir dâeux et supporter cette guerre. Hier soir jâai reçu tes photographies, ça mâa fait quelque chose quand je vous vois, faut pourtant pas compter se voir tout de suite car malheureusement cette guerre nâest pas fini Ă voir tout ça. » lettre du 30 mars 1915 Il nây a seulement pas une minute dans le jour que je ne songe pas Ă vous tous. » lettre du 29 mai 1916 Les quelques photos quâils emmĂšnent ou que leur famille leur envoie sont un moyen de ne pas oublier leur visage. Les hommes qui partent ne laissant derriĂšre eux personne Ă qui Ă©crire ou ceux coupĂ©s de tous liens avec leurs proches pour divers raisons pourront trouver en la personne de la marraine de guerre quelquâun Ă qui Ă©crire et se confier. Ces femmes leur apporteront un grand soutien, elles pourront mĂȘme leur envoyer des colis et Ă partir de 1916 les recevoir en permission, de ces Ă©changes naitront de vrai liens affectifs dont certains se solderont par un mariage aprĂšs la guerre. Afin de rassurer Louise il prĂ©cisera souvent quâil est en bonne santĂ© », quâil ne lâoubliera jamais et quâil lâa dĂ©sire ». Mais toutes les familles ne reçoivent pas forcĂ©ment des nouvelles rĂ©guliĂšres, certaines sont des semaines voir des mois sans nouvelles et un jour une lettre arrive de nouveau mais dans dâautres cas câest un acte de dĂ©cĂšs que les familles reçoivent. Il y a un frĂšre de un de mes camarades qui a Ă©tĂ© 3 mois sans Ă©crire, il le croyait aussi eux mort et il a Ă©crit lâautre jour, il y en a plusieurs comme ça⊠» lettre du 30 mars 1915 La mĂšre de Louis est sans nouvelles de son autre fils Pierre, elle doit ĂȘtre bien en chagrin⊠mais faut pas se dĂ©sespĂ©rer avant de voir peut ĂȘtre quâil est prisonnier ou quâil ne peut pas Ă©crire, il y en a bien dâautre que sont plus longtemps sans nouvelles et qui en reçoivent⊠» lettre du 31 mars 2015 Mais Pierre ne reviendra pas du front il sera tuĂ© en mars 1915 Ă Mesnil les Hurlus Ă lâĂąge de 27 ans. Pour les soldats le temps se fait long, leur famille leur manque tous les jours et les permissions sont rares. Louis nâen aura pas beaucoup durant les 4 ans quâil sera parti, il en parle rĂ©guliĂšrement dans ses lettres. Si jâavais eu seulement 4 jours de permission jâaurais pu en couper un peu. Je ne suis pas prĂȘt dây aller ⊠mais on dit que les premiers vont partir mercredi prochain 4 aoĂ»t, il doit en partir 3 tous les jours ça nâira pas vite sur 300 quâon est dans la batterie⊠Voila un an quâon a pas vu sa chĂšre petite famille sa nous semble un peu trop long » lettre du 29 juillet 1915. Le 13 aoĂ»t 1915 il ne sait toujours pas quand viendra son tour pour une permission. Le 16 octobre 1915 ce nâest pas encore mon tour jâirai sans doute aussi moi mais quand je nâen sais rien⊠». Le 13 janvier 1916 voilĂ bientĂŽt 18 mois » quâil nâa pas vu sa famille. Enfin Ă la fin fĂ©vrier ou dĂ©but mars 1916 il a eu sa permission, il a retrouvĂ© les siens mais pour peu de temps. A son retour il faudra attendre encore de nombreux mois pour revoir les siens. Les permissions sont rares et courtes, et les soldats qui retournent dans leur famille sont souvent dĂ©sagrĂ©ablement surpris Ă l'arriĂšre, on ne connaĂźt rien de leur vie au front. Les poilus s'emportent contre les embusquĂ©s », les planquĂ©s » qui sont parvenus Ă Ă©viter le combat par des intrigues. Je vois tout le monde sâhabituer Ă la guerre et il se moque pas mal de ceux qui y sont mais nous autres un ne sây habitue pas si facilement que ça. Je voudrais bien voir ceux qui en mettent tant dans leurs poches y venir faire un tour, ils ne craneraient pas tant comme ils le font en ce moment. Câest ce que je mâĂ©tais apperçu un peu en permission sur les raisonnements de plusieurs qui nâont aucun des leurs aux dangers, ils pensent en eux, la guerre peut durĂ©e pendant ce temps lĂ lâon vend tout moitiĂ© plus cher quâen temps de paix. » lettre du 6 mars 1916 quel chance tout de mĂȘme ceux qui sont restĂ©s ils ne pensent guĂšre aux autres⊠» lettre du 23 octobre 1916 Tout au long de cette guerre les soldats français ne mangeront pas forcĂ©ment Ă leur faim contrairement aux soldats britanniques mieux lotis de ce cotĂ©s lĂ . Tu me demandes si lâon est bien nourrit dans la ferme oĂč nous allons, il y a des jours pour ça il y a dâautres que câest maigre un peu, beaucoup de beurre Ă tous les repas et comme boissons de la boitte comme on fait chez nous, ça ne donne guĂšre de force le vin⊠» lettre du 30 mars 1915 Grace aux colis que leur famille leur feront parvenir, les petites douceurs de leur rĂ©gions amĂ©lioreront leur quotidien. Jâai reçu ton colis⊠il y avait du beurre et du pĂątĂ©, le beurre est encore bon mais le pĂątĂ© nâest pas fameux, il Ă©tait Ă moitiĂ© perduâŠQuand tu me renverras quelque chose, envoi moi du beurre câest ça qui se conserve le mieux et qui fait le plus de bĂ©nĂ©fice et quâon aime le mieux » lettre du 21 mars 1916. Les colis mettant plus ou moins longtemps Ă venir certaines des denrĂ©es pĂ©rissables nâĂ©taient plus comestibles une fois que Louis recevait ses colis. Louis tout au long de sa correspondance avec Louise lui rĂ©clamera du beurre car il semble cher sur le front jâen vois qui en achĂšte aux environs de 5fr la livre, il nâest pas bon marchĂ©. » lettre du 25 aoĂ»t 1916 Certains recevaient aussi des conserves ou des boites de biscuits et les colis Ă©taient parfois complĂ©tĂ©s de nĂ©cessaire de toilette ou de vĂȘtements comme des gilets de peau » et des chaussettes » lettre du 10 mai 1915 Sources divers Archives dĂ©partementales de Loire Atlantique Archives Nationales BibliothĂšque Nationale de France Tapuscrit Ăcole de lâArtillerie-transcription intĂ©grale- Franck MUNT AOR 66-2015- Historique du 2Ăšme RAC Correspondances de guerre dâun poilu entre sa femme et lui
Nousavons le plaisir de vous accompagner Ă la dĂ©couverte dâun parcours unique dans le Varilhes d'antan, Ă travers les seuls objets de mĂ©moire que nous ayons : des cartes postales des frĂšres Labouche, des Ă©diteurs Doumenc, APA et de nombreuses photographies nous relatent l'histoire urbaine Ă travers ses rues, ses avenues, ses places, et nous laissent
Je nâai pas lâhabitude de parler de choses aussi tristes, mais rĂ©cemment jâai Ă©coutĂ© en livre audio Un long dimanche de fiançailles ». Je nâavais vu que le film, qui avait fait un tabac lors de sa sortie en salle je nâavais pas rĂ©ellement accrochĂ© Ă lâĂ©poque, mais dont lâambiance et le fond du livres sont diffĂ©rents du le livre, on table beaucoup plus sur les correspondances entre soldats, les lettres de poilus, les lettres que Mathilde reçoit et envoie durant son enquĂȘte dans le but de retrouver son amoureux perdu Ă Bingo CrĂ©puscule⊠La lecture des acteurs sur un fond de violons assez tristes et des bruitages bien adaptĂ©s mâont plongĂ© dans une rĂ©flexion profonde sur cette premiĂšre guerre mondiale. Lorsquâon rĂ©flĂ©chit Ă notre mode de vie actuel, comparĂ© Ă celui des soldats dans les tranchĂ©es de la premiĂšre guerre mondiale, on ne peut quâen ĂȘtre attristĂ©, affligĂ©s et plus guerre est atroce, ce genre de guerre encore me suis donc penchĂ©, nostalgique sur le coup, sur ce que pouvait ressentir un PAPA, un MARI, UN FRĂRE ou un FILS. Loin des siens au front, sa famille en retrait languissant son retour autant que Ă quelques requĂȘtes sur Google, jâai lu et Ă©coutĂ© des lettres de soldats, de poilus, des rĂ©cits envoyĂ©es aux leurs, du dĂ©but de la guerre jusquâĂ la fin dans les tranchĂ©es, vivant dans des conditions de vies de plus en plus aux livres dâhistoire, aux articles des journaux ou des blogs parlant de cette triste pĂ©riode, ces lettres et rĂ©cits de poilus donnent le ton, le vĂ©cu, les sentiments, le courage, lâhĂ©roĂŻsme, la naĂŻvetĂ© de certains, les appels Ă lâaide ou encore le dĂ©sespoir des autres les mois passant, tout un panel de sentiments qui ont fait de ces soldats des lettres de poilus Ă Ă©couterâŠEn vidĂ©o, des tĂ©moignages de poilus sur leur vie passĂ©e dans les tranchĂ©esA lire des rĂ©cits de soldats, des lettres de poilus pendant la premiĂšre guerre mondialeDes lettres de poilus Ă Ă©couterâŠ> Une compilation de plusieurs lettres dâun pĂšre de famille envoyĂ© au front entre 1914 et 1915. Parti en guerre bardĂ© dâune humeur de champion, malaxĂ© par les propagandes anti-allemand dont le ton montre le dĂ©sespoir grandissant dans la vie des mois passĂ©s dans les tranchĂ©es, sous la pluie des obus et en compagnie des Plusieurs lettres Ă©parses du dĂ©but Ă la fin de la premiĂšre guerre mondiale, tristes et prenantes de vĂ©ritĂ©, Ă Ă©couter ! Ă sa Pauline par lâĂ©crivain du Grand Meaulnes qui sera portĂ© disparu au combat en septembre 1914. Il nâavait pas encore 28 ans.> 25 dĂ©cembre 1914. Le froid, les tranchĂ©es et une conversation de NoĂ«l qui sâinstalle de part et dâautre de la ligne de feu.> RĂ©cit dâun soldat, 12 aoĂ»t 1914. Ma chĂ©rie, Je ne peux exprimer combien je pense Ă toi. MalgrĂ© la longue distance qui nous sĂ©pare, jâai le sentiment de ne faire quâun avec toi ».En vidĂ©o, des tĂ©moignages de poilus sur leur vie passĂ©e dans les tranchĂ©esCela ne sâoublie pas, jây pense encore par moment⊠La nuitâŠÂ»A lâĂ©poque on Ă©tait jeune, on ne savait pasâŠÂ»Jâai perdu mes frĂšres, jâai perdu mes cousinsâŠÂ»A lire des rĂ©cits de soldats, des lettres de poilus pendant la premiĂšre guerre mondiale propos de l'auteur
4eme, 5eme Primaire Lecture - Compréhension - Lettre d'un poilu Lettre d'un poilu Le 3 août 1914, l'Allemagne déclare la guerre à la France. Tous espÚrent que les hostilités seront de courte durée mais le conflit se prolonge. Cette guerre moderne, pour laquelle on met au point de nouvelles armes redoutables, durera quatre ans et laissera derriÚre elle des
En ce centiĂšme anniversaire de lâarmistice de 1918, le thĂšme de la PremiĂšre Guerre mondiale semblait incontournable. Jâai choisi de lâaborder en reproduisant ci-dessous la lettre dâun poilu, le soldat Charles Guinant. RĂ©guliĂšrement, je la donne Ă lire Ă mes jeunes Ă©lĂšves mexicains avec celle du rĂ©sistant Guy MĂŽquet, rendue cĂ©lĂšbre par Sarkozy, quand je veux les sortir de leur apathie. Lâeffet est garanti et il arrive mĂȘme quâils versent une larme. Vue dâici, la guerre de 14-18 semble Ă des annĂ©es-lumiĂšre, un page dâhistoire lointaine et mal connue. Les Ă©tudiants prennent souvent ce rĂ©cit cru et sans ambages comme une gifle. La derniĂšre lettre du soldat Charles Guinant Verdun, Le 18 mars 1916, Ma chĂ©rie, Je tâĂ©cris pour te dire que je ne reviendrai pas de la guerre. Sâil te plaĂźt, ne pleure pas, sois forte. Le dernier assaut mâa coĂ»tĂ© mon pied gauche et ma blessure sâest infectĂ©e. Les mĂ©decins disent quâil ne me reste que quelques jours Ă vivre. Quand cette lettre te parviendra, je serai peut-ĂȘtre dĂ©jĂ mort. Je vais te raconter comment jâai Ă©tĂ© blessĂ©. Il y a trois jours, nos gĂ©nĂ©raux nous ont ordonnĂ© dâattaquer. Ce fut une boucherie absolument inutile. Au dĂ©but, nous Ă©tions vingt mille. AprĂšs avoir passĂ© les barbelĂ©s, nous nâĂ©tions plus que quinze mille environ. Câest Ă ce moment-lĂ que je fus touchĂ©. Un obus tomba pas trĂšs loin de moi et un morceau mâarracha le pied gauche. Je perdis connaissance et je ne me rĂ©veillai quâun jour plus tard, dans une tente dâinfirmerie. Plus tard, jâappris que parmi les vingt mille soldats qui Ă©taient partis Ă lâassaut, seuls cinq mille avaient pu survivre grĂące Ă un repli demandĂ© par le GĂ©nĂ©ral PĂ©tain. Dans ta derniĂšre lettre, tu mâas dit que tu Ă©tais enceinte depuis ma permission dâil y a deux mois. Quand notre enfant naĂźtra, tu lui diras que son pĂšre est mort en hĂ©ros pour la France. Et surtout, fais en sorte Ă ce quâil nâaille jamais dans lâarmĂ©e pour quâil ne meure pas bĂȘtement comme moi. Je tâaime, jâespĂšre quâon se reverra dans un autre monde, je te remercie pour tous les merveilleux moments que tu mâas fait passer, je tâaimerai toujours. Adieu Soldat Charles Guinant Lâimminence de la mort Ce qui me frappe le plus dans cette lettre est lâapparente sĂ©rĂ©nitĂ© avec laquelle le soldat Guinant raconte les Ă©vĂ©nements qui ont conduit Ă sa blessure et le condamnent Ă une mort imminente. Il sait quâil nâa plus que quelques jours Ă vivre et va droit au but, sans fioriture, pour faire ses adieux Ă celle quâil aime et Ă son enfant Ă naĂźtre. PrĂšs de deux annĂ©es de combats Ă©pouvantables marquĂ©s par des pertes humaines considĂ©rables expliquent sans doute le courage dont il fait preuve. Dans un tel contexte, la perspective de sa propre mort ne pouvait ĂȘtre repoussĂ©e dans un coin de sa conscience. Jâen profite pour reproduire ci-dessus une photo qui figurait dans lâun de mes livres dâhistoire et qui illustre bien lâhorreur de la guerre. Elle mâa toujours fascinĂ©. Lâobjectif a figĂ© le moment prĂ©cis, durant lâassaut, oĂč un fantassin français est stoppĂ© net dans son Ă©lan par un projectile. Peut-ĂȘtre lâinstant exact entre vie et trĂ©pas. En arriĂšre-plan de ce dĂ©cor apocalyptique, dâautres soldats courent entre les balles pour sauver leur peau qui ne vaut plus trĂšs cher. LâinĂ©luctabilitĂ© de la mort Pour nous qui vivons en temps de paix et dans un environnement relativement sĂ»r, la mort est loin dâĂȘtre aussi omniprĂ©sente que dans les tranchĂ©es de 1914-1918. Il est plus facile dâoublier quâelle nous attend au tournant et câest ce que lâon sâefforce de faire gĂ©nĂ©ralement. Et pourtant, nous sommes tous en train de mourir. Chaque jour qui passe nous rapproche un peu plus de notre dernier souffle, quel que soit le temps qui nous en sĂ©pare. Si la mort nâest pas forcĂ©ment imminente, elle nâen est pas moins inĂ©luctable. Dans le cadre de la pratique bouddhiste, nous sommes invitĂ©s Ă faire face Ă la perspective de notre propre mort. Pas par masochisme, mais parce que la prise de conscience du caractĂšre Ă©phĂ©mĂšre de la vie peut nous aider Ă lâorienter de façon plus bĂ©nĂ©fique. Vivre mieux pour mourir mieux, en quelque sorte. Puisse le soldat Charles Guinant avoir vĂ©cu ses derniers instants sereinement. FrĂ©dĂ©ric PS Si le thĂšme de la PremiĂšre Guerre mondiale vous intĂ©resse, je vous recommande de consulter les carnets de guerre de FrĂ©dĂ©ric B. mon alter ego ? que des Ă©lĂšves du LycĂ©e ClĂ©mence Royer de Fonsorbes ont retranscrits sous forme de blog. Une belle initiative qui permet de redonner vie Ă ce jeune homme parti au front Ă 18 ans.
Lettred'un poilu. Je t'ai promis, presque solennellement, de te dire la vĂ©ritĂ© ; je vais m'exĂ©cuter, mais en revanche tu m'as donnĂ© l'assurance que tu aurais les nerfs solides et le coeur ferme. Je suis depuis ce matin dans des tranchĂ©es conquises depuis 2 jours, l'ensemble de ces tranchĂ©es et boyaux forme un vĂ©ritable "labyrinthe", oĂč
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DansâLa Grande Guerre (1914- 1918) : tĂ©moignage de la vie quotidienne dâun poiluâ, Michel Le Goff a compilĂ© les lettres d'HervĂ©
Objectifs 1/ Je lis des lettres de Poilus 2/ Jâapprends Ă percevoir lâironie dans un texte Quâest-ce quâun âpoiluâ ?Le terme âpoiluâ dĂ©signe tous les soldats français qui ont combattu lors de la PremiĂšre Guerre Mondiale de 14-18. Les conditions de combat atroces des poilus, notamment dans les tranchĂ©es, face aux soldats allemands, ont marquĂ© les esprits. Quâest-ce que lâironie ? Lâironie est une figure de style par laquelle on dit le contraire de ce que lâon pense rĂ©ellement, afin de se moquer. Extrait dâune lettre de Pierre Rullier 26 juillet 1915 Jâai vu de beaux spectacles ! Dâabord les tranchĂ©es de Boches1 dĂ©foncĂ©es par notre artillerie malgrĂ© le ciment et les centaines de sacs de terre empilĂ©s les uns au-dessus des autres ; ça câest intĂ©ressant. Mais ce qui lâest moins, ce sont les cadavres Ă moitiĂ© enterrĂ©s montrant, qui un pied, qui une tĂȘte ; dâautres, enterrĂ©s, sont dĂ©couverts en creusant les boyaux. Que câest intĂ©ressant la guerre ! On peut ĂȘtre fier de la civilisation ! »1. Surnom donnĂ© aux Allemands durant la PremiĂšre Guerre Mondiale Quelques pistes de lecture ⊠En quoi cet extrait dâune lettre de poilu est-il ironique ? Citez des phrases ironiques. Extrait dâune lettre censurĂ©e du soldat Albert Cazes 1917 Câest Ă rendre imbĂ©cile, câest laid, câest odieux, nous nous terrons comme des bĂȘtes traquĂ©es, et les jours succĂšdent aux jours, tristement, dans la crasse, les poux et la puanteur. Je vous assure que quelques mois de ce dur mĂ©tier sont plus que suffisants pour abrutir un homme. » Quelques pistes de lecture ⊠Diriez-vous quâAlbert Cazes critique la guerre de maniĂšre violente ? Ătes-vous dâaccord avec lui ? Lettre de Pierre Ă sa femme Edith 22 septembre 1916 Ma chĂšre Ădith,La vie ici est trĂšs dure. Dans les tranchĂ©es, lâodeur de la mort rĂšgne. Les rats nous envahissent, les parasites nous rongent la peau ; nous vivons dans la boue, elle nous envahit, nous ralentit et arrache nos grolles. Le froid se rajoute Ă ces supplices. Ce vent glacial qui nous gĂšle les os, il nous poursuit chaque jour. La nuit, il nous est impossible de dormir. Ătre prĂȘt, Ă chaque instant, prĂȘt Ă attaquer, prĂȘt Ă tuer. Tuer, ceci est le maĂźtre-mot de notre histoire. Ils nous rĂ©pĂštent quâil faut tuer pour survivre, je dirais plutĂŽt vivre pour tuer. Câest comme cela que je vis chaque minute de cet enfer. Sans hygiĂšne. Sans repos. Sans joie. Sans nâest rien comparĂ© au trou morbide oĂč ils nous envoient. Sur le champ de bataille, on ne trouve que des cadavres, des pauvres soldats pourrissant sur la terre imprĂ©gnĂ©e de sang. Les obus, les mines, dĂ©truisent tout sur leur passage. Arbres, maisons, et le peu de vĂ©gĂ©tation quâil reste. Tout est en ruine. Lâodeur des charniers, le bruit des canons, les cris des soldats⊠LâatmosphĂšre qui rĂšgne sur ce champ de carnage terroriserait un gosse pour toute sa vie. Elle nous terrorise je suis montĂ© au front. Ils mâont touchĂ© Ă la jambe. Je tâĂ©cris cette lettre alors que je devrais ĂȘtre aux cĂŽtĂ©s des autres, Ă me battre pour ma patrie. Notre patrie, elle ne nous aide pas vraiment. Ils nous envoient massacrer des hommes, alors quâeux, ils restent assis dans leurs bureaux ; mais en rĂ©alitĂ©, je suis sĂ»r quâils sont morts de ! Ce que jâaimerais recevoir une lettre. Cette lettre, celle quâon attend tous, pouvoir revenir en permission. Ce que jâaimerais te revoir, ma chĂšre Ă©pouse ! Retrouver un peu de confort, passer du temps avec notre petit garçon⊠Est-ce que tout le monde va bien ? Ne pensez pas Ă toutes ces horreurs. Je ne veux pas que vous subissiez cela par ma faute. Prends bien soin de toi, de notre fils, et de mes parents. Et, mĂȘme si je ne reviens pas, je veillerai toujours sur toi. Je pense Ă vous tous les jours, et la seule force qui me permet encore de survivre, câest de savoir que jâai une famille qui mâattend, Ă la ĂȘtre Ă vos cĂŽtĂ©s trĂšs prochainement, Ă bientĂŽt ma belle Ădith, je tâ Quelques pistes de lecture ⊠1 â Lisez le premier paragraphe. Quel genre de vie Pierre mĂšne t-il dans les tranchĂ©es ? 2 â Lisez les deuxiĂšme et troisiĂšme paragraphes. A votre avis, quelle est lâopinion de Pierre sur la guerre ? Regardez cette vidĂ©o du Youtubeur Mamytwink et rĂ©pondez aux questions ci-dessous 1 â Ă quelle occasion les Français et les Allemands ont-il fait une trĂȘve ? Pourquoi ? 2 â La guerre a t-elle continuĂ© aprĂšs cette trĂȘve de NoĂ«l ? A t-elle fait beaucoup de morts ? Travail dâĂ©criture Consignes A votre tour de rĂ©diger une lettre de poilu pour tĂ©moigner de la guerre. Cette lettre pourra ĂȘtre adressĂ©e Ă un membre de votre famille, Ă un ami, etc. Pour cela, vous devez vous inspirer des lettres vues ci-dessus. Vous pouvez au choix Ăcrire cette lettre sur du papier jauni pour faire ancienEcrire cette lettre directement dans le formulaire de rĂ©ponse Lettre Ă©crite par FloraĂ mon amour Je tâĂ©cris cette lettre sĂ»rement la derniĂšreIci câest dur de ne pas perdre le quand je pense Ă toi je me dis que ça vaut la peine de se battre pour vivre. VoilĂ pourquoi je me bats je me bats pour toi. Pour ton visage âŠPourrais-je encore voir ton visage, ton sourire, tes yeux ?Pourrais-je encore te toucher ou passer la nuit sous tes draps ?Câest si difficile ! Je vois mes camarades mourir sous mes yeux .Une bombe a explosĂ© et jâai vu un morceau de main atterrir Ă mes pieds. Câest horrible ! cette guerre finira t-elle ? Je nâen peux est-ce que je me bats ? Je ne sais plus. Je ne sais pas. Cela fait si longtemps que je me Ă lâheure, jâai vu une balle passer Ă cĂŽtĂ© de mon oreille. Jâai bien cru que je ne pourrai pas tâĂ©crire ces mots doux avant de voir la mort, brusque et sauvage, me prendre un de ces ne tâinquiĂšte pas je survivrais pour tâĂ©crire encore une lettre. Celle-ci jâai pu te lâĂ©crire car je suis de garde de nuit .Je ne sais pas si je vivrai assez pour pouvoir te revoir, mais mĂȘme si je meurs sache que mon amour indĂ©lĂ©bile pour toi restera Ă jamais gravĂ© dans mon coeur. Si je survis Ă cette guerre, je ne serais plus jamais le mĂȘme une partie de moi restera en guerre Ă que cette lettre te parviendra .Ton amour. Lettre Ă©crite par tyron Bonjour Anne, Je tâĂ©cris cette lettre qui sera la derniĂšre, du moins, je pense⊠Ici, ça ne va vraiment pas. Actuellement, il ne nous reste que quelques soldats, et 2000 soldats adverses sont contre nous. Il faudrait vraiment un miracle pour que nous sortions vivants du champ de bataille. Je prends le temps dâĂ©crire cette lettre, car jâai besoin de savoir comment les enfants et toi, vous vous portez. Dis-leur que je pense Ă eux tous les jours. Ici, nous sommes en crise. Nous nâavons presque plus de nourriture, dâeau.. etc. Les Allemands ont dĂ©cidĂ©, hier, de mettre 5 000 soldats contre nous et nous allons ĂȘtre renforcĂ©s avec 3 000 hommes pour les affronter. MalgrĂ© la situation, jâai confiance ! Il nous reste des alliĂ©s puissants. Je donnerai tout pour te toucher, pour sentir ton odeur, entendre ta voix ou tout simplement te voir une derniĂšre fois. Ici, jâai des sensations bizarres. Par exemple, lorsque des bombes atterrissent sous mes yeux, que des balles mâeffleurent, je me dis que la chance est avec moi ! Sache que je tâaime et que si tu ne reçois plus de lettre, câest que je suis parti rejoindre mes ancĂȘtres ! Je me bats pour vous, pour le peuple et pour le monde. Je me bats pour la paix. Paix quâils nâont pas pu trouver par un simple accord. Jâessaye de garder le sourire, malgrĂ© les personnes que jâai dĂ» tuer, un peu plus de 300 hommes. JâespĂšre que tu recevras cette lettre, car jâai pris du temps Ă lâĂ©crire. Avec tout mon amour, Au revoir Anne !
rajouteĂ ces supplices. Ce vent glacial qui nous gĂšle les os, il nous poursuit chaque jour. La nuit, il nous est impossible de dormir. Ătre prĂȘt, Ă chaque instant, prĂȘt Ă attaquer, prĂȘt Ă tuer. Tuer, ceci est le maĂźtre-mot de notre histoire. Ils nous rĂ©pĂštent quâil faut tuer pour survivre, je dirais plutĂŽt vivre pour tuer. C
ï»ż"La sentence est tombĂ©e je vais ĂȘtre fusillĂ© pour l'exemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus d'obtempĂ©rer."Le 30 mai 1917LĂ©onie chĂ©rie,J'ai confiĂ© cette derniĂšre lettre Ă des mains amies en espĂ©rant qu'elle t'arrive un jour afin que tu saches la vĂ©ritĂ© et parce que je veux aujourd'hui tĂ©moigner de l'horreur de cette nous sommes arrivĂ©s ici, la plaine Ă©tait magnifique. Aujourd'hui, les rives de l'Aisne ressemblent au pays de la mort. La terre est bouleversĂ©e, brĂ»lĂ©e. Le paysage n'est plus que champ de ruines. Nous sommes dans les tranchĂ©es de premiĂšre ligne. En plus des balles, des bombes, des barbelĂ©s, c'est la guerre des mines avec la perspective de sauter Ă tout moment. Nous sommes sales, nos frusques sont en lambeaux. Nous pataugeons dans la boue, une boue de glaise, Ă©paisse, collante dont il est impossible de se dĂ©barrasser. Les tranchĂ©es s'Ă©croulent sous les obus et mettent Ă jour des corps, des ossements et des crĂąnes, l'odeur est manque l'eau, les latrines, la soupe. Nous sommes mal ravitaillĂ©s, la galetouse est bien vide ! Un seul repas de nuit et qui arrive froid Ă cause de la longueur des boyaux Ă parcourir. Nous n'avons mĂȘme plus de sĂšches pour nous rĂ©conforter parfois encore un peu de jus et une rasade de casse-pattes pour nous partons au combat l'Ă©pingle Ă chapeau au fusil. Il est difficile de se mouvoir, coiffĂ©s d'un casque en tĂŽle d'acier lourd et incommode mais qui protĂšge des ricochets et encombrĂ©s de tout l'attirail contre les gaz asphyxiants. Nous avons participĂ© Ă des offensives Ă outrance qui ont toutes Ă©chouĂ© sur des montagnes de cadavres. Ces incessants combats nous ont laissĂ© extĂ©nuĂ©s et dĂ©sespĂ©rĂ©s. Les malheureux estropiĂ©s que le monde va regarder d'un air dĂ©daigneux Ă leur retour, auront-ils seulement droit Ă la petite croix de guerre pour les dĂ©dommager d'un bras, d'une jambe en moins ? Cette guerre nous apparaĂźt Ă tous comme une infĂąme et inutile 16 avril, le gĂ©nĂ©ral Nivelle a lancĂ© une nouvelle attaque au Chemin des Dames. Ce fut un Ă©chec, un dĂ©sastre ! Partout des morts ! Lorsque j'avançais les sentiments n'existaient plus, la peur, l'amour, plus rien n'avait de sens. Il importait juste d'aller de l'avant, de courir, de tirer et partout les soldats tombaient en hurlant de douleur. Les pentes d'accĂšs boisĂ©es, Ă©taient rudes .Perdu dans le brouillard, le fusil Ă l'Ă©paule j'errais, la sueur dĂ©goulinant dans mon dos. Le champ de bataille me donnait la nausĂ©e. Un vrai charnier s'Ă©tendait Ă mes pieds. J'ai descendu la butte en enjambant les corps dĂ©sarticulĂ©s, une haine terrible s'emparant de assaut a semĂ© le trouble chez tous les poilus et forcĂ© notre dĂ©sillusion. Depuis, on ne supporte plus les sacrifices inutiles, les mensonges de l'Ă©tat major. Tous les combattants dĂ©sespĂšrent de l'existence, beaucoup ont dĂ©sertĂ© et personne ne veut plus marcher. Des tracts circulent pour nous inciter Ă dĂ©poser les armes. La semaine derniĂšre, le rĂ©giment entier n'a pas voulu sortir une nouvelle fois de la tranchĂ©e, nous avons refusĂ© de continuer Ă attaquer mais pas de nos officiers ont Ă©tĂ© chargĂ©s de nous juger. J'ai Ă©tĂ© condamnĂ© Ă passer en conseil de guerre exceptionnel, sans aucun recours possible. La sentence est tombĂ©e je vais ĂȘtre fusillĂ© pour l'exemple, demain, avec six de mes camarades, pour refus d'obtempĂ©rer. En nous exĂ©cutant, nos supĂ©rieurs ont pour objectif d'aider les combattants Ă retrouver le goĂ»t de l'obĂ©issance, je ne crois pas qu'ils y LĂ©onie chĂ©rie que je ne suis pas coupable mais victime d'une justice expĂ©ditive ? Je vais finir dans la fosse commune des morts honteux, oubliĂ©s de l'histoire. Je ne mourrai pas au front mais les yeux bandĂ©s, Ă l'aube, agenouillĂ© devant le peloton d'exĂ©cution. Je regrette tant ma LĂ©onie la douleur et la honte que ma triste fin va t' si difficile de savoir que je ne te reverrai plus et que ma fille grandira sans moi. Concevoir cette enfant avant mon dĂ©part au combat Ă©tait une si douce et si jolie folie mais aujourd'hui, vous laisser seules toutes les deux me brise le cĆur. Je vous demande pardon mes anges de vous mon amour de taire Ă ma petite Jeanne les circonstances exactes de ma disparition. Dis-lui que son pĂšre est tombĂ© en hĂ©ros sur le champ de bataille, parle-lui de la bravoure et la vaillance des soldats et si un jour, la mĂ©moire des poilus fusillĂ©s pour l'exemple est rĂ©habilitĂ©e, mais je n'y crois guĂšre, alors seulement, et si tu le juges nĂ©cessaire, montre-lui cette doutez jamais toutes les deux de mon honneur et de mon courage car la France nous a trahi et la France va nous aussi ma douce LĂ©onie, lorsque le temps aura lissĂ© ta douleur, de ne pas renoncer Ă ĂȘtre heureuse, de continuer Ă sourire Ă la vie, ma mort sera ainsi moins cruelle. Je vous souhaite Ă toutes les deux, mes petites femmes, tout le bonheur que vous mĂ©ritez et que je ne pourrai pas vous donner. Je vous embrasse, le cĆur au bord des larmes. Vos merveilleux visages, gravĂ©s dans ma mĂ©moire, seront mon dernier rĂ©confort avant la ton mari qui t'aime tant.publiĂ©e par LR Leucart sur Facebook
Lettred'un Poilu Ă sa femme : « C'Ă©tait le jour de NoĂ«l, jour de fĂȘte, et ils demandaient qu'on ne tire aucun coup de fusil pendant le jour et la nuit ». - Des Lettres - Des Lettres Il y a prĂšs dâun siĂšcle, câest dans les tranchĂ©es que
Vous nâavez pas pu et ne pourrez pas y Ă©chapper, dans quelques jours, nous fĂȘterons le centenaire de lâarmistice de 1918, un siĂšcle que cette boucherie atroce a cessĂ©, sans empĂȘcher, malheureusement, dâautres conflits dâapparaĂźtre ensuite, et dâaugmenter encore le nombre des morts. Nous aurons droit, une fois encore, Ă toutes ces images de tranchĂ©es, dâobus qui explosent, de gueules cassĂ©es, de sang et de larmes. Nous aurons droit Ă ces commentaires lancinants, touchants, chargĂ©s de tristesse ou dâespoir⊠Le seul moyen de survivre au milieu du chaos, de ne pas sombrer dans lâhorreur de la mort, de lâodeur des cadavres, du froid, de la pluie, de la faim et de la peur, câĂ©tait de prendre un crayon et un feuillet de papier et de sâĂ©chapper, dâaller rejoindre par la pensĂ©e, Ă lâautre bout du fil des mots, celle quâon aimait. Oui, sâil existe un havre dâamour, câest bien dans ces millions de lettres que tous ces hommes ont envoyĂ©es Ă leur femme, leur mĂšre, leur sĆur ou leur fiancĂ©e. Ămile Sauvage faisait partie de ceux-lĂ . NĂ© Ă Caderousse puis habitant Ă Sorgues, en Vaucluse, il a dâabord Ă©tĂ© ingĂ©nieur, ce qui Ă 30 ans passĂ©s, lui avait permis de voyager, au Maghreb, entre autres, de voir le monde, dâautres cultures. Il est parti comme beaucoup en aoĂ»t 1914, lui, câĂ©tait Ă Avignon, pour un regroupement sur la cĂŽte, Ă Beaulieu, ce qui lui fera dire Ă sa femme Il ne me manque que toi, Clairette ! Si tu Ă©tais lĂ , nous tirerions deux fauteuils lâun contre lâautre et, bien moelleusement assis, nous causerions de toutes les jolies choses que nous aimons. » Ămile Sauvage va, bien entendu, se rapprocher du front, doucement, car grĂące Ă son Ăąge, il nâest pas en premiĂšre ligne dĂšs le dĂ©part. Cela lui laissera le temps dâenvoyer 150 lettres Ă Clairette, quâil signera Ton Moumouye ». Il lâaidera Ă gĂ©rer la ferme familiale, choisir les semailles Il ne faut pas semer des Ă©pinards dans lâaire, câest une terre trop maigre. Le lĂ©gume ne fera rien. Il faut au contraire semer dans le jardin entre les lignes de millet et il faudra mettre beaucoup de fumier dans le jardin. », lâaider Ă prĂ©parer sa grossesse. Il la plaindra, elle qui reste lĂ , Ă tout faire seule, alors que pour lui⊠tout va bien⊠Je mâhabille bien et nâai pas froid. Nous sommes trĂšs bien nourris, la table est toujours garnie comme pour les jours de fĂȘte. ». Il minimisait le danger, se jouant des situations Ce vacarme inquiĂ©tait les Allemands qui envoyaient des fusĂ©es Ă©clairantes et nous avons assistĂ© Ă un vĂ©ritable feu dâartifice. CâĂ©tait trĂšs joli Ă voir et pas dangereux du tout. » Il comparera les modes de cultures entre la Champagne et la Provence, ouvrant toujours ses mots vers un avenir meilleur, un aprĂšs⊠Par-dessus tout, il lui Ă©crira des lettres dâamour, toutes plus tendres et enflammĂ©es les unes que les autres. Je suis fou, Clairette, fou de bonheur et dâespoir. Quelque chose chante dans mon cĆur. Il me semble que ta lĂšvre effleure la mienne, que ton corps glisse dans mes bras. » Alors, vois-tu, plus je vais et plus je suis amoureux de toi, et il me semble de ton cĂŽtĂ© que câest la mĂȘme chose et que nous nous aimerons de plus en plus Ă mesure que nous vieillirons. Est-ce que tu ne rĂȘves pas de moi quelquefois ? Il ne te semble pas la nuit que je suis Ă cĂŽtĂ© de toi, que je te serre bien fort, que nos deux cĆurs se frĂŽlent. Je ne sais pas ce que je ferai pour te faire plaisir, ni quelle caresse je pourrai te donner pour te caresser plus encore. » Et quand il terminera ses lettres ainsi, on comprendra combien le lien dâamour est le seul qui les garde en vie et ne fait pas vaciller sa raison Quand tu mâĂ©criras, dis-moi un peu des choses amoureuses et alors je prendrai ton portrait dâune main et ta lettre de lâautre et il me semblera que je te fais la cour. Maintenant je vais mâendormir en pensant Ă toi, le joli rĂȘve que je vais faire ! Que de bĂ©cots je vais te faire toute la nuit ! Papa Moumouye. » Il y aurait tant Ă dire sur ce recueil de lettres⊠tant dâĂ©motion, tant dâamour, tant de tendresse. Lorsque vous ouvrirez Lettres du Front, vous lirez Ămile Sauvage sur la couverture. Peut-ĂȘtre quâen le refermant, il sera devenu Ămile, cet aĂŻeul que nous avons tous perdu dans les tranchĂ©es. Dominique Lin Lettres du Front, nouvelle Ă©dition augmentĂ©e 2018, collection MĂ©moires premiĂšres lettres en ligne, cliquer ici ISBN 978-2-911137-63-1 â 160 pages, format 210 X 240 mm Pour les plus jeunes, nous vous conseillons, dans la collection Ă©lan J, Grand-pĂšre Ă©tait dragon, de Denise DĂ©jean, illustrĂ© par Nathalie Desperches Boukhatem. RĂ©sumĂ© En arrivant en cours dâannĂ©e dans sa nouvelle Ă©cole, Jean est intimidĂ©. Il bĂ©gaie et les autres se moquent de lui. Câest en faisant un devoir donnĂ© par Babette, son institutrice, que lâenfant dĂ©couvre quâun de ses arriĂšre-grands-pĂšres Ă©tait⊠dragon. ISBN 978-2-911137-62-4. 32 pages quadri - 10 ⏠Chronique prĂ©cĂ©dente Des pissenlits sur ma tombe, Jean-Philippe Chabrillangeas, Ă©d. Elan Sud
Textedâamour 1 : Mon amour, Je pense Ă toi tout le temps. JâespĂšre que tu sais Ă quel point je tâaime et Ă quel point tu me combles chaque jour de bonheur. Tu es la plus belle personne que je connaisse. Tu as un cĆur dâor et une gĂ©nĂ©rositĂ©
Quel bonheur si la Paix pouvait se signer et que nous soyons enfin rĂ©unis pour toujours. Plus de dĂ©part et rester si longtemps loin lâun de lâautre. Le petit mami se porte toujours bien il a lâair de vouloir bien profiter quoique il soit frĂȘle lui aussi. Le temps me dure bien de te voir tranquille ici. Zizou vient de me dire de tâĂ©crire de venir vite car tu es trop mal lĂ bas. Mais je puis faire payer les frais de la sage femme, je nây manquerai pas ; on nâa pas fait tant dâhistoire pour te faire trotter donc ils peuvent bien payer. Elle a Ă©coutĂ© les femmes qui bavardaient. Alors elle est vite venue dire Ă ma mĂšre quâil y avait du sucre chez Panel. Je crois que nous sommes brouillĂ©s avec la pluie. Câest sans doute que nous en avons besoin, la pluie fait comme le reste elle se plait Ă la malfaisance. Nous sommes bien contents de cette pluie mais tout est grillĂ©. La vigne semble jolie tout de mĂȘme. Ta derniĂšre lettre faisait prĂ©voir que tu avais un bien vilain moment Ă traverser. Il me tarde de savoir comment que tu auras pu tâen tirer. Il me tarde de te lire pour savoir comment tu auras pu te ranger. Comme tu as du en voir tout de mĂȘme. Je ne cesse de penser Ă toi. Et je ne sais quâimaginer. Mes doigts vont mieux. Les crevasses ont passĂ©. Mais ça mâa bien gĂȘnĂ©e. Mon pied va mieux mais mon bas sâest collĂ© car ça coule toujours, ça fait comme des brĂ»lures.
sq4l. 8xg34r03h5.pages.dev/1498xg34r03h5.pages.dev/4138xg34r03h5.pages.dev/3878xg34r03h5.pages.dev/5578xg34r03h5.pages.dev/1198xg34r03h5.pages.dev/9788xg34r03h5.pages.dev/4508xg34r03h5.pages.dev/4438xg34r03h5.pages.dev/4478xg34r03h5.pages.dev/9978xg34r03h5.pages.dev/8778xg34r03h5.pages.dev/8018xg34r03h5.pages.dev/2568xg34r03h5.pages.dev/7768xg34r03h5.pages.dev/748
lettre d un poilu Ă sa femme